- Dark Reign : Elektra (1-5/5).
Ce nouveau titre trimestriel édité par Panini nous invite à suivre des récits complets liés aux conséquences du crossover Secret Invasion et au nouveau statu quo, Dark Reign. Fort logiquement, puisque c'est lorsque les Nouveaux Vengeurs découvrirent son remplacement par un Skrull que débuta vraiment la saga imaginée par Brian Bendis, c'est à Elektra qu'est consacrée cette histoire en 5 parties.
Revenue sur Terre, avec d'autres héros (dont certains supposés morts, comme Oiseau Moqueur, dont on a pu suivre les nouvelles aventures avec Ronin dans le récent Dark Reign Saga 1), Elektra est vite arrêtée par le SHIELD. Tout aussi vite, elle est devient captive du HAMMER, la nouvelle organisation de la sécurité nationale américaine dirigée par Norman Osborn, curieux de connaître les expériences qu'elle a subies de la part des skrulls.
Mais la tueuse a gardé des ennemis à l'extérieur, et en a surtout gagné à l'intérieur. Elle doit pour cela s'évader et résoudre une phrase prononcéee par les assassins à ses trousses : "les étoiles sont en sécurité dans le ciel".
Dans sa cavale, elle va croiser des figures familières, comme Bullseye (devenu le nouvel Oeil de Faucon) ou Wolverine, mais aussi des inconnus comme les jumeaux Nico et Carmine et l'agent Brothers.
Au terme d'une aventure âpre et riche en rebondissements, Elektra se rappelera à cause d'Osborn d'un épisode tragique de son passé tout en devant admettre qu'elle est désormais une fugitive (la Main étant désormais dirigée par... Celui dont vous découvrirez l'identité en lisant Daredevil).
Je mentionnai plus haut la mini-série Oiseau Moqueur-Ronin, qui avait été une excellente surprise, et cette nouvelle production est encore meilleure, grâce à une équipe créative de premier ordre.
Le scénario de Zeb Wells est une réussite totale, alliant son lot de séquences d'action extrèmement efficaces et bien dosées et une intrigue habile, qui vous tient en haleine du début à la fin. Le personnage d'Elektra, tueuse implacable, est traité avec intelligence, l'histoire ne cherchant jamais à la rendre plus sympathique (au contraire, comme en témoigne le dénouement), tout en parvenant à nous la rendre étrangement attachante - suffisamment en tout cas pour savoir comment (et si) elle va s'en tirer.
Les seconds rôles sont également soignés, leurs entrées en scène (et leurs sorties) donnant lieu à de vrais morceaux de bravoure (mentions spéciales au duel attendu avec Bullseye, et à la présence de Wolverine - qui renvoie le récit à l'arc Ennemi d'Etat, de Mark Millar et John Romita Jr).
Les dialogues sont d'une exemplaire sobriété, d'ailleurs Wells réduit au maximum les prises de paroles d'Elektra, cette soustraction ajoutant à la détermination et à la froideur de l'héroïne (à la manière des cowboys taciturnes campés par Clint Eastwood).
Pour illustrer ces épisodes, Wells a pu compter sur son partenaire d'Heroes for hire, le brillant Clay Mann (qui s'est illustré avec maestria sur le prologue de l'arc Lady Bullseye, de Daredevil). Son trait épuré, d'une grande élégance, sa science du découpage, d'une fluidité remarquable (avec un soin particulier apporté à la variété des angles de vue et à la beauté de ses personnages féminins), font merveille. Donnez-lui une série régulière !
L'encrage sobre de Mark Pennington et la superbe colorisation de Matt Hollingsworth font le reste, et confèrent à l'ensemble une sacrée belle allure : c'est une des plus belles BD récentes que j'ai lue, dans le genre.
Voilà donc un hors-série dont il ne faut pas se priver : une bonne histoire, très bien illustrée, un pur régal.
- Les Nouveaux Vengeurs 51 : Bas les masques ! (1)
Ce nouvel arc démarre comme l'indique son titre par des retrouvailles avec Stephen Strange, que nous avions perdu de vue depuis quelque temps (l'Annual 2, pour être exact).
