mardi 31 octobre 2023

ALL-NEW X-MEN, TOME 4 : DEMENAGEMENT, de Brian Michael Bendis, Stuart Immonen, Brandon Peterson, Mahmud Asrar et Brent Anderson

 

Comme je vous l'ai annoncé, cette rétrospective sur les X-Men par Brian Michael Bendis va alterner les critiques des tomes de All-New X-Men et Uncanny X-Men après X-Men : Battle of the Atom. Et donc me voilà, neuf ans après, à reprendre mes analyses sur All-New X-Men avec ce tome 4 intitulé Déménagement (All-Different en vo) où le scénariste doit traiter des conséquences du crossover en compagnie de Stuart Immonen (pour l'épisode 18), Brandon Peterson (pour l'épisode 19), Mahmud Asrar (qui vient aider Peterson sur l'épisode 20) et Brent Anderson (qui signe les premières pages de l'épisode 21).

Pour être complet : ce tome 3 comprend aussi un épisode anniversaire intitulé X-Men Gold, mais qui n'a aucun rapport avec l'histoire en cours et que j'ai choisi de zapper par conséquent.

Et comme pour le crossover, j'ai choisi pour le confort de lecture d'appeler les X-Men du passé (Young Cyclops, Marvel Girl, Young Iceberg, Young Beast, Young Angel) transportés par le Fauve les O5 (pour Original Five) quand je les désigne en tant que groupe.



Magik téléporte Kitty Pryde et les O5 au QG des Uncanny X-Men dans l'ancien base de l'Arme X. Angel retrouve ses amis avec joie puis tous s'installent dans leurs quartiers de la nouvelle école Charles Xavier. Le Fauve est plutôt mal à l'aise à l'idée de cohabiter avec Magneto tandis que Iceberg tombe de fatigue et que le jeune Cyclope cherche ses marques. Marvel Girl en revanche doit subir le mauvais accueil des Stepford Cuckoos qui la considèrent comme l'ennemie de Emma Frost. Magik dote les O de nouvelles tenues. 


Une alerte Cerebro conduit Magik, Kitty et les O5 en Floride où ils viennent au secours d'une jeune mutante pourchassée par les Purificateurs, un groupe anti-mutant lourdement armé. Pendant que l'équipe les corrige, Kitty poursuit la jeune mutante et l'identifie...


... Il s'agit de Laura Kinney/X-23, la clone de Wolverine. Mais elle refuse de rester à la base des Uncanny X-Men. Le jeune Cyclope l'apaise et elle accepte de mener l'équipe jusqu'au repaire des Purificateurs où elle a été torturée et dont elle venait de s'échapper et dont elle venait de s'échapper.


Quelques années auparavant, le révérend William Stryker confie son fils à l'A.I.M. pour que les scientifiques en fassent une arme vivante contre les mutants. Aujourd'hui, grâce à ses pouvoirs, il capture les O5. Mais ceux-ci réussissent à se libérer et à le vaincre après qu'il ait fourni à Monica Rappaccini de l'AIM des échantillons de leurs ADN.

Bon, on ne va se voiler la face : ce n'est pas bon. Non seulement il y a peu à lire (quatre malheureux épisodes) mais Brian Michael Bendis n'a surtout pas grand-chose à raconter. Tout est ici prétexte à ajouter un membre au groupe d'élèves sous la responsabilité de Kitty Pryde.

Sans surprise, l'épisode 18 qui ouvre ce tome 4 est le meilleur du lot. D'abord parce qu'il est dessiné par Stuart Immonen. L'artiste canadien est alors en pleine forme, il enchaîne les épisodes à une vitesse folle (la série est quasiment bimensuelle) et il anime les personnages avec un talent indiscutable. On peut discuter du bon goût des designs des nouveaux costumes dont il affuble les O5 qui ne sont pas son meilleur travail mais en même temps Bendis justifie cette séance de relooking de manière amusante.

Immonen et Bendis s'entendent très bien, le génie du premier complétant à merveille la sensibilité du second. En une succession de scènes courtes, on peut apprécier la justesse avec laquelle les relations entre les nouveaux arrivants et les mutants déjà présents au sein des Uncanny X-Men sont exploitées.

Le Fauve est visiblement mal à l'aise car il doit cohabiter avec Magneto qu'il a toujours eu comme ennemi et dont il peine à comprendre comment Scott Summers peut être devenu son allié. On remarquera lors de cette scène que sur les écrans de contrôle apparaît Dazzler quand elle exerçait son métier de chanteuse : le clin d'oeil est subtil quand on sait que Mystique a usurpé l'identité de Alison Blaire au sein du SHIELD.

Iceberg est conduit dans sa chambre par Eva Bell/Tempus et ne peut s'empêcher de confier les émotions fortes qu'il a vécues récemment... Avant de s'apercevoir que la jeune femme n'est plus dans la pièce. Et puis surtout il y ce formidable échange entre la jeune Jean Grey et les Stepford Cuckoos, en particulier Celeste, qui ne cache pas à quel point elle déteste Marvel Girl car elle a failli tuer Emma Frost. Le décalage entre le vécu de Celeste et ses "soeurs" et celui de Jean aboutit à un moment qui révèle le malaise incarné par ces mutants venus du passé pour tenter d'empêcher une catastrophe et dont personne ne sait quoi faire désormais.

Il y a un autre joli moment entre Magik et Kitty à l'occasion duquel les deux amies se confient sur ce qui les a éloignées l'une de l'autre et le plaisir de se retrouver. Immonen réussit impeccablement à montrer la maladresse qui s'empare de Magik quand elle veut étreindre Kitty qui, surprise, "phase" et qui donc provoque la chute d'Ilyana. C'est quelque chose qui paraît tout bête à représenter mais qui est en vérité très délicat à dessiner correctement.

Le reste est, autant narrativement que graphiquement, beaucoup moins heureux. D'abord en trois épisodes, on voit Brandon Peterson incapable d'enchaîner. Il est aidé par Mahmud Asrar (qui ne se doutait pas qu'il remplacerait Immonen deux arcs plus loin) puis Brent Anderson signe les premières pages du dernier numéro de ce tome.

Le souci, c'est que le style de Peterson n'est pas très plaisant à l'oeil avec un trait saturé de lignes inutiles, des corps et des visages improbables. Asrar est encore loin d'afficher un niveau correct et surtout on voit bien qu'il a été appelé en catastrophe pour dépanner et donc ses planches sont honnêtes mais un peu "rushés". 

En ce qui concerne Brent Anderson, il s'agit plus d'un clin d'oeil que d'un vrai fill-in : il ne réalise que peu de pages et Bendis a dû vouloir qu'il les dessine car il fait référence au graphic novel God Loves, Man Kills (Dieu aime, l'homme détruit en vf), un classique écrit dans les années 80 par Chris Claremont, qui posait un regard très cru, dur et adulte sur les mutants.

Mais Bendis se montre particulièrement gauche pour ce renvoi. Tout ce petit arc a du mal à convaincre, et en tout cas rien ne justifie qu'il y consacre trois épisodes entiers. Tout ça n'est qu'un prétexte pour introduire X-23, le clone de Wolverine, et en faire un membre des All-New X-Men. Pourquoi pas ? Mais pas comme ça. D'autant qu'on n'entendra plus parler ensuite de l'implication de l'AIM, des ADN prélevés sur les O5 par le fils Stryker.

