mardi 24 octobre 2023

WOLVERINE AND THE X-MEN, TOME 3 : RENTREE DES CLASSES, de Jason Aaron, Nick Bradshaw, Steven Sanders, David Lopez, et Ramon K. Pérez


On reprend aujourd'hui cette rétrospective sur la série Wolverine and the X-Men écrite par Jason Aaron avec le troisième tome. Au menu deux arcs narratifs et trois épisodes stand-alone, servis par des dessinateurs de choix : Nick Bradshaw pour les #19, 21 à 23, Steven Sanders pour le #20, David Lopez pour le #24, et enfin Ramon K. Pérez pour les #25 à 29. Attachez vos ceintures, ça va secouer !


Après le départ de Husk, Kitty Pryde est chargée de recruter un remplaçant. Les candidats les plus improbables se succèdent jusqu'à ce que Tornade apparaisse. Cependant, Wolverine et Rachel Summers traquent les responsables de la tentative de meurtre sur Broo. Iceberg embarque quelques élèves pour porter assistance à des extraterrestres dont les planètes ont été détruites par le Phénix. Et Angel récupère le contrôle de sa société grâce à Matt Murdock.


Mais un matin Quentin Quire se réveille et s'aperçoit que tous les professeurs ont disparu. Il les recherche avec Shark Girl, une nouvelle élève (trouvée par Angel), Genesis, Rockslide, Eye Boy, mais Oya reste au chevet de Broo. Max von Katzenelnbogen du Club des Damnés est également dans les parages et y découvrent un étrange cirque.


Ce cirque est tenu par le monstre de Frankenstein et il a fait des profs de l'école Jean Grey des monstres de foire grâce à l'emprise magique de la sorcière Calcabrina. Quire et ses amis tentent en vain de les libérer tandis que le monstre veut tuer Max qu'il reconnaît comme le descendant de son créateur. Oya l'en empêche tandis que Max blesse Calcabrina, qui relâche son emprise sur les X-Men.


Les X-Men se rebellent alors contre les zombies à la solde du monstre et de la sorcière, qui s'éloigne avec son complice en se téléportant. Max rejoint le Club des Damnés en exigeant désormais qu'on l'appelle Dr. Frankenstein comme son ancêtre.


Wolverine décide de tester l'esprit de groupe de ses élèves les plus difficiles et les emmène en Terre Sauvage. Livrés à eux-mêmes mais incapables de rester solidaires, Quire, Genesis, Glob Herman, Sprite, Broo (revenu à lui mais à l'état sauvage), Eye Boy, Shark Girl, et Oya se dispersent dans cet environnement dangereux. Quant à Wolverine, il est blessé par Dog  Logan, son demi-frère !


Dog Logan se remémore son enfance difficile auprès d'un père alcoolique, violent et coureur de jupons. Quand il découvre que James Howlett est son demi-frère et un mutant, la jalousie le ronge et il va passer des dizaines d'années à le traquer sans succès. Aujourd'hui, il compte bien lui prouver qu'il est le meilleur des deux fils Logan en devenant le nouveau mentor de ses élèves.


Mais les choses ne vont pas tourner comme il l'entend car les élèves n'apprécient pas son enseignement brutal et le traitement qu'il a infligé à Wolverine. Détenteur de diamants temporels, Dog finit par s'éclipser en se téléportant. Gloh Herman a également fui pour accepter d'intégrer l'académie des Damnés où Sauron lui a assuré qu'il a sa place.


A son retour de Terre Sauvage, Wolverine prononce un discours devant les profs et les élèves pour exprimer sa fierté de diriger l'école qu'il entend sanctuariser. 25 ans dans le futur, Wolverine, désormais un vieillard entouré par ses Bamfs, retrouve dans le parc de l'école un coffre qu'il avait enterré avec les élèves et il demande à Eye Boy d'envoyer un message dans le passé pour prévenir les profs de catastrophes à venir. Mais n'est-ce pas déjà trop tard alors que Oya décide à son tour de rejoindre l'académie des Damnés ?

Comme je l'avais suggéré, le tome 2 de la série me paraissait être la fin de l'Acte I de Wolverine and the X-Men. Cette impression se confirme avec le 19ème épisode qui ouvre ce tome 3 dans lequel on voit d'une part Kitty Pryde chercher qui remplacera Husk, et d'autre part Wolverine et Rachel Summers traquer celui qui a tenté de tuer Broo.

Jason Aaron s'amuse et en même temps exploite une situation mise en place à la toute fin du 18ème épisode, dans le tome précédent. Le défilé des candidats nous vaut de savoureux moments avec des postulants très improbables, comme Blade ou Deadpool, le Loup-Garou de la Nuit ou Firestar (on devine que Aaron a commencé à penser à elle pour Amazing X-Men, la série qu'il a lancée après Wolverine and the X-Men) et bien d'autres. L'enquête de Wolverine et Rachel aboutit à un cul-de-sac mais le lecteur ne peut s'empêcher d'éprouver de la peine pour le pauvre Broo, personnage attachant, naïf et symbolique de la démarche du scénariste.

On a ensuite droit à un épisode dispensable : dessiné moyennement par Steven Sanders, il sert surtout à introduire une nouvelle élève, Shark Girl, qui va prendre de l'importance par la suite, et à évoquer la condition de Angel depuis les transformations qu'il a subies dans Uncanny X-Force de Rick Remender (à commencer par le fait que son pouvoir le consume, même si Aaron n'exploitera plus le sujet ensuite : c'est là la limite d'un univers partagé où un auteur n'a pas forcément envie de développer les idées d'un confrère).

