mardi 24 octobre 2023

WOLVERINE AND THE X-MEN, TOME 4 : LA SAGA DES DAMNES, de Jason Aaron, Nick Bradshaw, Pasqual Ferry, Pepe Larraz, Todd Nauck, Salva Espin, Steven Sanders, Ramon K. Pérez, Shawn Crystal et Chris Bachalo


Et c'est la fin de cette rétrospective sur Wolverine and the X-Men avec ce tome 4. Jason Aaron boucle son run en bonne compagnie : Nick Bradshaw dessine les épisodes 31 à 35 et l'Annual plus quelques pages du 42, Pasqual Ferry l'épisode 30 avec l'aide de Pepe Larraz et Salva Espin, Pepe Larraz les épisodes 38 à 41 plus quelques pages du 42, Todd Nauck finit l'épiode 41, et enfin Steven Sanders, Shawn Crystal et Chris Bachalo ferment le ban sur l'épisode 42.
(Les plus attentifs noteront que je ne mentionne pas les épisodes 36 et 37, qui font partie du crossover Battle of the Atom, qui ne figurent pas dans cet album ni l'omnibus de la série et qu'il n'est pas indispensable d'avoir lu.

Wolverine et Rachel Summers tentent de localiser le repaire des Damnés, sans succès. Le Fauve se rend sur la station orbitale du Peak pour tenter de convaincre le Dr. Xanto Starblood de l'aider à guérir Broo. Mais le Philistin aide le zoologiste alien à s'évader. Quentin Quire sonde mentalement un Bamf et découvre que Oya a intégré l'académie des damnés pour trouver qui a tenté de tuer Broo. Il décide de la rejoindre avec la complicité du Crapaud qui veut, lui, renouer avec Husk.
 

Kade Kilgore a fondé une académie pour concurrencer l'école Jean Grey et il a réussi à y attirer des élèves comme Glob Herman, Broo, Oya. Pour les éduquer, il les a confiés à des professeurs comme Mystique, Maître Pandémonium, Madame Mondo, le Philistin et Sauron. Un élève, Snot, est victime de harcèlement et Quire mène l'enquête au risque d'être démasqué.
 

Cependant, Wolverine utilise les Bamfs pour remonter la trace des élèves disparus et il trouve enfin où opère le club des damnés. Les autres X-Men et Krakoa le rejoignent et engagent la bataille contre les professeurs de l'académie. Le Crapaud, Oya et Quire leur prêtent main forte mais ne peuvent empêcher Mystique et Dents-de-sabre de fuir ni Wilhemina Kensingtonde franchir un portail dimensionnel avec le Philistin.
  

Quant à Xanto Starbllod, il file avec Broo mais quand celui-ci est surpris par un Bamf, il le mord et recouvre ses esprits puis attaque son ravisseur dont la navette s'écrase au pied de Krakoa. Tornade, Iceberg, Kitty Pryde, Rachel Summers, le Fauve craignent qu'après tout ça Wolverine veuille fermer l'école, mais il tient à continuer et même à accueillir les élèves qui avaient fuir ainsi que Max Frankenstein et Manuel Enduque, les deux derniers membres du club des damnés.
 

Qu'est-il arrivé à Kid Gladiator depuis que son père l'a retiré de l'école Jean Grey ? Contre toute attente, il ne se plait pas à l'académie de la garde impériale Shi'ar et regrette la compagnie de ses anciens professeurs et camarades. Il désobéit à son père quand les Avengers affrontent les Bâtisseurs en aidant les héros de la Terre. Gladiator consent alors à renvoyer son fils auprès de Wolverine.


Les X-Men ont découvert que le S.H.I.E.L.D. possédaient ses propres Sentinelles. Wolverine avec l'aide Quentin Quire localise l'endroit où elles sont entreposés et s'y rend avec le projet de les détruire. Cependant, l'école Jean Grey accueille deux nouveaux élèves, Tri-Joey et Squidface, qui sont en réalité des espions à la solde du SHIELD et de Mystique qui a usurpé l'identité de Dazzler.


