jeudi 9 février 2023

NAMOR THE SUB-MARINER #5, de Christopher Cantwell et Pasqual Ferry


Ici s'achève la mini-série Namor the Sub-Mariner : Conquered Shores. Il y a toujours quelque chose de frustrant avec les mini-séries Marvel car elles sont trop courtes, mais il faut reconnaître que celle-ci restera une des meilleures que j'ai lues ces dernières années. Christopher Cantwell et Pasqual Ferry ont sur redonner à Namor sa superbe et il faut désormais espérer qu'ils inspireront les futurs auteurs qui l'utiliseront.


Comme je n'aime pas spoiler la fin, je vais zapper l'habituel résumé de l'épisode (que j'ai par ailleurs considérablement réduit depuis le début de cette année). Episode qui s'ouvre par un flashback avec les Invaders dont durant la seconde guerre mondiale quand Namor faisait équipe avec Captain America, John Hammond, Bucky et Toro, contre les nazis.
 

Cette ouverture donne le ton de l'épisode, nostalgique et quelque peu hantée. C'est l'état d'esprit de Namor qui termine cette aventure en prenant conscience d'une remarque que lui firent Jim Hammond et Captain America dans les années 1940 alors que la guerre s'achevait mais que lui pensait déjà à la suivante.


Namor ou la tragédie du guerrier sans repos : protecteur des mers et de ses habitants, il a affronté les héros de la surface quand il estimait que leur peuple menaçait le sien. Il a rarement reconnu ses erreurs de jugement mais s'est rangé du côté des justes aunt la situation l'exigeait. Mais, profondément, c'est un homme qui a toujours été déchiré entre sa loyauté envers les atlantes et sa méfiance envers les humains.
 

Cette lutte interne, loin de nous rendre Namor étranger, en fait plutôt un personnage auquel il est simple de s'identifier car les sentiments qui le tourmentent, qui le définissent même, sont partagés par nombre d'entre nous. Et c'est ce que Christopher Cantwell a parfaitement compris.

En somme, le scénariste a remet l'église au milieu du village et cessé de traiter Namor comme une sorte d'individu hautain et unidimensionnel, mû uniquement par la colère et la défiance. Si Namor se distingue apr son rang social (c'est un régent), il reste sensible, comme l'a rappelé cette série en rappelant le lien qui existait entre lui et Sue Richards, entre lui et Captain America et Jim Hammond, entre les gens de la surface et le peuple des mers.

Si Namor n'était qu'un arrogant impulsif, il se ficherait bien d'avoir des amis, d'avoir aimé une humaine, ce ne serait qu'un méchant de plus. Or si on néglige cette part d'ambiguïté chez lui, comme par exemple chez Emma Frost chez les X-Men (avec laquelle il a aussi partagé une certaine forme d'intimité), alors on perd le personnage, ce qui le caractérise, et il devient une caricature.

Cantwell n'a, à mon sens, commis qu'une seule véritable erreur dans sa mini-série, en tuant Captain America, dans une mise en scène par ailleurs maladroite. Il eût été, mais ce n'est que mon avis, plus émouvant que Namor fasse ce voyage en compagnie de Steve Rogers car cela aurait apporté un poids supplémentaire au récit, tandis que Luke Cage a paru être une solution de rechange qui n'a pas porté ses fruits, qui a été mal, ou trop faiblement exploité. 

Au début, cela me semblait une idée intéressante car Cage n'a jamais été ami avec Namor et donc en l'accompagnant, le lecteur savait qu'il ne passerait rien au prince des mers (là où Captain America aurait sans doute été plus souple). Mais Cantwell n'a finalement que peu exploité la relation Cage-Namor et du même coup il s'est privé de la réunion des trois héros emblématiques que sont Captain America, Namor et la Torche Humaine.

Mais la conclusion de cette mini-série reste satisfaisante, surtout parce que le scénariste montre bien, de manière efficace, à quel point les enseignements de Namor se sont retournés contre lui, et qu'à la toute fin, ils le poussent à vraiment changer, certes contraint, mais déterminé.

L'autre grande qualité de cette mini, c'est d'avoir profité des dessins de Pasqual Ferry. L'artiste espagnol s'est vraiment investi dans ce projet et a rappelé qu'il était un graphiste de grand talent, au style unique, très élégant et inventif.

Sa manière de camper les personnages correspond bien à ce qu'avait en tête Cantwell, entre survivants et protagonistes résolus à rester dignes dans la tempête. Les décors aussi sont éblouissants et Ferry prouve quel superbe designer il est. Associé à Matt Hollingsworth aux couleurs, il a produit des planches magnifiques tout au long de cette histoire, sans jamais forcer le trait. Sachant qu'il va s'occuper de la prochaine série Doctor Strange, j'ai hâte de voir ce qu'il va faire avec un héros magique  qui se prête à encore plus de fantaisie visuelle.

J'ignore quand et sous quelle forme Panini traduira cette mini-série, mais je vous encourage à surveiller les plannings de l'éditeur et à mettre quelques euros pour l'acquérir car Namor the Sub-Mariner : Conquered Shores est un excellent comic-book.

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