jeudi 26 janvier 2023

X-TERMINATORS #5, de Leah Williams et Carlos Gomez


Le moment tant redouté est arrivé : c'est la fin des aventures des X-Terminators, la mini-série mutante la plus drôle et décomplexée produite depuis la refondation des titres X. Un final que Leah Williams et Carlos Gomez ont réussi, avec toujours autant d'humour, de charme et d'action. A moins que... Ce ne soit pas vraiment la fin ?


Dazzler a obtenu du comte Dracula de se venger de Alex avant de le lui livrer. Elle réunit donc toutes les victimes de ce vampire et le surprend dans le bar où il les séduisait - bar que Dazzler a racheté et que ses complices détruisent. Pendant que Wolverine, Boom-Boom et Jubilé occupent le Collectionneur pour qu'il n'aide pas Alex à s'échapper...


Y a pas à dire, ces quatre filles auront fait souffler un air frais sur la franchise mutante avec leur aventure contre un charmeur vampire allié à Collectionneur. On a ri avec elle, il y a eu des explosions, de la baston, des coups tordus, des surprises, tout pour faire de X-Terminators une vraie curiosité.


Je ne crache pas dans la soupe : depuis House of X/Powers of X, j'ai repris plaisir à lire des récits avec les mutants. Je n'ai pas tout aimé (X-Force par exemple), mais Jonathan Hickman a accompli quelque chose d'unique avec "l'âge de Krakoa", entraînant dans son sillage des scénaristes qui ont joué le jeu et des artistes sur la même longueur d'ondes. Tout n'a pas ét parfait, la pandémie a contrarié les plans de grand architecte, mais le bilan est positif.


Il manquait juste une pointe d'humour. Une série distanciée avec le projet d'ensemble. Quelque chose qui, sans ironiser, ni se moquer, offre de la déconne au lecteur, avec des mutants qui vivent des péripéties loufoques, en marge du conseil de Krakoa.

Je n'attendais pas Leah Williams, dont Trial of Magneto m'était tombé des mains, sur ce terrain, et pourtant la scénariste a osé. Elle a surtout convaincu Jordan White, le rédacteur-en-chef de la gamme X, de donner le feu vert à cette mini-série qui se présentait comme le "Grindhouse" des X-Men, en l'occurrence une sorte d'équivalent des films de Russ Meyer (Faster Pussycat Kill Kill !), avec des filles super-sexy, de la bagarre, des machos et une sacrée dose de second degré.

D'habitude, je suis méfiant avec les mini-séries Marvel que je trouve trop courtes, au propos anecdotique. Comme si l'éditeur ne croyait pas à cette forme, refusait d'investir dans un vrai label dédié (comme le DC Black Label), et confiée à des auteurs de second rang. Les mini-séries Marvel donnent l'impression d'être des bouche-trous, publiés pour préparer des choses plus importantes ou occuper les étals des comics-shops.

Mais justement avec X-Terminators, Leah Williams a d'abord voulu conjurer ce signe indien et concevoir une histoire spécialement produite comme une sorte de "sleeper" que personne ne verrait venir et qui balaierait tout sur son passage. Chaque floppy s'ouvrait sur une page de mise en garde soulignant les gros mots, la violence, la sexualité, tout le mature reader content de la chose, pour ensuite mieux en rire. Il y avait quelque chose du produit de contrebande, de la fausse pub, du canular dans X-Terminators.

Les films d'exploitation ne brillaient pas par leur scénario sophistiqué, et de la même manière les cinq épisodes de cette mini-série ne resteront pas dans les annales pour leur intrigue originale. Des vampires, quatre filles sexy et enragées, de la baston, des explosions, des litres de sang. En revanche, lire ça entre X-Men : Red, Immortal X-Men, X-Men, et le reste, ça, c'était vraiment culotté, comme un pied de nez aux machinations diaboliques développées par Al Ewing, Kieron Gillen, Gerry Duggan et compagnie.

Ce dernier épisode ne déroge pas à la règle. Dazzler obtient de Dracula de se venger d'Alex, ce vampire séducteur qui l'a vendue, avec ses copines, au Collectionneur, après avoir tenté de la tuer. Mais Leah Williams déjoue nos attentes : on ne va pas assister à un réglement de comptes banal, ne serait-ce que parce que, après s'être vengée, Dazzler a promis à Dracula de lui livrer Alex. La toute dernière page de l'épisode suggère même que la collaboration entre les quatre filles et le comte ne s'arrête pas là...

Carlos Gomez a été le dessinateur parfait pour emballer tout ça. D'abord, c'est évident, parce qu'il adore dessiner des filles girondes et qu'il le fait bien. Cela le range dans la même catégorie que des Terry Dodson ou Frank Cho ou Adam Hughes. Certains trouveront ça un chouia vulgaire, voire sexiste. Mais il faudra juste rappeler aux grincheux que Gomez illustre le script d'une femme qui a voulu s'amuser avec les clichés du "good babe art" et n'a pas lésiné sur l'empowerment de ses héroïnes, soudées par les épreuves et plus féroces que bien des garçons.

Ensuite Gomez est un excellent narrateur. Il aurait pu partir dans tous les sens en s'alignant sur la loufoquerie de l'intrigue. Au contraire, il a compris qu'il fallait découper ces épisodes de la manière la plus simple et efficace. Du coup les gags, même les plus graveleux, et l'action sont toujours lisibles et X-Terminators est un vrai page-turner. C'est agréable à lire parce que suivre Dazzler, Jubilé, Boom-Boom et Wolverine sont irrésistibles comme jamais, mais surtout parce qu'on sait toujours où on est, c'est fluide et dynamique.

Maintenant que c'est terminé, et c'est le signe de sa réussite, X-Terminators nous manque déjà. Le fait que ça n'ait duré que cinq numéros était fait pour frustrer, et la mission est accomplie. Mais les retours ont été très favorables, beaucoup de lecteurs sur les réseaux sociaux ont exprimé leur jubilation et même réclamé que le titre devienne une ongoing.

Alors, je vais spoiler et vous révéler ce qu'indique la (véritable) toute dernière page (où l'on trouve le calendrier des sorties X du mois) et où est écrit que "X-Terminators will return". Quand ? On ne sait pas, mais pas avant quelques mois si Leah Williams veut continuer avec Carlos Gomez car l'artiste s'est engagé sur une nouvelle mini (Rogue & Gambit) à partir de Mars prochain (également en cinq n°). Mais savoir qu'on aura droit à une suite vaut bien qu'on attende un peu.

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