Tandis que Wolverine trouve Cyclope dans la base où sont les Sentinelles et accepte qu'ils les mettent hors service ensemble, à l'école Quire, Kid Gladiator, Shark Girl, Eye Boy, Genesis, Oya, Broo, et Sprite démasquent Tri-Joey et Squidface. Ceux-ci, leurs souvenirs des installations effacés, quittent l'établissement. Wolverine et Cyclope règlent leurs comptes au sujet de la mort du Professeur X et de la révolution mutante initiée par les Uncanny X-Men.


C'est le jour de la remise des diplômes pour les élèves de l'école Jean Grey. Quentin Quire espère ne pas subir l'humiliation d'être promu... Et dans le futur, Wolverine s'apprête à fermer son établissement quand il reçoit la visite de son élève le plus ingérable, venu lui faire une ultime surprise...

Ce n'est pas sans mélancolie qu'on achève la lecture de Wolverine and the X-Men. La série aura bien eu droit à un deuxième volume, écrit par Jason latour (et dessinée au début par Mahmud Asrar), mais mieux vaut ne pas se gâcher la vie à la lire (c'est médiocre au-delà du possible et ça témoigne de la manie de Marvel à donner des suites inutiles à des runs quasi-parfaits).

42 épisodes donc au final, écrits par Jason Aaron : ce n'est pas mal, mais pas tant que ça et on aurait aimé que ça se prolonge. Il y avait encore bien des histoires à raconter et je suis sûr que le scénariste y avait pensé. D'ailleurs quand il lancera ensuite Amazing X-Men, ce sera dans l'esprit d'une suite, avec des personnages familiers comme Tornade, le Fauve, Wolverine, Iceberg, et d'autres entr'aperçus ici comme Firestar, avec à la clé le retour de Diablo. Mais Aaron (et Ed McGuinness et Cameron Stewart) ne livrera que six maigres épisodes avant de jeter l'éponge, prétextant un manque de temps (il écrivait alors Thor en parallèle). Dommage.

Est-ce que cette dernière ligne est à la hauteur de ce qui a précédé ? La réponse est : oui. D'abord parce que ce dernier tome est découpé en trois parties d'égale qualité. Le premier arc est une sorte de climax à lui tout seul (et on imagine fort bien qu'il aurait suffi à conclure la série) en mettant en scène l'académie des damnés fondée par Kade Kilgore, Wilhemina Kensington, Max Frankenstein et Manuel Enduque pour pervertir les élèves mécontents de l'enseignement prodigué par l'école Jean Grey.

Cette histoire est folle mais Aaron l'avait en quelque sorte initiée dès le début de son run en soulignant l'obsession de Kade Kilgore pour ruiner l'initiative de Wolverine. Ce développement tardif ne déçoit pas avec Quentin Quire en faux traître, Oya en justicière et le Crapaud en amoureux transi désireux de récupérer Husk. 

Les enseignants de cette académie sont haut en couleur avec Mystique et Dents-de-sabre (qui seront pleinement exploités par Brian Michael Bendis dans All-New X-Men et Uncanny X-Men), mais aussi Mâitre Pandémonium, le Philistin, Sauron, Madame Mondo, Wendigo et Dog Logan (qui se rachète bravement ici des méfaits qu'il a commis dans le tome 3). Aaron se lâche complètement, notamment quand il donne à Nick Bradshaw, lui aussi survolté, la possibilité de représenter Krakoa en action aux côtés de Iceberg qui se transforme en un Transformer glacé géant (il faut le voir, ça ne peut pas se résumer).