Heureusement, par la suite, Bendis prouvera qu'il n'a pas intégré X-23 pour rien. Le personnage apportera une dynamique intéressante à la série et le scénariste en jouera sur plusieurs plans. D'ailleurs, l'arc suivant chamboulera la série de manière conséquente. Mais ça, ce sera pour une prochaine critique... Stay tuned !

X-MEN : BATTLE OF THE ATOM, de Jason Aaron, Brian Michael Bendis, Brian Wood, Frank Cho, Stuart Immonen, David Lopez, Chris Bachalo, Esad Ribic, Guiseppe Camuncoli


X-Men : Battle of the Atom est un crossover impliquant quatre séries mutantes. L'histoire est encadrée par un prologue, dessiné par Frank Cho (et Stuart Immonen sur les dernières pages), et un épilogue, dessiné par Esad Ribic (avec l'aide de Guiseppe Camuncoli et Stuart Immonen). Le scénario est co-écrit par Jason Aaron, Brian Michael Bendis et Brian Wood. Les autres artistes sont David Lopez et Chris Bachalo.

N.B. : Pour simplifier le résumé, j'ai décidé d'utiliser l'abréviation O5 (Original 5 : Young Cyclops, Marvel Girl, Young Iceberg, Young Angel, Young Beast) pour désigner les cinq premiers X-Men déplacés du passé au présent par le Fauve (dans sa version moderne).


Cerebro, à l'école Jean Grey, a détecté l'émergence d'un nouveau mutant et Kitty décide d'intervenir en emmenant les O5. Mais une fois sur place, après avoir raisonné la mutante, ils sont attaqués par des Sentinelles. Heureusement l'équipe des Uncanny X-Men intervient. Mais Young Cyclops est gravement blessé et Cyclope adulte disparaît alors comme s'il cessait d'exister. Triage guérit Young Cyclops et Cyclope adulte réapparaît. Cet incident convainc Kitty qu'il est temps que les O5 retournent dans le passé. C'est alors que surgissent des X-Men du futur menés par le fils de Charles Xavier.


Les X-Men du futur veulent également que les O5 repartent. Mais Marvel Girl et Young Cyclops flairent une embrouille et prennent la fuite pour trouver refuge et demander de l'aide auprès des Uncanny X-Men. Magik se téléporte sans dire où elle se rend.
 

Les X-Men du futur et l'équipe de Wolverine remontent la trace des deux fugitifs et tentent de les soustraire aux Uncanny X-Men. Une bagarre éclate et s'achève avec la défaite de l'équipe de Cyclope. Magik, elle, surgit à l'école Jean Grey et embarque Young Iceberg et Young Beast.



Magik transporte Young Iceberg et Young Beast dans le futur d'où viennent les X-Men menés par le fils du Pr. Xavier. Ils apprennent que ce groupe est en fait la dernière émanation de la Confrérie des Mauvais Mutants qui désirent renvoyer chez eux les O5 pour éviter un drame dans le futur.


La Confrérie et l'équipe de Wolverine rentrent à l'école Jean Grey pour renvoyer Young Cyclops et Marvel Girl dans le passé, mais Jubilé leur apprend que Magik a disparu avec Young Iceberg et Young Beast. La Confrérie neutralisent alors l'équipe de Wolverine à l'exception de Psylocke qui prend la fuite.


Revenus auprès des Uncanny X-Men avec Young Iceberg, Young Beast et les vrais X-Men du futur, Magik résume la situation et il est décidé de neutraliser la Confrérie. L'attaque qui est menée oblige la Confrérie à battre en retraite en prenant les O5 en otage. Ils filent direction de Cape Citadel mais leur fuite attire l'attention du SHIELD.


Les Uncanny X-Men, la bande à Wolverine et les X-Men du futur suivent la Confrérie et une nouvelle bataille éclate pour libérer les O5. Depuis l'héliporteur du SHIELD, Maria Hill observe la situation dégénérer et décide de prendre des mesures radicales.


La directrice du SHIELD lâche des Sentinelles en espérant faire cesser les hostilités. Mais la Confrérie, acculée, se déchaîne de plus belle. Xorn, sous le masque duquel se cachait la Jean Grey du futur, provoque une gigantesque explosion dans laquelle elle meurt mais détruit les Sentinelles. Une fois le calme revenu, la Confrérie a filé. Les Uncanny X-Men fuient pour ne pas être arrêtés. Mais de retour à l'école Jean Grey, Kitty Pryde exprime sa déception contre l'attitude de ses amis, qui n'ont pas su protéger les O5. Elle décide alors de rejoindre les Uncanny X-Men avec les O5 et Magik les téléporte.

X-Men : Battle of the Atom a dix ans (sa parution a débuté en Octobre 2013). Et dix ans après, je n'ai pas changé d'avis à son sujet : c'est un crossover pénible à lire et encore plus à résumer. Mais commençons par le commencement.

S'il est vrai que l'histoire a surtout impacté les deux séries pilotées par Brian Michael Bendis, avec le choix de Kitty Pryde et des O5 de changer de domicile, passant de l'école Jean Grey dirigée par Wolverine à l'école Charles Xavier refondée par Cyclope, l'idée de ce crossover vient pourtant de Jason Aaron.

Quelle était l'idée de Aaron ? Ce n'est que ma version, je peux donc me tromper, mais je pense que le scénariste de Wolverine and the X-Men n'appréciait pas le fait que les O5 soient dans l'école Jean Grey. Si j'avance cette hypothèse, c'est en m'appuyant sur un fait simple : Aaron n'a jamais montré les O5 dans Wolverine and the X-Man, hormis une très courte scène dans l'épisode 24 quand Quentin Quire surprend la jeune Jean Grey un soir dans la cour de l'école alors que les professeurs sont sortis se détendre. 

C'est la seule et unique fois où il mentionne leurs présences dans les murs de l'établissement et par extension dans la série. Il ne fera pas non plus allusion au fait que Kitty Pryde, pourtant directrice de l'école et engagée dans une relation romantique avec Bobby Drake/Iceberg.

Il faut aussi rappeler une chose : l'écriture collégiale de l'event Avengers vs. X-Men a motivé les auteurs à exprimer leurs difficultés à se partager ce travail. Il est clair qu'à l'époque certains occupaient une position dominante et que les autres devaient se contenter de suivre les plans des premiers (Ed Brubaker expliqua qu'il devait rédiger le script d'un épisode puis on lui en confia un autre à la dernière minute). Et, là encore, je pense que Brian Michael Bendis et Jason Aaron se sont disputés implicitement la place du chef d'orchestre (à l'époque ni Jonathan Hickman, ni Matt Fraction, ni Ed Brubaker ne pouvaient prétendre avoir autant d'influence).

Bref, quand Battle of the Atom a été programmé éditorialement, Marvel a compris qu'il fallait changer de méthode et revenir à une écriture plus traditionnelle. Autrement dit, Aaron et Bendis se mettraient d'accord sur les termes mais ensuite chacun écrirait les épisodes correspondant à ses séries. On imagine que Brian Wood dans tout ça n'a pas eu son mot à dire.

D'ailleurs, le premier problème à la lecture de Battle of the Atom provient de l'implication de la série X-Men écrite par Wood. Lancée quatre mois auparavant, elle était fondée sur une idée gadget au possible, c'est-à-dire une formation exclusivement féminine des X-Men, prolongement du précédent volume du titre déjà écrit par Wood (mais qui comportait des personnages différents comme Domino, Pixie et Colossus en plus de Tornade). Marvel semblait pourtant y croire assez fort puisque Olivier Coipel accompagna Wood sur le premier arc de la série avant d'être remplacé par David Lopez (qui malgré tout son talent n'avait pas la popularité de son confrère français).

Objectivement, vous enlevez les deux chapitres de X-Men à Battle of the Atom et vous ne perdez rien. L'action qui s'y déroule aurait très pu être intégrée dans les pages de All-New X-Men et Uncanny X-Men de Bendis sans problème.

Ensuite, il y a ce qui se joue dans les pages de Wolverine and the X-Men. Les épisodes concernés sont les n° 36 et 37, on est donc à la fin du run de Aaron (qui s'est achevé au n° 42), et pour souligner à quel point Aaron s'est fichu de cet crossover, c'est qu'en lisant l'omnibus de Wolverine and the X-Men (ou la vf en Marvel Deluxe), ces épisodes n'y figurent pas. Et ça passe crème.

En réalité, Battle of the Atom est une initiative comme Marvel en raffole mais qui désole bien des fans : il s'agit de raconter en beaucoup (trop) d'épisodes une histoire qui n'en exigeait pas tant mais qui permet à l'éditeur d'obliger les lecteurs à se procurer trois séries et dix épisodes au total. Pour le coup, ça revient vraiment à prendre les fans pour des vaches à lait.

Logiquement, donc, c'est Bendis qui profite le plus de l'issue de cette intrigue puisqu'il procède au déménagement des O5 et de Kitty Pryde. Mais le procédé est grossier car il donne le sentiment que les O5 sont des personnages qu'on trimballe de série en série, des sortes de mutants S.D.F.. Ils continueront leurs aventures dans leur titre dédié, All-New X-Men, mais demeureront singulièrement absents des pages de Uncanny X-Men comme ils l'étaient de celles de Wolverine and the X-Men. Tout ça pour ça en somme.

A part la Confrérie des Mauvais Mutants du futur, qu'on reverra ensuite, tout le reste ne laissera guère de traces, si ce n'est le fait que le SHIELD possède des Sentinelles prêtes à l'emploi, qui préoccuperont aussi bien Cyclope que Wolverine.

Visuellement, c'est aussi très inégal. Frank Cho dessine le prologue mais, comme souvent, il a pris du retard et c'est Stuart Immonen qui jouera les pompiers de secours en le terminant. Immonen est celui qui va produire les épisodes les plus aboutis du crossover : le canadien est dans une forme olympique et ne ménage pas sa peine en animant un casting très fourni, des scènes d'action en pagaille, dans des décors très soignés.

Chris Bachalo tire un peu plus la langue sur Uncanny X-Men mais en grand professionnel s'acquitte de sa tâche bravement (même si on devine que tout cela ne l'inspire pas beaucoup). En revanche, Guiseppe Camuncoli, appelé pour s'occuper des épisodes de Wolverine and the X-Men, livre une copie médiocre, avec des pages mal fichues, souvent bâclées, où on sent qu'il n'a pas eu assez de temps. Et que dire de Esad Ribic sur l'épilogue où il doit recevoir le renfort de Camuncoli et (encore !) Immonen (qui paraît vraiment fatigué).

Bref, c'est pas bon. Mais heureusement, Wolverine and the X-Men enchaînera brillamment. Et All-New X-Men et Uncanny X-Men rebondiront efficacement. X-Men retrouvera sa routine, sans jamais décoller.

lundi 30 octobre 2023

MATTHEW PERRY (1969 - 2023) : un ami pour la vie...

 

Matthew Perry est mort Samedi 28 Octobre 2023. Il avait 54 ans.
Et, je sais pas pour vous, mais moi, c'est comme si j'avais perdu un ami.


D'habitude je réserve ce genre d'hommage à des créateurs de comics, mais je pouvais concevoir de ne pas saluer la mémoire de Matthew Perry qui m'a accompagné depuis presque trente ans dans ma vie de téléspectateur fan de séries. Personne, et surtout par un amoureux de la série Friends, ne pourra oublier Chandler Bing, un des personnages les plus drôles et touchants que la sitcom américaine aura créé.


Matthew Perry est né en 1969 et après le divorce de ses parents, fait ses études au Canada où il aura comme camarade de classe un certain Justin Trudeau, futur Premier Ministre. Mais les études ne le passionnent pas et à 15 ans, il gagne Los Angeles pour tenter de percer comme acteur. Quatre ans plus tard, en 1988, il est remarqué dans le film Jimmy Reardon où il a pour partenaire le regretté River Phoenix.

Il enchaîne les rôles secondaires et les apparitions dans plusieurs séries à succès de l'époque. On peut le voir dans Madame est servie, Quoi de neuf, docteur ?, Beverly Hills ou Dream On.


En 1994, il passe le casting pour une sitcom : Friends. Il est retenu pour jouer Chandler Bing, un jeune homme sarcastique, ami d'enfance de Ross et Monica Geller, et co-locataire de Joey Tribiani, un acteur de soap opera. La bande est complétée par Phoebe Buffay, une excentrique, et Rachel Green, fille de bonne famille qui cherche un toit après avoir quitté son fiancé devant l'église où ils devaient se marier.

Friends devient plus qu'un succès : un phénomène de société. Les six acteurs - Perry, Courteney Cox, Lisa Kudrow, Jennifer Aniston, David Schwimmer et Matt LeBlanc - en sont les stars. Chaque épisode est tourné en studio devant un public. Mais il y a un revers à la médaille pour Perry : perfectionniste et anxieux à l'extrême malgré son génie d'improvisateur, il redoute toujours de ne pas faire rire et en conçoit une panique envahissante. Il va alors sombrer dans l'addiction aux opiacés pour se calmer, puis l'alcool.

Lorsque, avec le recul, on revoit les dix saisons de Friends, on remarque que Perry change physiquement, parfois au cours d'une même année. Au gré de cures de désintoxication (il racontera dans son autobiographie en avoir suivi 65 !), il perd puis regagne du poids. Pourtant sur le plateau de tournage, il est toujours impeccable et plusieurs fois ses partenaires et les showrunners de la série expliqueront qu'il a sauvé des scènes en improvisant des répliques ou en supportant ses camarades de jeu tout en ravissant le public présent.

La troupe se sépare en 2004 et chacun part tenter sa chance sur le grand écran. Perry à déjà donné la réplique à Salma Hayek (Coup de foudre et conséquences), Neve Campbell (Un de trop), et surtout Bruce Willis (Mon Voisin le tueur) qu'il convaincra de venir participer à plusieurs épisodes de Friends - tout comme Julia Roberts, un temps sa compagne..

Dans un premier temps, Perry a la chance avec lui : il brille dans Ally McBeal (2002), A la Maison-Blanche (2003), Scrubs (2003), et sur les planches (dans une pièce de David Mamet). Après trois années de vache maigre, il revient en force dans Studio 60 on Sunset Strip mais la série est annulée. Puis en 2011 il fait un come-back remarqué dans Mr. Sunshine puis l'année suivante dans Go On. Toutefois, c'est en 2014 que les planètes s'alignent à nouveau : il co-créé, co-produit et tient le premier rôle dans The Odd Couple, remake d'un show dont il était fan. 

En 2015, les fans de Friends se prennent à rêver à une onzième saison quand Perry renoue avec Courteney Cox dans la série dont elle est la vedette, Cougar Town, puis avec Lisa Kudrow dans Web Therapy. Mais la réunion tant attendu des six se déroulera en 2021 pour une émission spéciale, Friends : les retrouvailles, où ils reviennent sur leur expérience sur la série.


Toutefois le spectacle s'avère assez triste. Entre Jennifer Aniston et Courteney Cox défigurées par un abus de chirurgie plastique, et la complicité intacte avec David Schwimmer et surtout Matt LeBlanc, Matthew Perry paraît étrangement absent (on raconte qu'il a fait une mauvaise chute quelques jours avant le tournage et s'est cassé plusieurs dents).

Finalement, en 2022, il publie Friends, mes amours et cette chose terrible, un livre-confession bouleversant où il dit absolument tout, avec l'espoir d'aider ceux qui, comme lui, ont touché le fond. Apaisé, il semblait avoir vaincu ses démons et trouvé un nouvel élan personnel et professionnel (après son dernier divorce en 2021).

Mais samedi, la nouvelle, terrible, tombe : il est trouvé mort, noyé dans son jacuzzi. Les causes exactes de son décès sont inconnues à cette heure. Mais qu'importe, Chandler Bing est parti. Tous ses Friends ont perdu leur meilleur copain. C'est la première fois qu'il ne nous fait pas rire aux éclats.

On avait tous un Friend préféré, in se reconnaissait tous un peu dans chacun d'eux. Mais Chandler était définitivement à part. Son amitié avec Joey, son amour pour Monica (même si dans la vraie vie, Perry fut amoureux fou de Jennifer Aniston, sans succès), son sens de la répartie, son père devenue une femme, son boulot que personne ne savait définir, tout ça participait à faire de ce personnage quelqu'un d'irrésistible, de touchant, de proche. Et on aimait croire que Matthew Perry était aussi comme ça.

Au revoir Matthew/Chandler. Tu me manqueras, mon ami.

UNCANNY X-MEN, TOME 2 : BRISES, de Brian Michael Bendis, Frazer Irving, Chris Bachalo et Kris Anka


Suite de la rétrospective sur Uncanny X-Men (et All-New X-Men) par Brian Michael Bendis avec ce deuxième tome intitulé Brisés (Broken en vo), qui comprend les épisodes 6 à 11. Il faut évidemment avoir lu le tome précédent pour comprendre ce qui se passe dans celui-ci. Les dessins sont assurés par Frazer Irving sur les épisodes 6-7 et 10-11 (où il reçoit le renfort de Kris Anka) et par Chris Bachalo sur les épisodes 8-9, tous parus en 2013. Il s'agit du dernier tome avant le crossover Battle of the Atom.


Le passage du Phénix sur Terre a permis à la population mutante de croître à nouveau. David Bond découvre ainsi ses pouvoirs (sur tous les éléments mécaniques et électroniques) quand sa fiancée veut le quitter. Pendant ce temps, les X-Men de Cyclope sont dans la dimension Limbo où Magik les a emmenés alors que Dormammu veut s'en emparer.. Ailleurs, Maria Hill, la directrice du SHIELD, s'entretient avec Alison Blaire/Dazzler pour la convaincre de devenir son agent de liaison avec les mutants.


Plusieurs années avant cela, Magik consulte le Dr. Strange pour qu'il l'entraîne à domestiquer ses pouvoirs. Elle lui raconte venir du futur où elle a été un des hôtes du Phénix et a combattu Dormammu pour la possession de la dimension Limbo. Puis elle lui raconte comment s'est achevé ce combat au cours duquel, pour sauver les X-Men, elle a carrément absorbé la dimension Limbo. Mais une des recrues de l'équipe, Benjamin Deeds, a failli y laisser la vie.


Epouvanté par son séjour dans la dimension Limbo, Fabio Medina souhaite quitter les X-Men. Magik et Cyclope le ramènent auprès de ses parents. David Bond exerce ses pouvoirs dans un parking lorsque deux policiers le surprennent et l'arrêtent. Il est sauvé par Magik et les Stepford Cuckoos et conduit à la base des X-Men. Cependant, Dazzler se présente chez les Medina pour interroger Fabio sur l'endroit où se cache Cyclope.


Soucieux que l'équipe ne soit plus désemparée en situation de crise, Cyclope organise une séance d'entraînement lorsque Magneto avertit que Fabio Medina a été arrêté par le SHIELD. Les X-Men font irruption sur un des héliporteurs du SHIELD dont ils neutralisent les agents avant de confronter Dazzler en train d'interroger Fabio. Plus tard, Phil Coulson offre un café à Dazzler mais la boisson est droguée. C'esr Mystique qui a pris l'apparence de Coulson et prend ensuite celle de Dazzler.


Les recrues des X-Men reprennent leur entraînement et apprennent à se défendre sans utiliser leurs pouvoirs. Tempus découvre de nouvelles extensions à ses talents tout comme Magik. Magneto rencontre Maria Hill qui lui présente sa nouvelle interlocutrice : Dazzler (ils ignorent tous les deux qu'il s'agit de Mystique). Une manifestation se déroule en faveur de Cyclope qui décide de s'y rendre avec toute l'équipe lorsqu'un robot les attaque.


Tandis que les recrues des X-Men protègent les manifestants, Cyclope, Emma, Magik affrontent le robot. Ce n'est qu'avec l'arrivée de Magneto qu'ils prennent le dessus. Mais le robot, endommagé, disparaît alors...

Les premiers épisodes de ce deuxième tome font donc directement suite aux derniers du précédent, avec une aventure dans la dimension Limbo. C'est l'occasion pour Brian Michael Bendis de concentrer son attention (et la nôtre) sur Magik.

Depuis Avengers vs. X-Men où elle a été un temps un des cinq hôtes du Phénix, Ilyana Rasputin semblait la seule à ne pas avoir vu ses pouvoirs régresser ou être déréglés par cette expérience. Mais, sans prévenir, elle a été ramenée dans le dimension Limbo où Dormammu lui a déclaré la guerre pour posséder ce territoire magique.

Revenue auprès des X-Men, elle s'apprêtait à suivre le conseil de Cyclope, aller consulter le Dr. Strange, quand à nouveau elle a été convoquée par Dormammu. Mais cette fois, elle a entraîné avec elle toute l'équipe, recrues comprises.

Bendis puise donc dans les origines dramatiques de Magik qui fut enlevée, encore enfant, par le démon Belasco pour être retenue pendant des années dans la dimension Limbo. Elle mis à profit sa captivité pour s'initier à la sorcellerie et devenir une praticienne aguerrie des arts occultes en plus d'être une mutante. Quand elle réussit à regagner notre dimension, c'était une adolescente endurcie par ce séjour.

Longtemps membre des Nouveaux Mutants, grande amie de Kitty Pryde, soeur de Colossus, en devenant une hôte du Phénix, elle a beaucoup changé. Et ce changement profond s'est traduit par un changement de look radical sous l'impulsion de Chris Bachalo : on peut trouver ses designs dans le tome 1 de Uncanny X-Men et constater qu'il a beaucoup tâtonné avant de trouver le nouveau look de Magik. Désormais, elle s'affiche dans une tenue noire, moulante, très sexy, avec des sortes de cornes stylisées  sur les tempes, et brandit une énorme épée (la soulsword). Son bras gauche est hérissé d'épines impressionnantes.

Cette apparence a été modifiée récemment lors du run de Vita Ayala sur New Mutants et le moins qu'on puisse dire, c'est que maintenant elle arbore un look beaucoup plus doré qui a de quoi faire regretter le design si mémorable de Bachalo - même si dans l'histoire imaginée par Ayala, ce nouveau changement d'aspect se justifie bien.

