jeudi 21 décembre 2017

DEFENDERS #8, de Brian Michael Bendis et David Marquez avec Mike Avon Oeming


Alors que Marvel a annoncé l'annulation de la série au numéro 10, avec le départ de Brian Michael Bendis, cet épisode prend évidemment un relief supplémentaire puisque lecteur n'est plus qu'à deux marches de la fin. Nous verrons si le dénouement ne souffre pas de cet arrêt programmé, mais en attendant, concentrons-nous sur le présent.


Diamondback rencontre Titania, Moonstone et le Fixer pour leur raconter dans quelles circonstances il a fait pour la première fois connaissance avec Wilson Fisk, le Caïd, lorsque ce dernier a assassiné Don Rigoletto. Depuis de jour-là, il a compris que pour conquérir le pouvoir il faut aussi bien connaître ses complices que ses ennemis : il leur propose donc une alliance contre la peau des Defenders.


Cependant les quatre héros ont livré le Punisher à la police grâce à l'intervention de Deadpool, employé par Jessica Jones pour couvrir leurs arrières. Mais le groupe, trop méfiant envers ce mercenaire imprévisible, préfère le congédier à présent.


La crise qui traverse les Defenders ne cesse pourtant pas car Luke Cage, Jessica Jones et Iron Fist ne font guère plus confiance à Daredevil dont il ignore la véritable identité. Il accepte alors de se démasquer et ses trois acolytes découvrent qu'il est Matt Murdock, leur avocat à tous.


Selon le justicier aveugle, le Punisher n'a pas cherché à l'assassiner mais à l'espionner pour supprimer les prétendants au trône du Caïd. En en débattant autour de sandwiches, Luke Cage trouve dans le sien un message l'informant de la présence en ville de Parker Robbins, autrement dit...


... The Hood ! Tandis que la police apprend que Black Cat a disparu de sa chambre d'hôpital (où elle se remettait des blessures par balles infligées par Diamondback), le malfrat surgit dans la morgue et ressuscite Hammerhead grâce à une pierre des Nornes d'Asgard (que lui avait offert Loki autrefois). Il annonce alors au revenant qu'il s'autoproclame nouveau roi du crime organisé de New York et compte sur lui pour le faire savoir...

Depuis le début de la série, Brian Michael Bendis a privilégié l'action tout en développant minutieusement une intrigue s'articulant autour de la succession de Wilson Fisk comme Caïd - ce dernier visant l'accession à la mairie, sans renoncer à son influence sur les bas-fonds puisque Diamondback est son complice à ce niveau. Les Defenders, d'un côté, et Black Cat, de l'autre, jouaient le rôle de trouble-fête dans cette partie souterraine : les premiers voulant neutraliser Diamondback (qui détient grâce à Fisk plusieurs de leurs secrets), la seconde en ambitionnant d'être calife à la place du calife.

En chemin, l'histoire a été traversé par des invités comme autant de fausses pistes (la plus notable étant Elektra). Le scénariste sur le départ pour DC Comics savait que son run s'achèverait au dixième épisode, sans savoir que Marvel arrêterait la série en même temps : à ce stade de l'histoire, dans la dernière ligne droite du second arc narratif, il est temps de rassembler les éléments pour préparer le dénouement.

Compte tenu de tout cela, cet épisode est le plus "Bendisien" de la série, au sens où ses détracteurs le désigneraient, c'est-à-dire qu'il est le plus riche en dialogue et le plus pauvre en action (après le #7 qui offrait un mémorable combat entre Iron Fist et Elektra). L'auteur devait notamment composer avec un élément qu'il n'avait pas choisi, le rétablissement de l'identité secrète de Daredevil (thème central de son long passage sur la série dédiée au héros), restauré depuis Secret Wars. Cela plaçait le personnage en porte-à-faux vis-à-vis de ses co-équipiers qui se connaissaient tous dans le civil (Luke et Jessica ne portant pas de masque savait qu'Iron Fist était Danny Rand du fait de sa relation amicale de longue date avec Cage).

Avec le retour à son costume rouge, l'outing de Daredevil corrige tout cela une bonne fois pour toutes (en tout cas, dans le cadre de ce titre puisque les intimes de Matt Murdock continuent de tout ignorer). Deadpool, dont la participation a introduit une dose de folie bien gérée, et le Punisher sortent également à leur tour de la partie - avant une surprise de taille dans le prochain épisode...

C'est donc dans une ambiance de mise au point que David Marquez doit évoluer mais le dessinateur continue d'offrir une prestation remarquable, en soulignant l'expressivité des personnages, en soignant les différents climats grâce à l'apport de Justin Ponsor aux couleurs... Et au concours de Mike Avon Oeming (autre partenaire de longue date de Bendis) invité ici pour quelques pages d'un flash-back en noir et blanc qui s'intègre étonnamment bien compte tenu de la différence nette de style entre le réalisme de Marquez et celui plus cartoony d'Oeming.

Malgré sa fin désormais imminente (mais qui, quelque part, me soulage car je n'imaginais pas continuer la série sans Bendis et Marquez), Defenders conserve un suspense indéniable et certainement des rebondissements efficaces. L'expérience aura été courte (et écourtée) mais indéniablement remarquable. Regretter un titre, c'est aussi la preuve de sa qualité.   

Aucun commentaire: