vendredi 3 novembre 2023

SCARLET WITCH #10, de Steve Orlando et Sara Pichelli


And it's a wrap ! Scarlet Witch #10 est le dernier épisode de la série écrite par Steve Orlando qui, pour l'occasion, renoue avec la dessinatrice Sara Pichelli. Avoir tenu dix mois, c'est presqu'un exploit, mais ça ne suffira pas à effacer le gâchis qu'on ressent pour ce comic-book qui promettait tant au début et finit tristement.


C'est l'heure de vérité pour Wanda qui fait face à Hexfinder, la chasseuse de sorcières, dont le peuple a péri parce qu'il n'a pas été entendu par les magiciens quand il était menacé. Joseph a trahi Scarlet Witch qui l'avait pourtant recueilli. A quel prix ?


Quand la série Scarlet Witch a débuté en Janvier dernier, j'étais enthousiaste car Steve Orlando, pourtant pas un scénariste qui m'avait jamais impressionné, imposait avec élégance et détermination sa vision d'un personnage bien maltraité depuis des lustres.


Loin, très loin de Wanda la cinglée qui avait failli éradiquer la race mutante ou qui avait provoqué la dissolution des Avengers, entre autres faits d'armes, Scarlet Witch devenait à nouveau l'héroïne de sa propre vie et de son propre mensuel, sans dépendre de son amant du moment (Vision, Doctor Voodo) ou d'une équipe qui l'accueillait dans ses rangs.


On pouvait aussi saluer l'effort de Steve Orlando de la confronter non plus à son passé et de refuser d'en faire une victime sans cesse en quête d'expiation mais luttant pour aider ceux qui en avaient le plus besoin, au coeur d'un commerce original et contre des ennemis inédits.

Même Sara Pichelli, dont la carrière a été un long et éprouvant naufrage depuis des années, semblait retrouver l'inspiration dans ses dessins et on se mit à croire que Scarlet Witch serait un sleeper pour Marvel, un succès surprise, un peu à la manière du Hawkeye de Matt Fraction et David Aja en son temps.

Puis la réalité rattrapa la sorcière rouge et son public : Pichelli céda la place à Russell Dauterman pour un épisode, consacrant une fois de plus le cover-artist dans un rôle qu'il a hélas ! abandonné, celui d'artiste régulier d'un titre mensuel. On ne revit plus Pichelli que pour quelques pages ici et là dans les numéros suivants, alors qu'un remplaçant, Lorenzo Tammetta, s'imposait comme un artiste à suivre.

Orlando toutefois commençait lui aussi à ne plus briller avec autant d'éclat. En soulignant la puissance de Wanda Maximoff, il en fit surtout sa propre adversaire puisqu'aucun de ses ennemis n'était en vérité en mesure de la vaincre. Ennemis qui, par ailleurs, ne convainquaient plus : trop interchangeables, trop accessoires. Personne ne les connaissait et pour cause, ils étaient créés pour l'occasion, et du coup tout le monde finit par s'en foutre.

On aurait aimé voir Scarlet Witch avoir raison d'opposants plus sérieux, plus connus, pour vraiment croire, continuer à croire qu'un peu de suspense subsistait dans ses histoires, mais Orlando s'y refusait. Ou parce que Marvel lui refusait l'accès à des vilains plus coriaces, plus célèbres. Les épisodes se succédaient et notre intérêt décroissait. Le retour de Joseph, le clone de Magneto, ne fit pas illusion et on s'étonnait même alors que Wanda n'ait pas davantage pleuré son "père" dans sa série après sa mort tragique lors de Judgment Day, dans les pages de X-Men : Red.

Quand la méchante Hexfinder fit son apparition, par ailleurs maladroitement mise en scène, comme si personne n'y croyait, c'était trop tard pour redresser la barre. Parlons peu, parlons bien : ce dixième épisode est pathétique.

On se contrefiche de ce qui s'y joue puisque tout est littéralement joué d'avance. En effet, des génies de la communication chez Marvel ont annoncé l'annulation de la série puis son relaunch en mini-série en 2024 sous le titre Scarlet Witch & Quicksilver (ça sent le succès...). Une manière fort peu habile de dire au lecteur : "ne vous en faîtes pas, puisqu'elle revient, ça veut dire que cette Hexfinder n'aura pas fait le poids".

Comment tomber plus bas ? En misant sur le retour providentiel de Sara Pichelli ? N'y comptez pas : l'artiste italienne n'est désormais, c'est certain, plus que l'ombre de ce qu'elle fut quand, il y a bien longtemps, elle co-créé Miles Morales avec Brian Michael Bendis. Elle fit un temps illusion en dépannant encore Bendis sur Guardians of the Galaxy. Mais à présent, que reste-t-il de Pichelli sinon une déception profonde envers laquelle on en a assez d'être patient et indulgent ?

Les dessinateurs italiens formés à l'exigeante école des fumetti sont réputés pour leur productivité et leur capacité à s'adapter dans le monde des comics. On ne compte plus le nombre de transalpins à avoir traversé l'Atlantique ces dernières années (et ce n'est pas fini car comme l'a déclaré C.B. Cebulski, le big boss de Marvel Comics, de nouveaux vont émerger). Mais Pichelli semble s'être noyée, perdu. Les planches qu'elle livre là sont indignes de ce qu'elle a pu produire, tout est bâclé, sans énergie, sans conviction. C'est moche. C'est triste.

Bref, la magie a cessé d'opérer et avec elle, le potentiel pour faire de Scarlet Witch un sleeper, la Zatanna de Marvel. Combien de temps avant qu'un scénariste ne la renvoie à ses tourments ? Comme son incarnation dans le MCU semble être définitivement morte (un autre gâchis, qui plus est car elle était jouée par la formidable Elizabeth Olsen), il ne fait pas bon s'appeler Wanda Maximoff.

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