samedi 7 juillet 2012

Critique 335 : NEW AVENGERS (VOL. 2, 7-13) - INFINITY, de Brian Michael Bendis, Stuart Immonen, Daniel Acuña, Mike Deodato et Howard Chaykin

La couverture du recueil des épisodes 7 à 13. 

New Avengers #7 : Stuart Immonen tire sa révèrence.

New Avengers #8 : Daniel Acuña ne fait que passer.





New Avengers #9-13 : et là, c'est le drame...

New Avengers : Infinity rassemble les épisodes 7 à 13 du Volume 2 de la série écrite par Brian Michael Bendis, publiés de Février à Août 2011 par Marvel Comics. Stuart Immonen dessine l'épisode 7, Daniel Acuña le #8, et Mike Deodato et Howard Chaykin (ce dernier pour les flash-backs) les #9 à 13.
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- New Avengers # 7 (Untitled). Après leur bataille contre Agamotto (qui a coûté la vie au Dr Voodoo et fait disparaître l'Oeil du Sorcier Suprême), l'équipe dresse un premier bilan et ce n'est pas fameux. Le manoir des Vengeurs où ils sont basés désormais a subi d'importants dommages, qui coûtent beaucoup d'argent. Victoria Hand, l'agent de liaison de Steve Rogers, distribue la paie aux membres du groupe, sauf à Spider-Man qui refuse de divulguer son identité civile (et ne peut donc encaisser son chèque). Et Jessica Jones-Cage convainc Luke d'engager une nounou pour leur fille Danielle - l'élue est la plus inattendue des candidates...

Cet épisode est le dernier dessiné par Stuart Immonen, réquisitionné alors pour illustrer la saga Fear Itself. Mais on peut dire que le canadien est parti en beauté, avec un script jubilatoire de Brian Bendis comme support.
Mine de rien, ce chapitre, intermédiaire (comme le suivant), aborde pas mal de sujets habituellement survolés par les comics super-héroïques : l'équipe doit assumer l'indépendance qu'elle a gagnée vis-à-vis du nouvel ordre de Steve Rogers et cela commence par les réparations coûteuses du manoir. L'argent est aussi au coeur de la séquence centrale de l'épisode quand les membres du groupe reçoivent leur paie du gouvernement : Bendis rappelle, fort justement, que tous ces justiciers doivent gagner leur vie. Mais c'est surtout un prétexte pour mettre en scène, de façon très drôle, Spider-Man, qui, ne faisant aucune confiance à Victoria Hand (l'ex-assistante d'Osborn) et n'ayant pas voulu communiquer son identité civile aux autorités, est privé de rétribution, ou encore Luke Cage qui se fait remettre en place par Jessica Jones, lui rappelant qu'il est désormais père de famille et qu'il a inventé le concept de héros à louer (ce qui l'empêche de facto de faire la fine bouche maintenant qu'il reçoit un salaire de l'Etat).
Enfin, il y a le casting de la nounou, une scène hilarante où les postulants les plus farfelus défilent, avec des clins d'oeil amusants (à Nextwave, aux Vengeurs des Grands Lacs) : un grand moment.

Mais cet épisode devient exceptionnel grâce au travail d'Immonen qui déploie des trésors d'invention pour mettre tout cela en images : admirez avec quel talent il anime les personnages, leur donne une gestuelle propre, des expressions bien choisies ! La leçon de dessin culmine avec la double-page des prétendants, d'une virtuosité extraordinaire.
On aurait pu espérer qu'après Fear Itself, Immonen revienne à la série, mais, visiblement éreinté, et Marvel le réservant pour d'autres projets (qui se matérialiseront après Avengers vs X-Men, le futur event), ça n'a hélas ! pas été le cas. Dommage car l'artiste était certainement le meilleur partenaire qu'ait eu Bendis pour ce titre...
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- New Avengers # 8 : Date Night. Luke Cage et Jessica Jones s'arrangent pour avoir une soirée en tête-à-tête, l'occasion de discuter du rôle de la jeune femme qui hésite à redevenir une super-héroïne. Mais quand un Doombot (réplique robotique du Dr Fatalis) apparaît, le diner devient plus corsé...

