PLANETARY : SPACETIME ARCHAEOLOGY rassemble les épisodes 19 à 27, les derniers de la série créée et écrite par Warren Ellis et dessinée par John Cassaday, publiés entre 2004 et 2006 puis en 2009 par DC Comics dans la collection Wildstorm.
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Planetary a révèlé progressivement les éléments d'une vaste conspiration opposant le groupe des Quatre (une version maléfique des Quatre Fantastiques) et l'équipe formée par Elijah Snow, un homme né en 1900 et pourvu de pouvoirs extraordinaires (comme d'autres personnages de l'univers Wildstorm) : les premiers voulaient dominer le monde, en ayant apparemment obtenu leurs facultés paranormales contre un marché avec des puissances d'un autre monde ; les seconds voulaient les en empêcher en cherchant et en protégeant les vestiges de l'Histoire secrète du monde.
Les membres de Planetary (Elijah Snow, Jakita Wagner et le Batteur) localisent un engin spatial très spécial et y envoient des anges pour l'inspecter. L'un des Quatre, Jacob Greene, débarque à son tour et va être neutraliser sans avoir eu le temps de réagir. C'est après William Leather, le deuxième membre de son groupe à être piègé par Planetary : le ton est donné, Elijah et ses acolytes ont décidé de prendre leur revanche et vont s'y employer méthodiquement.
Puis Elijah Snow consulte Melanchta, une espèce de shaman, qui va lui révèler la véritable nature de son rôle sur Terre : tous les "enfants du siècle" comme lui ne sont pas là par hasard et ont une mission précise à remplir.
De nouvelles révélations sur le passé, et par ricochet un moyen supplémentaire et décisif pour Elijah de vaincre Randall Dowling et Kim Süskind, ses deux derniers (et plus redoutables) adversaires, font surface.
Les circonstances du sauvetage et du recrutement du Drummer lorsqu'il était enfant sont dévoilées et c'est une nouvelle occasion de découvrir une faille pour dominer ce qui reste des Quatre. tout comme le fait que la composition de l'équipe de terrain de Planetary ne doit rien au hasard - pas plus que la la position de leur leader.
La duplicité de John Stone, puis l'heure du châtiment pour Dowling et Süskind n'est plus loin. Ne reste plus qu'à boucler la boucle et à se charger d'Ambrose Chase, disparu mais peut-être pas mort...
En Avril 1999 paraissait le premier numéro de Planetary. Dix ans et sept mois plus tard, en Octobre 2009, l'une des meilleures séries modernes se termine après 27 épisodes. Les neuf derniers chapitres de cette saga sont aujourd'hui dans ce quatrième volume dont le titre est une synthèse parfaite : Spacetime Archaeology (l'archéologie de l'espace-temps).
Une page se tourne donc. Mais la conclusion est-elle à la hauteur de ce qui a précédé ?
Le premier commentaire qui s'impose une fois le livre terminé concerne le travail de John Cassaday qui est absolument magnifique. Le dessinateur remercie à la fin du volume son scénariste pour avoir fait de lui un meilleur artiste et c'est vrai que Planetary n'a pas seulement valu de nombreuses récompenses à Cassaday : elle en a réellement fait un de ces graphistes qui marque une vie de lecteur, un fabuleux faiseur d'images, qui bonifie toute une histoire, donne à une tell entreprise une qualité que seuls les grands comics possèdent.
Une page se tourne donc. Mais la conclusion est-elle à la hauteur de ce qui a précédé ?
Le premier commentaire qui s'impose une fois le livre terminé concerne le travail de John Cassaday qui est absolument magnifique. Le dessinateur remercie à la fin du volume son scénariste pour avoir fait de lui un meilleur artiste et c'est vrai que Planetary n'a pas seulement valu de nombreuses récompenses à Cassaday : elle en a réellement fait un de ces graphistes qui marque une vie de lecteur, un fabuleux faiseur d'images, qui bonifie toute une histoire, donne à une tell entreprise une qualité que seuls les grands comics possèdent.