Quoiqu'il en soit, Magik est aussi brisée que Cyclope, Emma et Magneto. Toutefois, elle réagit avec beaucoup de volonté, d'abord contre Dormammu, lors d'un affrontement très spectaculaire, auquel les dessins très numérisés de Frazer Irving donne une dimension flippante à souhait. Bon, ça pique quand même un peu les yeux, mais c'est fait pour. 

Et ensuite, on découvre que Magik peut désormais se téléporter non seulement dans l'espace mais aussi dans le temps : elle revient donc dans le passé pour aborder Stephen Strange, au début de sa carrière de sorcier suprême, et lui demander de l'aider à maîtriser ses nouveaux pouvoirs. Bendis initie quelque chose qui sera développé ensuite et qui, en dehors d'un épisode de l'anthologie What if...?, n'a jamais inspiré d'autres auteurs - à savoir l'éventualité qu'un jour Magik devienne à son tour sorcier suprême.

Puis on enchaîne avec deux épisodes qui voit le retour de Chris Bachalo au dessin. Et là, Bendis et son partenaire vont établir un subplot essentiel pour le reste de la série : Dazzler est embauchée par Maria Hill pour servir d'agent de liaison avec les mutants. Mais Mystique neutralise Alison Blaire et prend sa place. La métamorphe est insoupçonnable car rien ne permet de la distinguer de celle dont elle usurpe l'identité et le visage.

L'effet produit est vertigineux quand on assiste à une scène lunaire où Maria Hill explique à Magneto qu'il devra désormais s'adresser à Dazzler. Magneto croyait jouer un double jeu avec le SHIELD et ignore qu'il a pour interlocutrice Mystique. Avant cela, la vraie Dazzler aura tenté de faire parler Fabio Medina, rentré chez ses parents, sur la planque des X-Men. Les X-Men qui, en allant libérer leur recrue, tomberont face à Alison Blaire et tenteront de la convaincre de s'allier à eux. Ceci non plus n'en restera pas là...

Bachalo ne signe que deux épisodes dans ce tome mais il nous régale avec de très belles scènes où il ne s'économise pas. Là encore, c'est lui qui a signé le design du costume d'agent du SHIELD de Dazzler (et ses études pour cela figurent en bonus de l'album) : sa griffe est immédiatement identifiable, avec ce mix d'élégance et de motifs qui lui sont propres mais réduits au noir et au blanc. Superbe.

Pour les deux derniers numéros, Frazer Irving revient à l'occasion de l'apparition d'un robot apparenté à une Sentinelle blockbuster invincible. Bendis, lui, démarre un second subplot qui sera résolu plusieurs épisodes plus loin, au terme d'une enquête captivante, venant renforcer la parano omniprésente dans le camp de Cyclope. Kris Anka vient suppléer Irving sur quelques pages, sans doute loin d'imaginer qu'il deviendra ensuite l'autre artiste régulier de la série.

Prochaine étape de cette rétrospective : le crossover Battle of the Atom en dix (!) parties, impliquant Uncanny X-Men, All-New X-Men, Wolverine and the X-Men et X-Men. Une entreprise assez laborieuse et médiocre, mais qui, toutefois, rebattra complètement les cartes dans les séries de Bendis...

dimanche 29 octobre 2023

UNCANNY X-MEN, TOME 1 : REVOLUTION, de Brian Michael Bendis, Chris Bachalo et Frazer Irving

 Comme ma rétrospective sur Wolverine and the X-Men semble vous avoir bien plu et que j'ai aimé me replonger dans cette lecture, j'ai décidé de poursuivre avec une autre : celles de All-New X-Men et Uncanny X-Men par Brian Michael Bendis dont la parution a suivi celle du titre écrit par Jason Aaron.

Je me suis rappelé que j'avais, il y a neuf ans (!), rédigé les critiques des trois premiers tomes de All-New X-Men et je vous mets les liens pour les consulter si vous en avez l'envie.

ALL-NEW X-MEN VOLUME 1

ALL-NEW X-MEN VOLUME 2

ALL-NEW X-MEN VOLUME 3

A cette époque, je m'étais arrêté là parce que je n'avais pas apprécié le crossover qui suivait, Battle of the Atom, mais j'avais continué à lire la série. Je m'y suis replongé ainsi que dans les tomes de Uncanny X-Men. Je vais donc vous proposer les critiques des deux premiers tomes d'Uncanny X-Men par Bendis, Chris Bachalo et Frazer Irving, de telle sorte qu'ensuite j'embrayerai avec celle de Battle of the Atom. Puis ensuite, j'alternerai une critique d'un tome de All-New X-Men et une de Uncanny X-Men pour compléter le run de Bendis sur ces deux séries.

Allez, remontons le temps : souvenez-vous, c'était il y a dix ans, en 2013...


Le premier tome de Uncanny X-Men s'intitule Révolution (idem en vo) et comprend les épisodes 1 à 5. Les épisodes 1 à 4 sont dessinés par Chris Bachalo et le 5 par Frazer Irving, sur des scripts de Brian Michael Bendis.


Après s'être évadé de prison grâce à l'aide de Magneto et Magik et avoir sauvé Emma Frost du même sort, Cyclope a entrepris de former une nouvelle équipe de X-Men. Ensemble, ils recrutent Eva Bell/Tempus puis Christopher Muse/Triage (tout cela est relaté dans le vol. 1 de All-New X-Men). Puis ils sauvent d'une arrestation Fabio Medina après qu'il a fait surgir des boules dorées dans son lycée. Mais c'est alors que des Sentinelles surgissent. Cyclope, malgré ses pouvoirs détraqués (après avoir été l'hôte du Phénix - cf. Avengers vs. X-Men), réussit à les détruire. Plus tard, Magneto rencontre Maria Hill, la directrice du SHIELD, à qui il offre ses services pour arrêter Cyclope qu'il tient pour responsable de la mort de Charles Xavier.


Tandis que Emma Frost doit elle aussi apprendre à vivre avec ses pouvoirs altérés, Tempus, effrayée par les Sentinelles, veut revoir sa mère en Australie. Tout le monde accepte de l'accompagner, sauf Magneto qui, une fois l'équipe partie, prévient Maria Hill du déplacement des X-Men. A leur arrivée chez la mère de Eva Bell, les X-Men sont attendus par les Avengers.


Captain America annonce à Cyclope qu'il veut l'arrêter pour le meurtre de Charles Xavier. Mais Cyclope prend les badauds à parti en leur expliquant que personne à part lui ne veut protéger les mutants. La bagarre est inévitable mais Tempus fige les Avengers et les X-Men repartent à leur base. Magneto avoue alors qu'il collabore avec le SHIELD pour mieux leurrer Maria Hill dont il est convaincu qu'elle est liée aux nouvelles Sentinelles.

Toujours désireux de grossir les rangs de son équipe, Cyclope se rend avec Magik et Emma Frost à l'école Jean Grey dirigée par Wolverine. Les Stepford Cuckoos et le jeune Angel décident de partir avec eux. De retour à leur QG, Magik perd le contrôle de ses pouvoirs et disparaît...


Magik resurgit et explique que Dormammu veut s'emparer de Limbo, la dimension magique à laquelle elle est liée. Cyclope lui suggère de consulter le Dr. Strange mais Magik a une nouvelle crise et entraîne cette fois toute l'équipe avec elle dans la dimension de Limbo...

Pour les besoins de cette rétrospective, j'ai donc tout relu du run de Brian Michael Bendis sur les titres mutants qu'il animait à l'époque (en plus des Gardiens de la Galaxie). Et j'ai d'abord entrepris de situer ces histoires chronologiquement.

Quand All-New X-Men et Uncanny X-Men débutent leur parution, le titre mutant qui domine est Wolverine and the X-Men de Jason Aaron qui est parti de l'idée d'un schisme entre Cyclope et Wolverine : le premier veut que les X-Men deviennent plus pro-actifs et ne subissent plus passivement les persécutions des humains, il fait donc de l'île d'Utopia au large de San Francisco une sorte de forteresse et de camp militaire. Wolverine, lui, en revanche, considère qu'il s'agit d'une trahison de l'idéal de Charles Xavier qui militait pour une cohabitation pacifique entre mutants et humains, et suivant cela, repart à Westchester rouvrir l'école pour jeunes surdoués de leur mentor.

Puis on assiste au retour du Phénix sur Terre. Les X-Men de Cyclope comptent là-dessus pour que Hope Summers, le "messie mutant", en devienne l'hôte et déclenche une nouvelle émergence de mutants dans le monde (après la décimation survenue à la fin de House of M avec le sort lancé par Scarlet Witch). En revanche, les Avengers craignent que le Phénix ne détruise la Terre comme d'autres planètes avant et demande à Wolverine de les aider à raisonner Cyclope pendant que Iron Man trouve un moyen d'éloigner l'oiseau de feu.

Mais Tony Stark commet une erreur terrible : au lieu d'éloigner le Phénix, il le disperse et Cyclope, Emma Frost, Magik, Colossus et Namor en deviennent les hôtes. Les cinq Phénix entreprennent de remodeler le monde pour que les mutants soient à l'abri et aussi que les humains vivent en harmonie. Mais les Avengers font de la résistance face à ce nouvel ordre mondial imposé par cinq mutants omnipotents. Finalement, Cyclope s'accapare toute la puissance du Phénix et défie les Avengers et le professeur Xavier. Il finit par tuer ce dernier avant d'être maîtrisé et dépossédé de son pouvoir divin pus jeté en prison.

Magneto l'aide à s'évader et ensemble ils retrouvent Magik. Puis ils libèrent Emma Frost. Cyclope est convaincu qu'il a agi sous l'emprise du Phénix et ne peut être tenu pour responsables des actes commis durant Avengers vs. X-Men. Toutefois, il est aussi persuadé que cette expérience lui a montré la voie à suivre : il faut une révolution pour que les mutants ne puissent plus être persécutés et il compte sur les humains pour le soutenir, espérant qu'ils se souviendront de ce que le Phénix avait pu faire pour rendre le monde meilleur.

Brian Michael Bendis, curieusement, relate les premiers faits d'armes des Uncanny X-Men dans les pages de All-New X-Men en montrant le recrutement de Tempus, Triage, le sauvetage d'Emma Frost, et l'installation dans l'ancienne base du programme de l'Arme X (où personne ne songerait à les chercher).. Quand Uncanny X-Men démarre, Cyclope, Emma Frost, Magneto, Magik, et leurs deux premières recrues, Tempus et Triage, sont déjà ensemble.

Chronologiquement, le premier épisode de Uncanny X-Men se déroule en même temps que le neuvième de All-New X-Men : pour cela, il suffit de se fier aux costumes que portent Cyclope, Emma, Magik et Magneto, différents de ceux qu'ils ont dans les précédents numéros de All-New X-Men.

Dans ces cinq premiers épisodes, Bendis met l'accent sur la volonté de Cyclope de peupler son équipe. Fabio Medina est récupéré puis Benjamin Deeds (même si lui sera enrôlé dans les pages de All-New X-Men). En parallèle, le scénariste montre le double jeu de Magneto qui offre ses services au SHIELD à qui il raconte vouloir leur livrer Cyclope car il a tué Xavier. Magneto expliquera à Cyclope son plan : il a la certitude que le SHIELD déploie de nouvelles Sentinelles contre de nouveaux mutants et pour gagner la confiance de Maria Hill, il lui a promis sa tête.

L'autre point sur lequel Bendis insiste, c'est que le Phénix en investissant Cyclope, Emma et Magik a déréglé leurs pouvoirs. Il a aussi impacté ceux de Magneto qui se tenait à leurs côtés à ce moment. 0 part Magik qui se sent plus forte qu'avant, les autres ont vu leurs capacités régresser : Cyclope ne peut plus tirer de rafales optiques à volonté et a besoin d'un certain temps pour se recharger. Emma Frost n'est plus télépathe. Magneto n'est plus aussi puissant. Et ils le vivent mal (sauf Ilyana). Emma en conçoit une rancune envers Scott, mais elle accepte de la mettre de côté pour les besoins de la cause. Magneto s'adapte.

Tout cela compose un programme dense, mais Bendis a pour lui un talent de dialoguiste qui lui permet d'aborder tous ces sujets de manière fluide et rapide, se ménageant de la place pour traiter du recrutement de nouveaux mutants, de la position du SHIELD et des Avengers. Et même d'avancer l'intrigue qui sera développée dans le tome 2 quand Magik est attirée dans la dimension Limbo par Dormammu qui veut s'en emparer...

Les quatre premiers chapitres sont dessinés (et colorisés) par Chris Bachalo qui reste donc dans le giron mutant après son départ de Wolverine and the X-Men. L'artiste est familier de ces personnages qu'il a dessinés auparavant dans d'autres titres depuis le milieu des années 90. Son style déstructuré est une vraie plus value dans la mesure où il traduit admirablement l'ambiance chaotique de l'histoire, avec ses personnages cassés, leur récent passé ravageur, leur situation précaire, la paranoïa omniprésente dès le début (avec la supposée trahison de Magneto).

De plus, Bachalo qui avait déjà illustré de jeunes héros mutants avec Generation X dans les 90's sait y faire pour rendre immédiatement mémorables des créations originales comme Tempus, Triage, Fabio Medina et Benjamin Deeds, qu'il représente comme des gamins à peine sortis de l'enfance et basculant dans un monde affolant. Aidé par trois encreurs, Bachalo nous gratifie de superbes planches que sa colorisation obscurcit parfois un peu trop mais cela ne suffit pas à gâcher la fête.

Frazer Irving se charge de l'épisode 5 (et enchaînera sue les 6 et 7 du tome suivant) pour l'intrigue impliquant Dormammu. Bon, il faut supporter ce dessin informatisé à outrance et où le traitement des couleurs saturées n'aide franchement pas à la lisibiltié. Mais reconnaissons aussi à Irving un talent certain pour continuer à faire de la série un spectacle graphiquement détonant, très audacieux (trop peut-être puisqu'il quittera le navire ensuite rapidement - peut-être poussé vers la sortie).

On retiendra surtout que Uncanny X-Men n'a non seulement rien à envier à All-New X-Men mais surtout qu'elle s'en distingue farouchement. Bendis se prête à un exercice d'équilibriste fascinant en menant de front deux séries parallèles, dont les lignes narratives ne vont cesser de se croiser pendant un moment, sans se répéter (ou alors a minima). Et qui, avec Wolverine and the X-Men, offrait au lecteur une belle variété de titres X à cette époque.

samedi 28 octobre 2023

UNCANNY SPIDER-MAN #2, de Si Spurrier et Lee Garbett


Il y a des semaines comme ça où on lit des comics qui vous plaisent beaucoup, qui sont effectivement très bons, très efficaces. Et puis il y en a un qui se détache lot, pas forcément parce que c'est le meilleur mais parce que c'est celui qui vous a procuré ce plaisir particulier : c'est le cas de Uncanny Spider-Man #2, de Si Spurrier et Lee Garbett.


A peine a-t-il retrouvé Mystique qui lui file entre les doigts que Kurt Wagner/Diablo est pourchassé par le Rhino puis le Wild Pack de Silver Sable qui le démasque et veut le livrer à Orchis. Mais le mutant a plus d'un tour dans son sac : il n'est jamais aisé de capturer un téléporteur !


Je vais me répéter un peu pour commencer mais je ne croyais guère à Uncanny Spider-Man : son postulat improbable, son scénariste qui me hérissait et qui avait maltraité mon mutant favori, la plus-value supposée à Fall of X... Et puis, après avoir lu le premier épisode...


... J'ai bien vu qu'il y avait quelque chose qui se passait avec cette mini-série. D'abord parce que Si Spurrier changeait complètement son fusil d'épaule et après avoir fait tant de misères à Diablo, se mettait à l'écrire tel qu'il devrait toujours l'être : charmeur, bondissant, comme Dave Cockrum l'avait imaginé.


Ensuite parce qu'au dessin Lee Garbett, en qui j'avais davantage confiance, s'emparait du personnage avec beaucoup de classe, lui aussi s'inscrivant dans les pas de Cockrum, respectant Diablo, produisant de superbes planches.

Toutes ces impressions sont confirmées dans ce deuxième épisode. Mieux même : ce deuxième épisode est encore supérieur au premier. On entre dans le vif du sujet après l'exposition et on assiste à une succession de scènes jubilatoires, il n'y a rien à jeter.

Pourtant, ça démarre de manière surprenante puisque Diablo vient de retrouver Mystique. Celle-ci n'a plus toute sa tête : elle a pris l'apparence d'une clocharde et ne le reconnaît pas, ses souvenirs du massacre lors du Hellfire Gala ont l'air de l'avoir considérablement perturbée. Et après avoir violemment écarté son fils, elle s'enfuit et le sème.

Tout aussi étonnante est la scène suivante où Diablo croise l'Epée (de Cloak & Dagger) qui lui explique s'être une nouvelle fois brouillée avec la Cape mais qui craint qu'il soit arrêté par Orchis en étant assimilé à un mutant. Diablo promet à l'Epée de veiller et de la prévenir s'il le rencontre. 

C'est alors que, sans prévenir, tout s'emballe : le Rhino charge et c'est le début d'une longue séquence d'action qui va occuper le reste de l'épisode (qui donc se déroule en temps réel). Bientôt le Wild Pack se déploie puis Silver Sable piège Diablo, mais tout va dégénérer...

Si Spurrier ne laisse pas un instant de répit au lecteur, encore moins à son héros. Comme le Vautour dans l'épisode précédent, le Rhino travaille désormais pour Orchis mais il n'est pas maître de lui-même. Un dispositif piloté par le Dr. Travers est censé diriger ses attaques mais se dérègle et va sérieusement compliquer la tâche de Silver Sable et de sa bande de mercenaires.

Et en vérité, à partir de ce moment-là, la situation est au mieux résumé par cette image :

Variant cover de Lee Garbett.

Je n'ai rien contre la regular cover de Tony Daniel (voir début de l'article) mais pourquoi diable Marvel n'a-t-il pas utilisé directement celle-ci, par Lee Garbett, l'artiste de la série ? Sa composition est classe, le dessin est superbe, et elle concentre l'essentiel du propos de l'épisode.

Car oui, Kurt va charmer Silver Sable après l'avoir sauvée. Ou plus exactement elle tombe sous son charme sans qu'il l'ait cherché. Cela donne lieu à un moment suspendu où les deux antagonistes semblent ne pas en revenir de ce qui leur arrive. Il y a de quoi.

N'empêche, c'est ce qui m'a fait jubiler à la lecture car Diablo a, quand il est bien écrit, toujours été ce charmeur, presque malgré lui, mais souvent qui n'hésite pas à provoquer la chance. Parce qu'il ressemble à un démon, il fiche d'abord les chocottes, mais son bon coeur, son humour, font qu'on ne lui résiste pas longtemps. Et il a tombé quelques belles filles : Amanda Sefton, Tornade, Rachel Summers (et sur celle-ci, quelle connerie d'en avoir la maîtresse de Betsy Braddock ! D'où ça sort, ça ? Quelle mouche a piqué Tini Howard et Marvel ? Non seulement, Betsy et Rachel n'ont jamais été très proches mais surtout Rachel a toujours eu le béguin pour Kurt. C'est aussi stupide que d'avoir fait de Bobby Drake/Iceberg un gay.).

Alors que Kurt trouble Silver Sable, c'est à la fois drôle et logique. Et ça ouvre des portes pour la suite de cette mini-série. Lee Garbett produit des pages extras où le pouvoir de Diablo est impeccablement mis en valeur. Le découpage est très dynamique, varié, épousant l'action très présente tout au long du numéro.

Et Si Spurrier se rachète de toutes les absurdités qu'il a commises avec Kurt, comme s'il avait enfin compris que l'écrire contre-nature était un gâchis. Plus de dialogues ronflants, d'intrigues à la mords-moi-le-noeud. Même pas une référence à la religion (car là aussi, écrire Diablo comme le curé des X-Men, ce n'est pas ce que Coclrum voulait). Merci.

Ah, quel kif !

THE IMMORTAL THOR #3, de Al Ewing et Martin Coccolo


Après deux premiers épisodes très mouvementés, Al Ewing casse le rythme de The Immortal Thor pour un chapitre plus posé, plus introspectif. On est d'abord dérouté puis séduit car ce n'est pas gratuit ni frustrant. De son côté Martin Coccolo a encore de quoi faire valoir son talent et prouver qu'il est parfaitement à sa place sur ce titre.


Thor se réveille, régénéré, après sa bataille épique contre Toranos. Loki lui apparaît et lui soumet une charade. Le dieu du tonnerre n'est pas d'humeur joueuse mais il est coincé sur une planète dont il ignore la position et se plie donc à l'exercice. Qui va le conduire à raisonner pour la suite à donner au défi qui l'attend...


Comme il s'était employé dans Loki : Agent of Asgard à nuancer le portrait du dieu de la malice pour révéler un personnage plus complexe que le demi-frère éternellement envieux de Thor, Al Ewing semble bien parti pour opérer de la même façon pour le dieu du tonnerre.


Souvent défini par sa grande puissance et son gabarit impressionnant autant que par son caractère impétueux, Thor fait un peu figure de héros aux gros bras, armé de son marteau, face à Loki qui, lui, compense par la ruse son manque de physique. Il est alors tentant de penser que Thor n'est pas le couteau le plus aiguisé du tiroir.


Comment, dans ce cas, faire de Thor un personnage moins bête qu'il n'y paraît ? On peut rétorquer qu'un être aussi noble ne peut pas être un abruti, mais c'est un peu court. Alors Al Ewing décide de pousser à fond les caractères de Thor et de Loki pour montrer qu'ils ne sont pas tant opposés que complémentaires. Et si, en somme, Loki pouvait permettre à Thor de réfléchir avant de foncer tête baissée dans l'action ?

C'est précisément le message de cet épisode où le scénariste montre Thor vaincu par les efforts qu'il a déployés contre Toranos et contraint de se reposer. Lorsqu'il revient à lui, Loki l'a envoyé quelque part, il ne sait pas où, mais c'est un endroit qu'il ne connaît pas. Et ignorant donc s'il peut regagner la Terre ou Asgard à temps, après s'être énervé, Thor se résigne à y rester.