Avant d'enchaîner avec une nouvelle histoire, Brian Bendis effectue une nouvelle escale où il s'attarde sur la relation du couple Luke-Jessica Cage. Madame est au centre de la discussion car elle envisage de reprendre du service comme super-héroïne. Cette partie de l'épisode est la plus réussie, avec des dialogues justes et abondants comme Bendis les apprécie et sait en rédiger, y ajoutant une touche d'humour bienvenue (avec le choix d'un surnom pour Jessica).
Ensuite, l'apparition du Doombot surprend : elle semble ne se justifier que pour le quota d'action car il s'avère que depuis le Dr Fatalis n'a pas resurgi dans le champ de la série (alors qu'on aurait pu penser à un subplot)...

Daniel Acuña revient dessiner le titre, après y avoir participé au début des tie-in à Siege : son style coloré, expressif, convient parfaitement à l'ensemble et laisse à vrai dire un regret car l'espagnol aurait pu être un artiste intéressant pour un arc entier (même s'il a depuis signé des épisodes d'Avengers).
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- New Avengers # 9-13 : Infinity. Guidé par Victoria Hand, le groupe se déplace sur un site investi par d'anciens membres du HAMMER (le service de sécurité intérieure de l'ére Osborn démantelé après Siege), dirigé par Superia. Ce groupuscule travaille sur un mélange entre les formules du super-soldat (qui ont donné ses pouvoirs à Captain America) et d'infinité (qui permet à Nick Fury de retarder son vieillissement). L'intervention des héros tourne mal quand Oiseau-moqueur est gravement blessée.
Cette affaire va aussi révèler l'existence d'une première équipe de Vengeurs, en 1959, sous les ordres de Fury, et qui liée à la manipulation des deux formules...

L'intrigue principale de ce recueil est, disons-le tout net et sans tarder, un lamentable ratage, certainement la pire depuis le début de la série (soit depuis le volume 1). Brian Bendis rêvait de collaborer avec une de ses idoles, Howard Chaykin, et c'est en développant une de ses idées qu'il a bâtie cette histoire.
Le problème, c'est qu'à aucun moment on est accroché par l'argument et que la construction même du récit n'arrange rien : d'un côté, la mission, qui tourne à la catastrophe, des Nouveaux Vengeurs, avec Oiseau-moqueur gravement blessée (ce qui vaut à Oeil-de-faucon de revenir brièvement dans la série, alors même qu'il ne vit plus avec l'héroïne), est décompressée à outrance, ne servant en fait qu'à souligner les soupçons du lecteur (et de quelques membres de l'équipe, dont Spider-Man bien sûr) au sujet de la possible duplicité de Victoria Hand ; et de l'autre, on découvre qu'une équipe de Vengeurs a été formée (et aussitôt dissoute) en 1959 par Nick Fury, la liaison entre cette histoire et l'autre ne tenant qu'à un cheveu (ou un tube à essai).
Le rythme est mollasson, le suspense peine à nous faire vibrer, et surtout ces Avengers 1959 sont un grand n'importe quoi - leur composition est abracadabrantesque (avec Fury, Dum Dum Dugan, Dents-de-Sabre, Dominic Fortune, Silver Sable et Namora), sa mission artificielle. Le dénouement permet quand même de reconsidérer le personnage d'Oiseau-moqueur de manière inattendue (sans être certain toutefois que cela sera exploitée pleinement). Mais c'est un bilan bien maigre, et le traitement est en dessous de tout.

Graphiquement, c'est aussi une déception, et même parfois une horreur. En effet, Chaykin illustre également les flash-backs et nous inflige à nouveau des planches d'une laideur absolue, sur lesquelles il est inutile de s'attarder. Mike Deodato revient (mais lui pour de bon, après un premier arc, The Collective, NA #16-20, en 2006) pour dessiner les séquences au présent : on sent toutefois qu'il doit se réhabituer aux personnages et livre une copie sans éclat.
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Que retenir de cet amalgame hasardeux ? Les adieux somptueux d'Immonen, le passage trop bref d'Acuña,  Bendis en petite forme et le retour de Deodato. Mais l'ensemble est trop hétéroclite pour satisfaire vraiment. La série traverse un creux, avant de devoir composer avec la saga Fear Itself...

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