vendredi 30 septembre 2022
THE MAGIC ORDER 3 #3, de Mark Millar et Gigi Cavenago
ANT-MAN #3, de Al Ewing et Tom Reilly
jeudi 29 septembre 2022
THE HUMAN TARGET #7, de Tom King et Greg Smallwood
X-MEN #15, de Gerry Duggan et Joshua Cassara
Sachant que le pouvoir de Darwin consiste à s'adapter à tout, on imaginait sans peine comment il allait renforcer les Enfants de la Voûte, ces post-humains déjà très puissants. Et Duggan s'en sert avec braucoup d'adresse pour nous montrer les conséquences : on assiste à la sortie des Enfants de la Voûte et au massacre qu'ils commettent en un temps record, dévastant Krakoa, exterminant les Avengers, éliminant les magiciens, et allant même jusqu'à conquérir Asgard...
... Sauf que, et c'est un twist très efficace, tout ce qu'on vient de lire n'est qu'une projection opérée par Forge. D'où le "projet Boîte Noire". Et si, au lieu de se préparer à la sortie des Enfants de la Voûte et au combat qui s'ensuit, on les contenait, on les enfermait dans une boîte, sans qu'ils aient l'impression d'être reclus ?
L'idée de Forge va évidemment plus loin et a un objectif plus précis : retrouver Darwin dans la Voûte et le ramener, pendant que els X-Men font diversion. Duggan écrit formidablement Forge, une recrue pourtant assez improbable dans l'équipe, en en faisant un futuriste, comme l'est Iron Man chez les Avengers (ou Batman au sein de la Justice League), le bonhomme qui pense déjà au coup suivant, qui ainticipe tout, mais qui travaille aussi dans son coin, sans rien dire à personne (sinon à Charles Xavier) - ce qui pourra peut-être créer des tensions à l'avenir avec Cyclope ou les autres X-Men (car, comme pour Iron et Batman, on sait que ces cachottiers finissent souvent mal).
L'autre inconnue, évoquée ici, c'est quel Darwin va sauver Forge : car en étant resté tout ce temps dans la Voûte, en se croyant abandonné, laissé derrière, par Synch et Wolverine, il est fort possible qu'il soit en colère, écoeuré, peu coopératif. On peut imaginer aussi qu'il soit devenu l'allié des Enfants de la Voûte, librement ou pas. Je pense que Duggan peut jouer là-dessus pour pimenter la suite de son histoire (même si l'arc devrait être court, pas plus de deux épisodes, peut-être trois).
Passionnant donc, l'épisode est aussi l'occasion de voir à l'oeuvre Joshua Cassara sur le titre vedette de la franchise. C'est une vraie promotion pour l'artiste qui s'est fait remarquer sur X-Force de Benjamin Percy.
D'entrée de jeu, il tape fort avec des planches qui lui permettent de montrer qu'il n'est pas là pour faire de la figuration, ni comme le simple successeur de Pepe Larraz. La première partie de l'épisode, sur un rythme d'enfer, lui fournit de la matière pour des planches spectaculaires, avec une splash-page en plongée sur la sentinelle qui sert de repaire aux Enfants de la Voûte dans une clairière de la jungle, puis avec la sortie des Enfants, et le carnage ahurissant qu'ils commettent en un temps record.
Le flashback au centre de l'épisode offre un répit au lecteur et au dessinateur. Les couleurs de Guru-FX donnent à la scène un côté chaleureux entre ces deux comploteurs professionnels que sont Forge et Xavier (ces deux-là aiment ces conversations à l'abri des regards depuis Powers of X, quand le Professeur demanda au savant d'améliorer son casque Cerebro).
Le "reboot" de la seconde partie de l'épisode s'ouvre sur une nouvelle splash fascinante avec le dôme. Cassara est dans son élément car il a déjà prouvé dans X-Force qu'il adorait dessiner la végétation de Krakoa comme un corps bien vivant et parfois franchement bizarre, inquiétant. L'artiste apporte une touche plus organique à la série, et même les personnages sont touchés, avec moins de réalisme et de dynamisme que chez Larraz.
Parfois, Cassara fait penser à Jerome Opena, surtout à ses débuts (quand il dessinait Fear Agent), avec une pointe de Humberto Ramos, des exagérations morphologiques, des attitudes, des expressions. Son découpage est simple, direct, et colle à merveille à l'écriture, elle-même simple et directe, de Duggan. Ce sera intéressant de voir comment la série va évoluer avec ce style (même si Duggan a déjà annoncé que C.F. Villa produirait aussi des épisodes quand Cassara soufflera - mais ça ne me dérange pas car Villa m'a fait bonne impression quand il était sollicité, comme récemment sur les #13 et 14).
