vendredi 30 mars 2018

THE TERRIFICS #2, de Jeff Lemire, Ivan Reis et José Luis


Après l'excellente surprise du premier épisode, The Terrifics allait-elle confirmer ses promesses ? Affirmatif ! Jeff Lemire est toujours dans une forme pétaradante, accompagné d'Ivan Reis qui est ici aidé pour quelques pages de José Luis.


Dans le Dark Multiverse, les Terrifics ont découvert, vu et entendu le message laissé par Tom Strong les avertissant d'une grave menace qu'ils doivent empêcher de sévir car il est mort en voulant le faire. Mais aucun des héros ne sait qui est Strong et de quoi il parle. Mr Terrific en profite pour interroger Phantom Girl sur son séjour dans cette dimension afin qu'elle puisse peut-être éclaircir la situation.


Linnya explique qu'enfant elle était en voyage avec ses parents dans les parages avant que leur vaisseau soit pris dans une tempête. Placée dans une capsule de survie, elle échoua sur le corps du géant mort où ils se trouvent tous aujourd'hui. Mr Terrific arrache l'antenne-relais de Tom Strong avec l'aide Plastic Man et Metamorpho et c'est alors que le sol se met à trembler. Plastic Man s'étire et prévient ses amis que le géant n'est pas mort et se réveille !


Ils prennent alors la fuite mais le géant les poursuit, et ils franchissent le portail dimensionnel ouvert par Stagg. Mr Terrific le referme in extremis et en retire la clé pour que son rival ne l'utilise plus. Metemorpho étreint Sapphire Stagg sous les regards attendri de Phantom Girl et sarcastique de Plastic Man.


Mais Phantom Girl découvre alors qu'elle a recouvert son état solide... Ce qui a pour effet de faire exploser tout ce qu'elle touche et de l'obliger à redevenir intangible. Mr Terrific remonte dans son vaisseau pour aller examiner l'antenne-relais de Tom Strong dans son laboratoire mais promet de revenir pour soigner Linnya.
  

A peine s'est-il éloigné du domaine de Stagg que Mr Terrific de son côté et ses trois acolytes du leur sont traversés par une terrible douleur. Obligé d'atterrir en catastrophe, Mr Terrific en déduit rapidement que quelque chose s'est passé dans le Dark Multiverse qui les oblige désormais à rester ensemble !

Un des charmes du premier épisode était sa vitesse narrative : tout s'y déroulait comme si Jeff Lemire calquait son écriture sur la manière de rédiger un script dans les années 60, en exposant et développant à toute allure une situation, en réunissant héros et vilains, en les propulsant dans une aventure échevelée. La question se posait alors de savoir si l'auteur allait garder ce tempo ou en faire le rythme de la série.

Le deuxième chapitre des Terrifics (même si le quatuor n'a pas encore adopté un nom d'équipe) part sur les mêmes bases et maintient ce swing entraînant qui est à la fois rafraîchissant et exigeant (car il ne suffit pas d'enchaîner les péripéties, il faut aussi ajouter du sens à l'histoire).

Le séjour dans le Dark Multiverse ne dure pas longtemps puisque les quatre protagonistes en sortent avant le terme de l'épisode, mais ce voyage, si bref soit-il, va changer profondément la dynamique de leur formation. Phantom Girl ne bénéficiait ainsi que de quelques pages : ici, on apprend ses origines, la raison de sa présence dans cette zone, et l'on découvre à son retour dans notre dimension que ses pouvoirs ont muté de manière spectaculaire et instable. Idem pour ce mystérieux géant apparemment mort qui servait de planète où faisaient connaissance les trois garçons avec la fille : il se réveille subitement et il s'en faut de peu pour qu'il n'envahisse notre monde après une fuite trépidante (où Metamorpho pourrait presque se fendre d'un "It's a clobberin' time !"). Tom Strong ? Il demeure une énigme dans le récit mais amené à être éclairci.

Toutefois l'élément le plus déterminant de cet aller-retour dans le Dark Multiverse est l'impact qu'il a donc sur l'équipe elle-même, désormais, littéralement, dans l'incapacité de se séparer ! Lemire garde des cartouches et n'explique pas pourquoi, mais on retrouve là le motif à la base de son (excellente série) Black Hammer où les circonstances obligent aussi les héros à rester ensemble, contraints et forcés. Même s'il est impossible que Lemire ait su que Chip Zdarsky avait imaginé que les Fantastic Four s'affaiblissaient en restant séparés longtemps comme il le raconte dans Marvel Two-in-One, cette façon de coller le groupe des Terrifics est troublante de ressemblance. Ce n'est plus une cause commune qui les agrège, mais la nécessité vitale.

Lorsque la preview de cet épisode a été diffusée, on a pu remarquer qu'Ivan Reis n'en dessinait pas la totalité puisque José Luis était mentionné comme second artiste. Que les fans du premier se rassurent : Reis aligne quand même 14 planches sur les 20 que compte le numéro et il produit un merveilleux travail, riche en détails, d'une énergie intacte. Le brésilien est en forme, mais sachant qu'il cède sa place au prochain épisode, il est possible qu'il ait préféré être secondé pour préparer son prochain projet (l'épisode de la mini-série Man of Steel puis le Superman de Bendis).

José Luis effectue un boulot impeccable, son style collant au plus près de celui de Reis, si près d'ailleurs qu'on remarque à peine quand la liaison s'opère à la quinzième page jusqu'à la vingtième. La qualité reste identique, l'expressivité des personnages, le souci des décors, le découpage, rien ne troublera votre lecture.

(N.B. : il semble d'ailleurs que la série connaîtra des fill-in dans un futur proche, puisque Evan Shaner officiera comme prévu dès le #4, mais Dale Eaglesham est prévu pour, au moins, le septième épisode.)

A la fois, encore, exercice de style épatant et avancée notable, ce nouveau chapitre confirme que The Terrifics est un comic-book extrêmement plaisant, avec cette touche old school dans la narration que vient contrebalancer un dessin tonique et fourni.

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