Ayant abusé de la pratique de la magie noire, il n'est plus le sorcier suprême et cherche qui va lui succèder : la liste comprend des candidats appartenant aux rangs des héros, comme Wiccan des Jeunes Vengeurs, le premier qu'il rencontre (mais qui ne semble pas encore prêt à hériter de cette charge), qu'à ceux d'individus moins recommandables (comme Fatalis).
L'affaire se corse lorsque Strange comprend que the Hood (et donc Dormammu, son maître) est sur ses traces, déterminé à se venger...
Pendant ce temps, Clint Barton, qui vient de défier publiquement Norman Osborn à la télé, provoque une réunion des Nouveaux Vengeurs afin de clarifier les statuts de ses membres.
Luke Cage laisse les rênes de l'équipe à Ronin, Ms Marvel devenant son second.Mais surtout Spider-Man se démasque pour gagner la confiance de ses amis, et c'est l'occasion pour tous de découvrir à la fois ses liens avec Osborn et avec Jessica Jones, qui avoue avoir été amoureuse de Peter Parker au collège...
Ce chapitre a deux mérites scénaristiques : Brian Bendis définit la hiérarchie du groupe en plaçant à sa tête Clint Barton, un titre assez légitime puisqu'il a à la fois l'expérience du poste et la légitimité dûe à son ancienneté comme Vengeur.
Ensuite, il s'intéresse au sort du Dr Strange et à sa succession, une situation propice à des développements prometteurs.
Les dialogues sont savoureux, Bendis tirant habilement parti à la fois de la promotion de Barton et du démasquage de Spidey mais aussi des aveuux sentimentaux de Jessica Jones pour nous amuser ("Super, cette réunion", ironise Wolverine).
Les échanges entre Dormammu et Parker Robbins et Strange et Wiccan sont également sobrement écrits, l'auteur ne cédant pas à ses tics de répéter les mêmes phrases pour souligner les états d'âme des protagonistes (souhaitons que cela dure, Bendis n'a pas besoin de ces artifices pour nous convaincre).
Graphiquement, même si Chris Bachalo n'est pas ma tasse de thé, son emploi pour illustrer les séquences concernant Dormammu et, dans une moindre mesure, Strange est habile : le graphisme torturé de l'artiste contraste avec celui de Billy Tan qui signe les planches avec les Vengeurs (parmi lesquelles une belle page avec le groupe attablé en cercle).
Cependant, il est clair que la série gagnerait à retrouver un dessinateur unique et au style moins "farfelu" que Bachalo ou inégal que Tan : l'arrivée prochaine de Stuart Immonen (au n° 55) va faire du bien à tout le monde.En attendant, la dernière image nous laisse dans l'expectative inquiète quant au sort du Dr Strange : la désignation de son successeur s'annonce mouvementée...
- Iron Man 11 : Dans la ligne de mire (4).
Je ne porte pas cette série dans mon coeur mais j'en lis chaque nouveau volet par conscience professionnelle... A moins que ce soit par masochisme (NB : penser à en parler à la prochaine séance chez le psy).
De même qu'il fait chaud en été et qu'il fait froid en hiver (si !), il fait nul dans cette production avec une régularité climatique qui ne déplairait pas à Claude Allègre.
Matt Fraction écrit, oui, mais quoi ? Je ne le sais toujours pas vraiment. En tout cas, il l'écrit mal et donc on s'ennuie aussi sûrement qu'il fera certainement meilleur temps au printemps (Cécile Duflot approuve !).
Et Salvador Larroca ? Hé bien, il dessine toujours aussi mochement, aussi imperturbablement que les feuilles tombent des arbres l'automne venu (c'est la raison pour laquelle en Amazonie on préfére couper les arbres carrèment plutôt que de les laisser se les geler sans leur feuillage quand la bise viendra, c'est Nicolas Hulot qui me l'a dit).
Bref, aussi vrai qu'il y a quatre saisons, je peux confirmer que cette série est toujours aussi pénible.
- Captain America (vol. 5) 47 : De vieilles connaissances (2).