On notera encore une fois son don exceptionnel pour concevoir des appareillages merveilleux et des décors enchanteurs qui transporte le lecteur dans un monde où le merveilleux existe.
C'est aussi un maître de l'expressivité et grâce à cela on s'est attaché à ses héros, on a vibré avec eux, au point qu'ils sont devenus des figures aussi familières que les plus fameuses icônes : John Cassaday est un magicien.
Cet illustrateur a réussi le tour de force de donner vie à un univers d'une incroyable richesse, aux objets les plus improbables, aux théories les plus échevelées et aux concepts les plus hallucinants de son scénariste : tout va de soi grâce à une mise en image à la fois sophistiquée, intelligente et d'une simplicité admirables.
Grâce à Cassaday, le lecteur renoue avec un monde enchanteur.
Le scénario est quant à lui tout à fait à la mesure de l'immense attente générée par les précédents tomes : le défi était de taille mais Warren Ellis s'est surpassé, livrant son oeuvre la plus aboutie, la plus palpitante, la plus poétique, la plus personnelle aussi sans doute tant elle résume toutes ses merveilleuses lubies. Et dans le même temps, il réussit à nous surprendre en révélant la nature plus trouble qu'on ne pouvait s'y attendre de ses héros, échappant ainsi aux clichés.
La manière dont l'auteur est parvenu à conclure tous les faisceaux de ses intrigues sans céder à la facilité, sans négliger le moindre détail, devrait servir de modèle à ses confrères (et l'inciter peut-être aussi à moins se disperser pour produire moins mais mieux).
Tout ce qui séduit dans Planetary est là : les références au passé, aux genres (avec en particulier un détour somptueux par le western, qui figure déjà comme un classique de la série), aux codes narratifs, mais avec une puissance encore supérieure à ce qu'il avait déjà imaginé (et pourtant, après le troisième tome, on doutait qu'il puisse faire mieux).
Plus particulièrement, Warren Ellis a intensifié tout en les densifiant ses concepts fêtiches empruntés à la science-fiction (qui l'inspire plus et mieux que le genre super-héroïque) et ses théories sur la structuration de la réalité (ou devrai-je dire des réalités).
Qu'importe que vous adhériez ou non à ses délires, leur pouvoir de divertissement vous entraîne et vous transporte très loin, très haut : Planetary, c'est aussi cela, un grand huit, un trip sidérant, où si l'on s'y abandonne on prend un immense plaisir.
Warren Ellis a de toute évidence voulu terminer "proprement" et clairement son histoire en en résolvant les mystères, en offrant à ses héros et ses fans une conclusion efficace, positive et ambitieuse. Il ne s'est donc pas contenté de clore le dossier des Quatre mais d'éclaircir les liens entre les protagonistes pour mieux les réunir.
L'ultime épisode offre même par ricochet une sorte de réhabilitation au chapitre contenu dans le (plutôt décevant) hors-série Crossing Worlds/D'un monde à l'autre où l'on découvrait une version alternative et sombre de Planetary dominant le monde et affrontant la JLA (ou du moins sa "sainte trinité") : ici aussi, l'organisation finit par régir la terre mais en lui offrant des progrés prodigieux, et lorsqu'elle emploie ses richesses dans un but plus égoïste, le lecteur ne peut cette fois que l'approuver...
Les révélations et les rebondissements sont multiples dans ce dernier volume mais, d'une part, la série continue de miser sur l'intelligence de ses protagonistes (plutôt que sur leur capacité à détruire - même si Elijah Snow n'est pas un tendre au moment de se venger), et d'autre part, elle s'appuie sur la volonté de ses créateurs de nous enchanter.
Série exceptionnelle de bout en bout, reposant sur un scénario à la fois rigoureux et inventif, et bénéficiant d' illustrations sensationnelles, Planetary n'a pas raté sa sortie... Même si on la quitte avec un pincement au coeur.
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