Certes, le scénariste règle vite le retour à la normale de Broo (en évoquant déjà ce qui formera le postulat de Amazing X-Men), mais on est surtout content de retrouver ce dernier en bonne santé. Et puis cette formation de X-Men a quand même belle allure avec Wolverine, Tornade, Rachel Summers, Iceberg, Kitty Pryde, le Fauve. Nick Bradshaw signe son dernier arc complet sur la série dans une forme éclatante, avec des planches comme d'habitude d'un luxe de détails ahurissant, et il restera ensuite sur le titre comme cover-artist.

Pendant les épisodes 36-37, la série suit les événements du crossover Battle of the Atom (avec All-New X-Men, Uncanny X-Men et X-Men). Cette intrigue n'a aucune incidence sur la suite et il n'est donc pas nécessaire de la lire pour comprendre ce qui va se passer, mais toutefois on observera que Kitty quitte l'école Jean Grey pour rejoindre la bande de Cyclope avec les cinq premiers X-Men que le Fauve a déplacés pour tenter de raisonner Scott Summers. Jason Aaron ne reviendra jamais sur cela, comme s'il était en vérité soulagé (il n'a jamais exploité les cinq premiers X-Men). Par contre, c'est dommage qu'il n'ait pas traité la rupture entre Kitty et Bobby Drake.

L'Annual est encore dessiné par Nick Bradshaw et il n'a pas bâclé son ouvrage : il y a là des doubles pages totalement stupéfiantes et une énergie folle. Le récit quand à lui revient sur ce qu'il est advenu de Kid Gladiator depuis que son père l'a retiré de l'école Jean Grey. 

Bien que cet Annual s'inscrive dans l'event Infinity (de Jonathan Hickman), Aaron réussit à en faire quelque chose d'indépendant, où le lecteur n'est jamais perdu, n'a nul besoin d'avoir lu l'histoire de Hickman pour tout comprendre. En vérité, il s'agit d'un portrait touchant d'un gamin fort en gueule mais seul, écrasé par la figure paternelle, les codes de l'empire Shi'ar, et à qui ses profs et ses copains manquent.

Enfin, la fin de la série propose un récit en narration parallèle : d'un côté Wolverine et Cyclope unissent leurs forces et mettent leurs ressentiments de côté pour une mission commune, et de l'autre deux élèves infiltrent l'école Jean Grey pour le compte du SHIELD.

Aaron s'est montré plus investi et inspiré, mais on sent qu'il a surtout à coeur de réunir Wolverine et Cyclope pour une explication franche au sujet de la mort de leur mentor, le professeur Charles Xavier, et de la révolution mutante initiée par Scott Summers. Ce dialogue est bien senti, juste, nuancé. L'intrigue avec les deux espions est efficace aussi mais moins percutante et en réalité vite expédié.

Le dernier épisode est comme l'arc qui l'a précédé dessiné par Pepe Larraz, qui n'était pas encore la star qu'il est devenu mais qui affichait déjà un fort potentiel (même s'il a du mal à représenter les élèves avec la physionomie correspondant à l'âge qu'on leur soupçonne depuis le début, en particulier pour Quentin Quire). L'espagnol est rejoint pour ces adieux par Ramon K. Pérez, en grande forme, Shawn Crystal, très mauvais, Steven Sanders, toujours aussi piteux, et surtout, pour quelques pages par Nick Bradshaw et surtout Chris Bachalo. Ce dernier signe les ultimes planches et c'est très sympa de revoir l'artiste qui avait ouvert le bal sur la série.

Le propos est drôle et mélancolique à la fois, donc irrésistible. Bien joué.

Voilà : c'est fini. Wolverine and the X-Men est une série à part, encore aujourd'hui. Comme le dit Jason Aaron dans sa postface dans l'omnibus, il n'avait jamais écrit quelque chose comme ça et n'en écrira certainement pas de semblable ensuite. C'est aussi ce qui en fait la singularité et le prix. A l'heure où Marvel semble annoncer un retour des X-Men dans leur manoir de Westchester, on aimerait presque croire qu'à nouveau quelqu'un osera imaginer des histoires aussi fun avec nos mutants favoris....

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