Car pour en partir, il doit répondre à une énigme posée par Loki. L'athlétique dieu du tonnerre ne peut résoudre ce problème par la force. Il accepte donc la défaite puis cogite. Les scène se suivent comme autant d'étapes vers la solution à partir d'indices subtils (un casque transformé en une lame de hache, un bâton taillé d'une manière minutieuse...). Le côté manuel est mis en pratique mais pour un exercice intellectuel.

Régulièrement Loki refait surface pour narguer Thor et on repense alors à la série de questions qu'il lui avait adressé dans l'épisode précédent (sur le fait de lui faire confiance comme frère, comme allié, comme ennemi). Thor est sur le gril et apprend aussi à résister à la tentation de régler avec ses poings et son marteau.

Quant enfin il trouve le réponse, logiquement, il revient là où il était avant de sombrer dans le sommeil, mais enrichi. Il sait désormais que la puissance ne suffira pas à vaincre Toranos. Il lui faudra être rusé (comme Loki) et entouré. Et le premier allié auquel il pense renvoie directement à une autre série actuellement écrite par Al Ewing (pas difficile à deviner...). Et, plus profondément, au lien qui attache Thor, Asgard, à cet allié... Mëme si la présence de Loki risque de rendre la tâche difficile.

Ewing est tout de même très fort. Peu de scénaristes comme lui ont ce talent et cette audace de lier tous les éléments d'une intrigue de façon aussi logique et fine et aussi de le faire aussi vite, en osant frustrer le lecteur qui veut surtout voir Thor en action, dans des scènes spectaculaires. Cette manière de faire évoque évidemment ce qu'il a accompli par ailleurs et suggère qu'il a un plan sur le long terme, mais on s'y engage en confiance car c'est maîtrisé. D'une certaine manière, Ewing comme Loki teste le lecteur et le pousse à franchir un obstacle pour une récompense de lecture.

Et comme en plus, une nouvelle fois, Ewing bénéficie d'un artiste à la mesure de son projet, il ne faut pas hésiter à plonger. Martin Coccolo rappelle bien entendu Coipel mais sait aussi de distinguer de l'ombre du français avec cet épisode plus méditatif. Les couleurs nuancées de Matt Wilson accompagnent magnifiquement ces ambiances.

Il nous régale avec des scènes dans un décor unique dont il tire merveilleusement parti en variant au maximum les angles de vue, les valeurs de plans. On a droit à des doubles pages denses mais composées de superbe façon, et pas une fois on ne trouve le temps long alors qu'on passe la majeure partie de l'épisode avec Thor seul sur une planète inhabitée. Un joli tour de force.

C'est peu dire que je suis enthousiaste : je suis conquis. Alors que des séries décompressent leur narration et semble en garder sous le pied, The Immortal Thor se projette et nous embarque grâce à un script remarquable et des illustrations superbes.

vendredi 27 octobre 2023

UNCANNY AVENGERS #3, de Gerry Duggan et Emilio Laiso

 

Ne vous fiez pas à la couverture : pour une fois, Gerry Duggan ne met pas en avant Deadpool - d'ailleurs il se montre très discret depuis le retour de Uncanny Avengers. Cet épisode voit par contre Emilio Laiso remplacer Javier Garron au dessin (il s'est contenté de signer la cover), pour un résultat très convaincant. L'intrigue elle avance bien, avec une bonne d'action et une dernière page jubilatoire.



Captain America donne une conférence de presse au pied de l'ancien QG des X-Men et la division Unité l'y rejoint. Après avoir retourné la foule hostile aux mutants, Monet et Vif-Argent remontent la piste des jumeaux Fenris pour savoir où se cache Captain Krakoa. Lequel semble hors de contrôle pour Dr. Statis et M.O.D.O.K....


Uncanny Avengers serait-il la série de Gerry Duggan par excellence ? En tout cas, je trouve que ce scénariste livre son meilleur travail. Autant ailleurs je suis souvent partagé sur la qualité de son ouvrage qui côtoie le très bon comme le quelconque, autant là-dessus il y a une fluidité, une aisance incontestable.


A tel point que, sans savoir si Marvel a une idée en tête pour ce titre dans le futur, je verrais bien la série continuer même après Fall of X. Il y aura toujours de la place pour un titre avec une alliance d'Avengers et de X-Men, a fortiori après la crise actuellement décrite pour ces derniers.


Ce troisième épisode prouve encore une fois que le propos de Uncanny Avengers et sa manière de mixer aventure et réflexion fonctionne pleinement. Gerry Duggan est particulièrement à l'aise pour camper les personnages qu'il anime et développer une intrigue captivante.

La première scène est une réussite brillante qui voit Captain America balancer un de ses speechs dont il a le secret : "fidèle au rêve américain", il retourne une foule hostile aux mutants en rappelant que ceux-ci ont toujours été présents pour sauver le monde, même envers eux qui les craignaient et les haïssaient. Et en prime il prouve aux X-Men qui ne voulaient plus de lui à la tête de l'équipe, par peur qu'il soit tué et que la faute leur retombe dessus, qu'il n'est ni rancunier ni revanchard.

La suite est plus mouvementée et met en avant le duo Monet-Vif-Argent. Duggan s'amuse à créer une relation inédite entre eux deux même s'il est impossible de dire si cela perdurera au-delà de cette mini-série et de Fall of X. Le statut de Vif-Argent (comme de Scarlet Witch) ayant été complétement modifié en n'en faisant plus des mutants (mais des produits des expériences du Maître de l'Evolution) rend cela plus épicé et savoureux.

Leur affrontement contre les jumeaux Fenris pour retrouver Captain Krakoa pointe que même quand celui-ci est absent à l'image, il hante l'histoire. Une autre scène, très brève, montre d'ailleurs le Dr. Stasis et MODOK constatant que leur agent est désormais hors de contrôle après qu'il a volé une tête nucléaire dont ils ignorent qu'il l'a caché dans le campus financé par Orchis. Le mystère sur l'identité de l'usurpateur demeure complet et c'est une prouesse de la part de Duggan quand on sait que Marvel préfère souvent s'auto-spoiler plutôt que de laisser des fouineurs révéler une surprise avant eux.

Enfin, on retiendra l'identité du fameux témoin évoqué dans le précédent épisode par Ben Urich. Je ne dis rien (même si j'y serais certainement obligé le mois prochain) mais c'est à la fois évident et jbilatoire (il suffit d'ailleurs de voir les visages stupéfaits de Urich et de Captain America - voir page di-dessus - pour mesurer la surprise).

J'ignore pourquoi mais Javier Garron qui semblait bien parti pour enchaîner les cinq épisodes de Uncanny Avengers est cette fois remplacé par Emilio Laiso. Garron paie-t-il ses efforts conséquents sur la fin du run de Avengers d'Aaron et a-t-il eu besoin de souffler ? Quoiq qu'il en soit, ses fans (dont je fais partie) ne doivent pas s'inquiéter : il sera de retour pour l'épisode suivant.

Emilio Laiso a donc été chargé d'officier à sa place et il livre une copie impeccable. L'artiste italien est excellent et produit des planches énergiques et bien composées. Il faut aussi mentionner la contribution essentielle du coloriste Morry Hollowell sur ce titre car sa palette permet de conserver une cohérence chromatique qui atténue grandement le changement de dessinateur.

Et dire que j'ai failli zapper tout Fall of X, craignant que cette période ne gâche tout ce qui l'avait précédée. Je serai passé à côté d'épisodes et de séries qui valent vraiment le détour et surtout d'un statu quo certes éphémère mais captivant.