Cette "saison" 2 débute donc très bien : je sui content de retrouver les Enfants de la Voûte, positivement surpris par Forge, intrigué par le retour de Darwin. Duggan a su m'embarquer et Cassara me convaincre.
mercredi 28 septembre 2022
THE NICE HOUSE ON THE LAKE #10, de James Tynion IV et Alvaro Martinez
Et c'est là qu'on en revient à The Nice House... : si DC avait, simplement, interrompu la publication au sixième épisode pendant six mois (comme pour The Human Target), alors Alvaro Martinez aurait eu le temps de produire ses épisodes tranquillement et le lecteurt aurait repris le cours de la série avec l'assurance d'avoir la seconde moitié du récit d'une traite. Au lieu de quoi, on eu six épisodes, puis deux, puis plus rien pendant quatre mois. Et on croise désormais les doigts pour la suite... Mais le n°11 ne sortira qu'en Novembre et le 12, normalement, en Décembre.
Ces retards ne sont pas dûs qu'à Martinez : on devine évidemment, en voyant ses planches une nouvelle fois extraordinaires, qu'il a tout donné. C'est envoûtant, effrayant, le découpage est admirable, et les couleurs de Jordie Bellaire sont exceptionnelles. Non vraiment, The Nice House... est une série visuellement hors du commun, avec une ambiance intense, un look sidérant. C'est une expérience esthétique, audacieuse, mais jamais gratuite, jamais m'as-tu-vu, toujours en phase avec le récit, son atmosphère, sa narration.
Seulement, Martinez a aussi profité des interuptions pour faire quelques conventions, signer des autographes, dessiner pour des fans, sortir un artbook. C'est une partie du métier d'aller à la rencontre des lecteurs, c'est de la promo, et ça fait plaisir aux artistes de voir les fans. Je n'ai aucun problème avec ça, et si DC laisse faire, c'est qu'ils savent l'impact que ça aura sur la périodicité du titre.
En revanche, en tant que lecteur, c'est un peu plus embêtant, car The Nice House... n'est pas un comic-book très facile à suivre, avec son casting très riche, son intrigue très tordue, sa narration spéciale. A chaque arrêt de plusieurs mois, il faut faire l'effort de se replonger dans cette histoire noire, cauchemardesque, exigeante. Il faut avoir en tête les rebondissements, reconnaître les personnages - ce qui n'est pas du tout évident avec le traitement graphique et la façon d'écrire de Tynion IV (qui, comme beaucoup de ses confrères, n'offre aucun résumé des épisodes précédents ni trombinoscope pour rappeler qui est qui - c'est aussi la responsabilité des editors de la série, Marquis Draper, Chris Rosa et Marie Javins !).
Prenons un exemple simple et qui, je pense, parlera à tous ceux qui suivent The Nice House... en floppies : je ne me souvenais plus du tout que Ryan épiait Walter et Norah depuis le précédent épisode - et pour cause, en quatre mois, j'ai lu beaucoup d'autres choses et il est impossible (sauf si vous êtes hypermnésique) de se rappeler de ça. J'ai dû donc de replonger dans mes singles et mes propres critiques avec leur résumé, car j'étais à la rue, paumé. Je défie quiconque de ne pas être dans la même situation.
C'est bien dommage, parce que, une fois, qu'on est au point, l'épisode est captivant. La découverte de cette salle des commandes, la suggestion que Walter dépend d'individus qui seraient très contrariés en apprenant qu'il ne maîtrise pas tout, le jeu macabre des invités qui s'amusent à se tirer dessus et à ressuciter, l'intrusion de Ryan dans la salle des commandes et tout ce qui s'ensuit jusqu'à la fin, conséquences directes de cette intrusion... Tout ça est absolument terrifiant, électrique. Et donc le cliffhanger est glaçant, irréversible.
Ce sont ces sentiments extrêmes qui perturbent le plus : d'un côté, la frustration de ne pas pouvoir suivre cette série dans des conditions sinon normales, du moins plus confortables ; et de l'autre, la forte impression produite par chaque épisode, la sensation qu'une fois finie, en relisant tout ça à tête reposée, ce sera la confirmation que The Nice House on the Lake est une grande BD. Mais mal éditée.