mardi 19 février 2013

Critique 377 : SPIDER-MEN, de Brian Michael Bendis et Sara Pichelli

Spider-Men est (la première partie d')un crossover en cinq épisodes entre les séries Amazing Spider-Man et Ultimate Spider-Man, écrit par Brian Michael Bendis et dessiné par Sara Pichelli, publié en 2012 par Marvel Comics.
*
Une nuit, Spider-Man (alias Peter Parker) découvre par hasard une planque de son son ennemi Mysterio. Les deux hommes s'affrontent jusqu'à ce que le héros soit aspiré dans un portail dimensionnel mis au point par son adversaire. Il se retrouve, en plein jour, sur les toits de New York mais devine vite que ce n'est pas la ville qu'il connaît. Cette impression se confirme rapidement après lorsqu'il rencontre une version alternative de lui-même : Ultimate Spider-Man (alias Miles Moralés).



La rencontre de Spidey et
Ultimate Spider-Man. 

Contre toute attente, le plus jeune des Spider-Men neutralise son aîné. Désemparé, il s'en remet au SHIELD et Nick Fury qui croit à l'histoire de Peter Parker.
Mais Ultimate Mysterio est aussi décidé à faire d'une pierre, deux coups en tuant les deux Tisseurs...
Pour Peter Parker, c'est aussi l'occasion de retrouvailles avec les versions de Tante May et Gwen Stacy qui ont vécu la mort de leur neveu et ami dans cet univers...

Des "retrouvailles" bouleversantes...
*
Joe Quesada, quand il était editor-in-chief de Marvel, avait promis que jamais un crossover entre les univers classique (dit 616) et Ultimate n'aurait lieu puisque ce dernier avait été précisément conçu de manière à revisiter le premier de façon autonome et en s'affranchissant des limites habituelles (par exemple, les morts le restaient, les caractères y étaient différents et plus tranchés - des promesses pas toujours tenues, mais c'est une autre histoire).
Aujourd'hui, les choses ont bien changé avec l'influence manifeste de l'univers Ultimate sur les films produits par la maison des idées (ou les autres majors détentrices des droits de leurs personnages), mais aussi avec un net déclin des ventes des séries Ultimate (et de leur qualité artistique - Ultimate Spider-Man restant l'exception). Des rumeurs circulent même sur l'imminente disparition de cette collection...
Le tabou édicté par Quesada ne tenait plus et le fait que Brian Michael Bendis, scénariste-vedette de Marvel, brillant (au moins commercialement aussi bien dans la gamme classique qu'Ultimate), s'occupe de ce crossover est un signal fort pour la suite.

Maintenant, que vaut réellement cette histoire ? Pour être concis, elle est d'abord frustrante : une fois arrivé au terme du 5ème épisode, on a droit à une chute aussi énigmatique qu'ouverte, et l'annonce, par le scénariste, qu'une suite allait voir le jour (certainement avant la fin 2013) confirme qu'il s'agit d'un prologue.
Que ce prologue compte cinq chapitres n'est pas un gros problème : le savoir-faire de Bendis, l'efficacité de l'intrigue, le rythme de son déroulement, la caractérisation bien sentie des protagonistes, et des pistes intéressantes (comme la véritable nature d'Ultimate Mysterio ou le présence d'un Miles Moralés dans l'univers 616), font de ce récit un divertissement très agréable.
Par ailleurs, une séquence comme les "retrouvailles" entre Peter Parker et Tante May et Gwen Stacy est sobrement et remarquablement traitée, touchante sans être mièvre, joliment juste.
Il est évident que ce qui a le plus intéressé Bendis est davantage la découverte par Peter Parker de l'univers Ultimate que l'affrontement avec Mysterio. Pour ce qui est des scènes d'action traditionnelles, c'est un peu maigre donc (même si le face-à-face entre les deux Tisseurs est un petit plaisir, avec un résultat inattendu).
Mais c'est vrai, ne le cachons pas (même si, comme moi, on aime le travail de Bendis), ç'aurait pu être mieux, plus fort, plus intense, plus dense, plus riche. C'est un premier acte... Qui ne s'appréciera vraiment qu'avec le prochain, lui-même décidant de la qualité globale de ce crossover.
*
Visuellement, en revanche, ces cinq épisodes sont un vrai régal. Sara Pichelli, l'artiste régulière désormais d'Ultimate Spider-Man, est une dessinatrice de haut niveau, qui sait animer ses personnages avec un talent confondant, comme si elle était née pour le Tisseur (sans doute la meilleure actuellement avec Marcos Martin).
L'expressivité subtile qu'elle sait donner aux acteurs, son sens de la composition, la fluidité de ses découpages, tout est exemplaire : on voit vraiment une graphiste arrivée à maturité, en pleine possession de ses moyens - et encore, elle en a sous le crayon, c'est évident.
Même la colorisation, parfois chargée, de Justin Ponsor ne parvient pas à gâcher la vue.
*
Divertissant, bien mené, mais quand même frustrant : on reste un peu sur notre faim, mais la suite (et fin ?) sera attendue avec gourmandise - et avec elle, la fin de l'aventure Ultimate peut-être, ce qui en soulignerait l'aspect évènementiel.

Aucun commentaire: