mercredi 29 juin 2011

Critique 241 : BRAM STOKER'S DRACULA, de Roy Thomas et Mike Mignola

Bram Stoker's Dracula est l'adaptation officielle en bande dessinée du film réalisé par Francis Ford Coppola, sorti en 1992. Le scénario est lui-même adapté du scénario de James V. Hart par Roy Thomas et illustré par Mike Mignola. L'album a été publié par Topps Comics (en vo) et Comics USA (en vf).
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Comme le roman original de Bram Stoker, cette adaptation reprend la forme épistolaire en alternant différents narrateurs : l'histoire raconte comment le jeune Jonathan Harker doit se rendre en Transylvanie pour y rencontrer un client du cabinet de notaires où il travaille. Il ignore que l'homme qu'il va rencontrer est le comte Vlad Dracula, un vampire qui a renié l'église chrétienne en 1462 après avoir combattu les turcs musulmans qui voulaient envahir la Roumainie : revenu chez lui, il trouva sa femme Elisabeta morte, s'étant suicidée après avoir cru à la mort du guerrier.
En voyant une photo de Wilhelmina Murray, la promise de Harker, Dracula croit voir le sosie de sa défunte bien-aimée et, après avoir piégé son invité, il part en Angleterre pour la rencontrer. Le vampire possède Lucy, la meilleure amie de Mina, convoîtée par trois hommes (le texan Quincey Morris, le lord Arthur Holmwood, et le Dr Jack Seward - ce dernier tient un asile où est interné Renfield, le prédécesseur de Harker, devenu fou depuis son voyage dans les Carpates).
L'état de santé de Lucy s'aggrave et Seward fait appel à son mentor, le Pr Abraham Van Elsing, qui diagnostique le cas de vampirisme. Dracula, identifié par Harker, qui s'est enfui entretemps, est alors traqué jusqu'en Transylvanie et Mina sert d'appât, déchirée entre son amour pour Jonathan et son attirance pour le comte. L'issue sera tragique.
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Lorsque je vis le film de Francis Ford Coppola il y a presque vingt ans, je n'avais pas lu le roman de Bram Stoker et j'avais été saisi par la beauté de cette adaptation, réalisée entièrement en studio et servie par une interprétation exceptionnelle (Gary Oldman jouant Dracula ; Winona Ryder, Mina ; Keanu Reeves, Harker ; Anthony Hopkins, Van Elsing - on peut d'ailleurs remarquer que, exception faîte de Hopkins, tous les acteurs ont bien décliné depuis). Une fois l'oeuvre de Stoker consommée (non sans mal, mais je ne suis pas très friand de ce genre de littérature), je m'étais procuré cette bande dessinée sans connaître le prestige de ses auteurs.
Le vétéran Roy Thomas (qui a écrit Avengers, All-Star Squadron et quantité de comics depuis les années 60) s'est contenté du minimum syndical en suivant à la lettre le scénario de James V. Hart pour le film : l'adaptation est excellente, tous les personnages sont bien campés, l'intrigue très bien construite, le rythme soutenu, l'ambiance intense. Mais Thomas n'a rien ajouté, il s'est acquitté d'un travail de commande sans s'y impliquer, en vieux mercenaire. C'est un peu dommage de la part d'un scénariste de ce calibre.

Mike Mignola, le créateur de Hellboy et vedette de Dark Horse, encré par John Nyberg et mis en couleurs par Mark Chiarello, s'est, lui, en revanche, fendu de planches magnifiques : chaque vignette pourrait presque être isolé et encadré comme un tableau, mais le flux de lecture est également efficace.
Le style du dessinateur est bluffant, réussissant même parfois à reproduire les traits des comédiens : comme l'a défini Alan Moore, c'est un "mélange entre l'expressionnisme allemand et Jack Kirby", tout en contrastes prononcés et en angles, cette épure a inspiré quantité d'artistes (Gabriel Bã, Guy Davis, Stuart Immonen...). Dommage que sa production soit devenue si rare aujourd'hui...
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Un récit complet dont la (re)lecture reste très agrèable, et surtout d'une beauté plastique exceptionnelle, complètant bien le film déjà mémorable de Coppola.

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