mercredi 5 janvier 2022

BATMAN #119, de Joshua Williamson, Jorge Molina et Mikel Janin

 

Pour cette deuxième partie (sur quatre) de l'arc Abyss, Joshua Williamson mais aussi Jorge Molina déçoivent sévèrement. C'est la douche froide après l'épisode de Batman du mois dernier qui partait bien et vite. Non seulement l'intrigue progresse très peu (pour ne pas dire pas du tout) mais graphiquement, ça ne vole pas haut, à part, ironiquement, les cinq planches assurées par Mikel Janin.



Batman découvre que Lex Luthor est devenu le nouveau mécène de Batman Inc. et qu'il est au courant des déconvenues financières de Bruce Wayne. Des hommes en armes surgissent et tentent d'arrêter Batman sur ordre de Lex. Peine perdue : le justicier les neutralise et disparaît.


Bruce Wayne retrouve Lex dans ses appartements en Badhnisia. Autour d'un vin hors de prix, Luthor explique que ses récentes expériences lui ont appris que le monde a besoin de héros, mais que ceux-ci ont besoin d'un vrai leader. Wayne préfère se retirer après avoir compris les ambitions de Lex.


Au commissariat, des agents déplacent le corps de Abyss pour le remettre aux experts de Luthor. Batman le leur soustrait pour examiner le cadavre et comprend que quelque chose cloche. Abyss n'est pas mort et l'attaque.


Gravement blessé, Batman est retrouvé dans la salle d'autopsie par la détective Cayha. Mais Batman ne peut se déplacer car non seulement il est mal en point mais aveugle...

Commençons par le gros point noir (si j'ose dire pour parler d'une histoire impliquant un méchant et un héros appréciant les ténèbres) : le dessin. J'étais heureux que Jorge Molina rejoigne DC et ait le privilège de dessiner Batman car c'est un artiste dont j'apprécie style et il me semblait qu'il manquait de reconnaissance. Mais que dire de sa prestation sur cet épisode ?

Tout d'abord, une nouvelle fois, il n'assure pas l'intégralité des pages. Mikel Janin joue encore les pompiers de service et cette fois il signe cinq pages (8 à 12), soit un quart de l'épisode. En soi, ça ne me chagrine pas car j'apprécie Janin, qui a accompli un boulot remarquable durant le run de Tom King et que depuis, il n'a pas retrouvé une série fixe (il n'a fait que passer sur Wonder Woman, et a connu des difficultés sur Superman & the Authority). N'empêche, est-ce bien normal (tolérable ?) à la fois que Janin soit cantonné à un rôle de doublure de luxe ? Et surtout que Jorge Molina ne puisse pas dessiner 20 pages tout seul ?

Circonstance aggravante en quelque sorte, Molina est assisté d'Adriano di Benedetto à l'encrage, pour le soulager. Le résultat n'est pas très heureux avec des expressions du visage souvent ratées, une absence récurrente de décors, des finitions douteuses.

Il n'y a pas besoin d'être professeur de dessin pour noter qu'un artiste de comics, qui a du mal à tenir ses délais, apprécie deux choses : les scènes de bataille générant beaucoup de fumée, qui lui permettent de négliger les arrière-plans, et les scènes nocturnes ou dans l'obscurité, pour les mêmes raisons. Avec Abyss, un méchant qui mise sur l'absence de lumière pour frapper ses adversaires, c'est une véritable aubaine et donc on a droit à plusieurs pages d'affilée où Molina n'a pas à se soucier du décor puisque Batman et son ennemi se meuvent dans le noir.

Reste que, quand on compare la quinzaine de pages de Molina avec les cinq de Janin, ce n'est pas en faveur du premier car Janin nous gratifie d'un intérieur luxueux pour le dialogue entre Wayne et Luthor quand Molina semble totalement à la rue pour le reste. Et il reste deux épisodes... 

Deux épisodes, c'est aussi ce qui reste à Joshua Williamson pour conclure cette histoire. Un arc court est toujours appréciable car s'il est dense et efficace, le lecteur ne se sent pas floué. Mais le souci ici, c'est que le scénariste n'avance guère.

Les rebondissements sont téléphonés : Luthor agit comme un filou ? Quelle surprise ! Wayne refuse de s'allier à lui ? Bigre ! Abyss n'est pas mort ? Sans blague ! A ce rythme-là, que Williamson n'espère pas nous étonner avec la victoire finale de Batman... Je suis sarcastique, mais je suis surtout mécontent. Sachant qu'une fois cet arc terminé on va avoir droit à un crossover avec les séries Robin et Deathstroke (la saga Shadow War), ce n'est pas très engageant. A tout prendre, j'aurai préféré que Williamson balance son crossover pour commencer et s'attache à Batman seul ensuite. Cela aurait donné du temps à Molina pour compléter ses épisodes et le lecteur qui aurait zappé Shadow War aurait profité d'une pause après le run de Tynion IV.

De quoi alimenter la rumeur selon laquelle Williamson n'écrirait Batman qu'un temps en attendant que DC n'installe un scénariste côté pour un plan à long terme ensuite. En tout cas, je suis refroidi (et finalement Batman se retrouve dans une position similaire à Justice League pour laquelle on ne sait toujours pas qui succédera à Bendis. A moins donc d'un jeun de chaises musicales : Bendis cède la JL à Williamson qui lui cèdera Batman ?).

Je m'arrête là avant de m'énerver et de me perdre en spéculations qui n'ont rien à voir avec ce Batman #119. Je n'ai pas aimé cet épisode, j'ai été très déçu. Je vais poursuivre et terminer cet arc. Et après, on verra (même si, c'est sûr, Shadow War, ce sera sans moi).

P.S. : ce numéro est agrémenté d'une back-up story à suivre qui prolonge la défunte série Gotham Academy. Karl Kerschl écrit, dessine et lettre... Et ça aussi, ça m'a bien énervé car Kerschl trouve le temps pour ça alors qu'il a planté les lecteurs de Isola (la série qu'il illustre et co-écrit avec Brendan Fletcher chez Image) depuis....Février 2020 ! Dans le genre foutage de gueule, ça se pose là !

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