La rigueur polaire atteint même parfois les plus solides et c'est ainsi que, ce mois-ci, l'épisode de Cap' refroidit les ardeurs du fan le plus fidèle.
Si le scénario d'Ed Brubaker tient ses promesses en nous montrant comment Bucky se jette sciemment dans la gueule du loup pour découvrir, horrifié (et nous aussi), comment le Pr Chin utilise les restes de la première Torche Humaine, John Hammond, le graphisme de Butch Guice n'a pas bonne mine.
Problème d'impression ou main trop lourde sur la palette graphique pour Frank D'Armata, mais la colo n'arrange rien en appuyant trop sur une gamme sombre qui nuit à la lisibilité.
Néanmoins, je reste curieux de savoir comment tout ça va se dénouer, la dernière planche ménageant une angoisse tenace.
- Fantastic Four 564 : Le monstre de Noël.
Timing impeccable chez Panini pour nous servir ce épisode où les 4F partent en Ecosse fêter la Saint-Sylvestre : bravo !
Et le cadeau, c'est que ce nouveau volet compte plus d'une trentaine de pages, somptueusement illustrées par un Bryan Hitch en grande forme, et écrites par un Mark Millar tout aussi inspiré.
Que se passe-t-il dans ce village perdu où Red retrouve un cousin ? Apparemment rien de bien catholique bien que les autochtones déclarent que c'est la foi qui distingue leur localité.
L'ambiance d'épouvante diffuse et de mystère menaçant est fort bien restituée, on est intrigué et on a hâte de connaître la suite (qui, d'après la couverture du prochain numéro de la revue promet beaucoup).
Résultat : un bon cru pour ouvrir 2010, malgré ce boulet d'Iron Man et quelques errements graphiques par ailleurs.
- LES VENGEURS NOIRS : LE REGNE DU MAL (4).
Cet épisode est selon moi représentatif de la qualité de la revue ce mois-ci (et peut-être pour les prochains mois...) : décevant.
Brian Bendis et Mike Deodato nous ont offert depuis le début de cette série un produit spectaculaire, régressif mais plutôt efficace. En comparaison avec Les Puissants Vengeurs qui n'a jamais exploité correctement la situation sur laquelle le titre avait vu le jour (des Vengeurs officiels censés traquer ceux qui avaient refusé de se faire enregistrer), les Dark Avengers étaient composés d'authentiques crapules rassemblées pour faire le sale boulot, sans souci de camaraderie avec les contrevenants.
Hélas ! la fin de cette première aventure n'a pas permis de rectifier le tir, embarquant les "héros" dans un affrontement contre Morgane la fée et impliquant Fatalis (dont on a du mal à croire qu'il puisse accepter de collaborer avec Norman Osborn - ou avec quiconque à vrai dire !).
Ce 4ème chapitre fait encore la part belle au fantastique avec sortilèges spatio-temporels et hordes de démons à la clé contre une équipe dysfonctionnelle (Bullseye jurant de faire la peau à Venom, Moonstone faisant du gringue à Marvel Boy, Arès s'amusant et pestant de tout cela, et Sentry disparaissant sans que personne ne s'en émeuve...).
Le problème, c'est que, bien que Deodato nous gratifie de planches sidérantes, l'inter-connection avec les Nouveaux Vengeurs est à peine utilisée (un bref rappel au message de Clint Barton à la télé), que le sort de Fatalis ne s'en trouve guère bouleversé (reformant son château en un clin d'oeil), sans parler de Sentry...
Bref, le projet d'un univers centré autour des divers Vengeurs ne fonctionne toujours pas alors qu'avec Bendis aux commandes de deux séries, tout semble réuni pour que les titres de la franchise se répondent - et impriment uune certaine direction au Marvelverse.
Le feu d'artifices (plein les yeux) se transforme un peu en feu de paille (peu de substance : un comble dans le monde partagé des séries).
