mercredi 25 janvier 2023

JUSTICE SOCIETY OF AMERICA #2, de Geoff Johns et Mikel Janin, avec Jerry Ordway et Scott Kolins


A la lecture de ce deuxième épisode de Justice Society of America, on sent bien que l'histoire conconctée par Geoff Johns ne sera pas de tout repos. Entre voyages dans le temps, allusion à des personnages inédits placés rétroactivement dans la continuité DC et récit initiatique, il s'agit d'un puzzle pour lequel il faudra être patient.


Envoyée en Novembre 1940 par la boule à neige de Batman, Huntress, sa fille, reprend connaissance dans le quartier général de la Justice Society of America de l'époque. Elle explique que son équipe est morte et qu'elle a besoin du Doctor Fate. Mais celui-ci est pris d'un violent malaise à proximité de la jeune femme...


Peut-être que la seule vraie question à se poser au sujet de ce retour de Justice Society of America, qui plus est (non pas comme je le pensais  comme série régulière mais) sous la forme d'une mini-série en douze épisodes, est : pourquoi DC ne l'a pas publié au sein de son Black Label ?


Car tout, absolument tout, dans le projet de Geoff Johns fait penser à ce qui se produit dans cette collection. Certes le scénariste a contextualisé son histoire dans le one-shot The New Golden Age en affirmant que les éléments narratifs s'inscrivaient dans une continuité réécrite, mais ce qu'on lit ressemble davantage à quelque chose d'alternatif.


Je ne reviendrai pas sur le fait que l'héroïne est Huntress, alias Helena Wayne, fille de Batman et Catwoman, alors qu'il existe une autre Huntress en activité actuellement (et qui n'est pas la fille de), ni que Johns, pour avoir les coudées plus franches, a situé le début de son récit dans un futur proche, ou encore donc qu'il a pris soin d'introduire des personnages inédits dans le passé pour servir son propos (sans qu'on sache encore précisément à quel point).

Mais surtout quand il y a cette volonté affirmée d'écrire une histoire qui ne veut pas dépendre de ce qui agite actuellement le DCU, alors le Black Label est fait pour ça. Et, comme je l'ai déjà dit, les autres auteurs de l'éditeur ne semblent pas intéressés par les additions de Johns pour leurs propres séries. Bref, Johns tient d'un côté à s'inscrire dans la continuité et, de l'autre, à jouer sans avoir à composer avec ce que font ses collègues.

A défaut de Black Label, le plus simple ne serait-il pas alors de créer une sorte de Johns-verse comme il existe le Murphy-verse de Sean Gordon Murphy (avec ses mini-séries estampillées White Knight), où l'auteur pourrait à loisir s'amuser avec ses personnages, ses lubies (narratives et esthétiques), au fil de one-shots et mini-séries inspirés par mais pas attachés au DCU ?

Si j'insiste là-dessus, c'est parce que, après avoir lu ce deuxième épisode de Justice Society of America, j'ai été perplexe. La lecture est déjà curieuse et ce qu'on en retire l'est encore davantage. L'épisode se déroule en Novembre 1940 après que Hintress y ait atterri, propulsée là par la boule à neige de son père (celle-là qu'on voyait dans Flashpoint Beyond et qui contenait l'univers Flashpoint, sauvé des Time Masters qui voulaient le détruire). Elle y rencontre la JSA originelle, ce club de garçons avec Jay Garrick (le premier Flash), Alan Scott (le premeir Green Lantern), Hourman (Rex Tyler), le Spectre, Atom (Al Pratt), Johnny Thunder et le génie Thunderbolt, Sandman (Wesley Dodds), Hawkman et surtout Doctor Fate (kent Nelson) à qui elle demande son aide.

Puis tout déraille très vite : alors qu'elle s'approche du magicien, celui-ci est pris d'un violent malaise et transporté un an dans le futur, dans le marais de Gotham où il croise successivement Salem le sorcière (un des personnages inédits de Johns), puis Mister Miracle (Thaddeus Brown) et Salomon Grundy, à proximité duquel il est renvoyé en 1940 !

On ne sait absolument pas à quoi rime tout ça, sauf qu'on devine que Huntress en ayant été déplacée dans le temps l'a gravement perturbé (c'est le risque quand on interagit avec des éléments avec lesquels on n'est pas censé proche) et que ce n'est que le début. Selon un principe bien connu de la science-fiction, vouloir modifier le futur en allant dans le passé n'est pas une bonne idée et n'arrange rien, au contraire - même quand on a aux trousses un adversaire dont c'est la spécialité (de voyager dans le temps). C'est l'effet papillon.

La constante, c'est Doctor Fate, ses multiples incarnations, là-dessus Johns insiste beaucoup. Le souci, c'est que si toute la série (ou trop d'épisodes du moins) continuent ce zapping temporel, ça risque de devenir un poil lassant car on survolera des situations sans les creuser. C'est parfois l'écueil des histoires de Johns de secouer le lecteur pendant des épisodes avant de finir en force (et souvent sur une note qui annonce une autre histoire à venir - cf. Blackest Night - Brightest Day, Flashpoint - Flashpoint Beyond, et toutes les variations autour d'Alan Moore avec Three Jokers, Doomsday Clock...).

C'est donc frustrant parce qu'on se réjouit d'abord d'un épisode avec les vétérans de la JSA, mais on les voit peu, et c'est parasité par des scènes dont on a aucune idée de pourquoi elles sont là (Fate dans le Slaughter Swamp) ou de l'utilité de ces personnages inédits (même si Thaddeus Brown a effectivement été Mister Miracle avant Scott Free. Par contre à quoi sert Salem the witch girl ?).

C'est aussi rageant parce que visuellement c'est vraiment chouette. Mikel Janin est très en forme, son trait n'a rien perdu de son élégance et il réussit à remuer le lecteur sans forcer. Jordie Bellaire aux couleurs a eu la riche idée d'utiliser des trames pour imiter les impressions chromatiques des vieux comics, mais sans en abuser.

Lorsque Jerry Ordway se substitue à Janin sur les pages 9 à 12 (pour la scène dans le marais de Gotham), on peut constater que le vétéran est toujours aussi impeccable. Son trait précis, son découpage classique, tout est classe (j'ai toujours aimé Ordway, comme dessinateur et/ou encreur, et je trouve qu'il n'a pas la considération qu'il mérite).

Je serai plus réservé avec Scott Kolins, vieux complice de Johns, mais heureusement il ne signe que les pages 14, 17 et une partie de la double apge 19-20 (à moitié avec Ordway).

En fait la crainte que j'ai, c'est que Justice Society of America s'apprécie mieux en le lisant d'une traite que mensuellement. Si vraiment le mois prochain cela se vérifie avec un nouvel épisode trop elliptique, alors je me garde le droit d'interrompre les critiques sur ce titre pour en rédiger une sur la totalité du récit une fois qu'il sera achevé.

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