samedi 8 avril 2023

SCARLET WITCH #4, de Steve Orlando et Sara Pichelli


Ce quatrième épisode de Scarlet Witch marque une rupture dans la conception de la série écrite par Steve Orlando et dessinée par Sara Pichelli. Après trois précédents numéros self-contained, on assiste là au début d'une intrigue qui se prolongera au moins jusqu'au mois prochain. L'occasion aussi d'en apprendre plus sur Darcy Lewis, l'assistante de Wanda Maximoff...


Scythia des Bacchantes réclame à Scarlet Witch qu'elle la laisse emporter Darcy Lewis pour être jugée par ses soeurs, dont l'une qu'elle a tuée. Mais Wanda refuse qu'on livre son amie et affronte l'amazone. Le combat est disputé et pousse la sorcière dans ses retranchements...


Jusqu'à présent donc, chaque épisode de Scarlet Witch se composait d'une histoire avec un début, un milieu et une fin contenus en une vingtaine de pages. Il y avait bien un vague mystère autour de Darcy Lewis, ce personnage importé du MCU (figurant dans les films consacrés à Thor et aussi dans la série WandaVision), mais on se demandait à quand Steve Orlando, le scénariste, nous en dirait plus à son sujet.


Finalement, le suspense à été de courte durée puisque c'est pour cette fois. Et avec ces explications la série change de format car l'histoire qui débute ce mois-ci se poursuivra au moins jusqu'au prochain numéro. A voir si Scarlet Witch va devenir un feuilleton ou reviendra ensuite à sa formule anthologique...


Ce qui est sûr, c'est que même en changeant Scarlet Witch demeure aussi convaincant. Orlando livre un épisode riche en action et Wanda Maximoff est poussée dans ses retranchements face à une adversaire déterminée et puissante.

Scythia des Bacchantes, telle est son nom : Orlando fait donc ici références aux bacchantes, ces adoratrices de Bacchus/Dyonisos, le dieu du vin, des débordements et de l'ivresse, même si chez les romains sa nature divine a été remise en question et son rapport au vin a été relativisé, pour devenir plus généralement l'inspirateur de la tragédie et du théâtre. Le scénariste rattache aussi cette guerrière scupturale aux amazones, ces archères apparues pour la première fois dans L'Iliade d'Homère, qui se coupaient un sein pour mieux manier leur arme favorite.

Sara Pichelli a doté Scythia d'un physique impressionnant et l'affontement qui l'oppose à Scarlet Witch force cette dernière à utiliser sa magie de manière différente, avec plus de ruse face à la force brute. Chez DC, c'est comme si Wonder Woman ou plutôt Artémis affrontait Zatanna. L'artiste use d'un découpage avec des vignettes aux dimensions généreuses pour représenter au mieux l'impact dévastateur des coups portés par Scythia mais aussi les parades de Wanda.

Pichelli a retrouvé tous ses moyens, c'est certain, et elle met en valeur d'un côté la grâce féline de Scarlet Witch face à la rudesse de Scythia. La mise en scène est habile et intense, avec des assauts variés et des manifestations de pouvoirs ingénieuses.

Pourtant la dessinatrice italienne cédera sa place le mois prochain à Russell Dauterman, le cover-artist du titre, qui nous gratifiera à nouveau de planches intérieures, exercice dans lequel il se fait désormais très rare. Faut-il s'en inquiéter pour Pichelli ? Pas sûr, même si effectivement la voir se mettre en retrait après seulement quatre épisodes peut susciter le doute. Mais si ça lui permet de revenir gonflée à bloc, c'est un petit prix à payer. Et on ne va pas se plaindre d'avoir un fill-in par Dauterman.

Steve Orlando révèle simplement pourquoi Darcy Lewis est en fâcheuse posture. Je ne vous spoilerai pas l'explication. Toutefois, il y a un cliffhanger qui annonce un match retour dangereux avec l'autre fil rouge de la série, ce fameux minerai résistant à la magie (que Wanda a fait expertiser par sa soeur Polaris) et qui pourrait jouer un rôle décisif par la suite. Il semble en effet clair que le scénariste veuille exploiter cet élément sur le long terme.

En tout cas, Scarlet Witch confirme tout le bien qu'on peut penser de cette série, qui redonne du lustre et de l'intérêt à un personnage tourmenté par beaucoup de scénaristes, jusqu'à la caricature. Si cela pouvait aussi inspirer Kevin Feige pour le MCU et nous donner le plaisir de revoir Elizabeth Olsen dans un registre aussi abouti, ce serait parfait.

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