Puis on enchaîne avec un arc de trois épisodes, entièrement dessiné par Nick Bradshaw. L'artiste fait feu de tout bois et on ne peut qu'admirer sa productivité en admirant ses planches incroyablement fournies, détaillées. Il faut s'arrêter sur les cases remplies à ras-bord et se rendre compte qu'il a dessiné tout ça en un mois à chaque fois ! Stupéfiant !

L'intrigue évoque un classique de l'ère Claremont/Byrne, Uncanny X-Men #111, où Mesmero avait fait de l'équipe des monstres de foire. Ici, Aaron utilise un duo composé par le monstre de Frankenstein et une sorcière pour justifier la situation. Et c'est donc à un groupe d'élèves de l'école Jean Grey qu'échoit la délicate mission de sauver leurs profs. En parallèle, on apprend qu'un des membres du nouveau club des damnés est un descendant du Dr. Frankenstein.

Même si le dénouement de cet arc est un peu abrupt, avec la fuite du monstre et de la sorcière (qu'on ne reverra plus ensuite), le divertissement est efficace. Aaron qui fait de Wolverine un clown est en soi un gag très drôle tandis que Quentin Quire fait à la fois preuve d'un esprit d'initiative qu'on ne soupçonnait pas sans se départir de son goût pour le sarcasme (quand il voit avec jubilation à quoi est réduit Wolverine).

Aaron aime bien laisser ses héros et le lecteur respirer entre deux aventures et donc l'épisode 24 offre un répit aux mutants, très joliment mis en images par l'excellent David Lopez. C'est l'occasion notamment pour Kitty Pryde et Bobby Drake de se poser pour parler de leur relation ou pour Tornade, qui a intégré le corps professoral, de se donner à Wolverine. Hélas ! le scénariste manque, comme beaucoup d'auteurs actuels, de souplesse : ces parenthèses n'occupent qu'un épisode comme des entractes et il ne revient pas dessus ensuite, trop accaparé par l'écriture d'arcs narratifs où l'action domine.

Ce côté soap opera est, à mes yeux, ce qui manque le plus aux X-Men depuis longtemps. Claremont était maître en la matière, ce qui ne l'empêchait pas de développer des histoires spectaculaires. Mais il ne négligeait jamais les relations, souvent sentimentales, entre ses héros. Aujourd'hui, on a le sentiment que les scénaristes ne savent pas/plus comment faire : c'est soit l'histoire, soit les personnages, mais ils échouent à écrire les deux en même temps. Et c'est pour cela que Wolverine and the X-Men, comme d'autres titres, est frustrant : Aaron suggère des éléments mais il les laisse ensuite en plan, comme si ça ne devait pas occulter le reste, ce qu'il a planifié. Dommage.

Toutefois, il convient de rester mesuré et d'apprécier l'excellence de ce qui suit avec un des meilleurs arcs (si ce n'est le meilleur) de la série. la séance de training en Terre Sauvage permet au lecteur de savourer une histoire sur deux niveaux. D'un côté, on suit un groupe d'élèves totalement incapables de travailler en équipe malgré un danger permanent, et de l'autre, on assiste aux retrouvailles musclées entre Wolverine et son demi-frère, Dog Logan.

Jason Aaron se montre très inspiré dans les deux lignes narratives. Il montre bien comment par un enchaînement de circonstances, des fortes têtes comme Quentin Quire convainc ses camarades de faire corps contre quelqu'un qui ne pense pas à leur bien, comme il le prétend, mais veut surtout prouver à son adversaire ses mérites. Le portrait, en creux, qu'il dresse de Wolverine le rend plus touchant que jamais car il révèle ses origines de manière succincte et poignante, mais aussi parce que, de façon forte, il devient le prof qu'il a, sans trop y croire, entrepris d'être - et cela ne passe pas par sortir les griffes dès qu'un obstacle se dresse entre lui et ses protégés.

C'est tellement juste que l'épisode 29, qui ferme l'album, complète cet arc très élégamment. Logan faisant un speech devant ses amis et ses élèves, c'est un grand moment, mais quand, par la grâce d'un flashforward, le scénariste nous transporte 25 ans dans le futur et que Logan a l'opportunité de changer ce qui va se passer à notre époque, on a la confirmation que Wolverine n'est pas condamné à rester ce type bourru, brutal, mais bien l'héritier de Charles Xavier, prêt à tout pour "ses" enfants.

Ces cinq derniers épisodes sont en plus dessinés par Ramon K. Pérez et c'est splendide. Je pèse mes mots car vraiment, c'est exceptionnel. Pérez est un artiste formidable (tous ceux qui ont lu son Tale of Sand, d'après Jim Henson, le savent), avec une technique impeccable. Il produit des planches d'une beauté saisissante, avec un découpage virtuose. Mais quand en plus il passe en mode couleurs directes et emploie l'aquarelle pour les flashbacks, là, on passe dans une autre dimension qui donne à l'histoire une valeur esthétique ajoutée.

Le programme reste copieux donc et très abouti, même si quelques bémols peuvent être émis. Wolverine and the X-Men est toutefois proche de la fin mais ce sera pour une prochaine entrée. 

Stay tuned !

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