C'est donc avec désappointement que je dresse ce constat : encore une fois, un "grand plan" Avengers ne marche pas, alors qu'un même auteur est à la barre. Dark Avengers n'est pas, pourtant, pénible à lire : comme dit plus haut, c'est percutant, à mon goût fabuleusement dessiné, mais ça ne fusionne pas assez et c'est en définitive vite lu et oublié.
Sérieux déclin : je me demande si je vais continuer à acheter Dark Reign... D'autant que la suite du programme n'est guère meilleur.
- SECRET WARRIORS : NICK FURY SEUL CONTRE TOUS (3).
Là aussi, le résultat n'est pas fameux.
Résumons : les héros ne brillent guère par leur charisme ni leur originalité, si ce n'est Nick Fury. Le souci, c'est que la greffe ne prend pas : le super-espion envoyant des gosses sans expérience, bien que pourvus de grands pouvoirs (encore faudrait-il qu'ils soient mieux représentés, car à part Quake, Phobos et la fille super-rapide dont j'ai oublié le nom - ce qui est une autre faiblesse... Tous ces personnages tellement vus et revus dont le pseudo est impossible à se rappeler ! - , c'est très confus), au casse-pipe... Non, ça ne prend pas !
Soyons cohérents : Fury est un vétéran qui ne laisserait certainement pas d'autres que lui mener la charge. Ici, on le voit assister à des debriefs sans parler, dîner avec une ex, chatter avec un vieux pote pour demander de l'aide... Pas fameux, le soi-disant super-spy !
Et les méchants, me direz-vous ? Il faut bien dire qu'on se fiche un peu de l'Hydra comme des nazis qui resurgissent régulièrement chez DC, avec leurs super-cadors trop méchants et leurs manigances tortueuses qui ridiculisent déjà le HAMMER prétendument imparable d'Osborn (et auraient infiltré le SHIELD depuis des lustres avant...).
D'un côté, on nous présente ces vilains comme de coriaces lascars quand, de l'autre, on devine déjà qu'ils finiront quand même par se prendre une rouste : la prévisiblité, voilà l'ennemi des comics mainstream !
Il faudrait que Bendis (se contente d'écrire les Nouveaux Vengeurs et USM) et Jonathan Hickman mettent plus de conviction pour nous faire gober une intrigue qui se veut complexe et est cousue de fil blanc. Ou alors qu'au lieu d'animer une série avec des héros inintéressants ils raniment d'autres personnages négligés mais plus rapidement identifiables et passionnants.
Les illustrations de Stefano Caselli sont comme d'habitude surchargées par une colorisation épouvantable et trahissent déjà un manque de lisibilité dans le découpage (particulièrement éprouvant dans les scènes d'action : ça, c'est sûr, Immonen ou Lark peuvent dormir tranquilles...).
- DEADPOOL/THUNDERBOLTS : MAGNUM OPUS (1 & 2/4).
Enfin, Panini nous gratifie d'un mini-crossover entre des Thunderbolts avec lesquels on vient à peine de faire connaissance et ce personnage que je ne connaissais que de réputation, Deadpool.
L'ouverture de ce récit avec le mercenaire résumant son dernier échec et annonçant son intention de se venger laissait augurer d'un délire grâtiné prometteur. A l'arrivée, j'ai lu un des plus vertigineux sommets de bêtise !
Je ne vais cependant pas m'attarder sur ce machin sans nom dont l'humour m'est passé au-dessus de la tête et dont les péripéties m'ont atterré (jusqu'à cette dernière planche où j'ai vu les abysses de la débilité, si profondes et noires qu'un frisson m'a parcouru).
Les dessins de Paco Medina ne sont pas désagrèables, contrairement à ceux de Bong Dazo. Mais le mal était fait et même Roberto De La Torre n'aurait pu sauver les meubles.
Bilan des courses : on referme cette revue avec effarement. A-t-on rêvé ? Ou avons-nous bien lu le ratage annoncé du mois ?En tout cas, j'en ai assez vu - ou plutôt subi pour m'interroger sérieusement sur le fait de continuer à dépenser 4,60 E. Soudain, ce "Dark Reign" me semble vraiment bien sombre et plus que jamais j'ai hâte que lui succède l' "Heroic Age"...
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