mercredi 19 janvier 2022

NIGHTWING #88, de Tom Taylor et Bruno Redondo


Après la première partie tape-à-l'oeil de l'arc Get Grayson le mois dernier, je comptais sur Tom Taylor et Bruno Redondo pour revenir à une forme plus classique et surtout un fond plus substantiel avec Nightwing #88. C'est chose faîte et bien faîte grâce ce numéro rondement mené, où le scénariste ne cache guère son envie d'écrire au-delà de son héros.
 

Malgré ses réticences, Dick Grayson est accompagné par Barbara Gordon pour l'inauguration du chantier sur lequel va être bâtie la fondation Alfred Penyworth pour les enfants san abri de Blüdhaven. Mais il ignore qu'il est dans la ligne de mire de deux tueurs, Gunbunny et Gunhawk.
 

Gunbunny maîtrisée par Starfire et Donna Troy, reste à repèrer Gunhawk et Flash évacue Dick pour éviter un drame. Conduit auprès de Mr. Terrific, il découvre le nouveau costume élaboré par ce dernier. Sur le chantier, des hommes en armes surgissent et menacent les enfants pour que Dick se montre.


Avec les Titans, Nightwing affronte ces mercenaires. Cependant, Gunhwak décide de battre en retraite mais Heartless lui barre la route pour savoir le nom de son commanditaire. Il s'agit du même homme qui a déployé les mercenaires.


Raven téléporte les Titans dans le bureau de Blockbuster et le mettent en garde. Désormais Dick Grayson est sous leur protection. L'équipe se retire. Heartless élimine Gunhawk après s'être juré que Blockbuster ne disposerait pas de Dick Grayson à sa place.

Le mos dernier, Tom Taylor signait un épisode-gadget qui se voulait virtuose mais qui était surtout superficiel. Par la même, le projet du scénariste qui, à force d'accumuler les clins d'oeil aux comics qui lui servent de référence pour Nightwing, affichait ses limites : difficile d'égaler des modèles tels que le Daredevil de Waid/Samnee et le Hawkeye de Fraction/Aja.

Néanmoins, si j'ai été contrarié, je ne voulais pas paraître trop sévère car Nightwing est une lecture très agréable et Tom Taylor mène rondement son affaire, réhabilitant un personnage qui n'a pas été très gâté depuis le début de l'ère Rebirth de DC. De son propre aveu, Dick Grayson mérite d'être considéré comme un héros majeur et le run actuel de Taylor lui rend justice.

Aussi, cet épisode fait plaisir à voir car il assume complètement son côté fan. Tom Taylor se fait plaisir - et nous fait plaisir. Peut-être même fait-il plus en semblant indiquer que le scénariste aimerait aller au-delà de ce simple titre. 

En effet, Taylor a déjà rapproché Barbara Gordon/Oracle de Dick Grayson/Nightwing, établissant leur couple. Mais surtout, cette fois, il intègre à son histoire les Titans (ou New Titans - on ne sait plus trop comment les nommer puisque DC ne veut pas chosir entre la série Teen Titans Academy et la mini Titans United).

A l'occasion de l'inauguration du chantier de la future fondation Alfred Pennyworth, Dick est dans le viseur de deux tueurs à gâges payés par Blockbuster qui n'apprécie pas les projets du jeune homme de réformer et réhabiliter Blüdhaven grâce à la fortune qu'il a héritée du majordome de Bruce Wayne. Oracle s'est assurée cependant qu'il n'arrive rien à son amant et a appelé les Titans en renfort pour neutraliser les assassins.

Comme l'indique la couverture, il s'agit aussi de présenter le nouveau costume de Nightwing. Qui n'est pas si nouveau puisqu'il s'agit du retour d'un design délaissé depuis un moment. On apprendra en lisant l'épisode que la tenue est confectionnée par Mister Terrific (ça fait toujours plaisir de revoir ce personnage, qui, je l'espère, reviendra bientôt dans une série Justice Society). Là encore, la scène survient naturellement alors que les changements de look chez les super-héros ressemblent souvent davantage à un caprice graphique, sans réelle justification (il suffit de compter le nombre de fois où la Guêpe a changé de tenue).

Quand, enfin, Taylor met en scène les Titans, il l'écrit avec un plaisir si évident qu'il est aisé de penser qu'il souhaiterait sûrement prolonger l'expérience. On sait que Flash (Wally West) reviendra bientôt dans la série (tout comme un mini-crossover en deux parties aura lieu avec Jon Kent/Superman et Nightwing). Et le plaisir du scénariste est contagieux.

Encore une fois, Taylor s'inspire de Daredevil en soulignant à quel point Blockbuster remplit un rôle similaire à Wilson Fisk. On peut aussi trouver que Heartless ressemble à Bullseye, même si, de ce côté-là, il semble bien que le tueur soit plus un rival de Roland Desmond qu'un futur allié. En soi, ces ressemblances ne sont pas gênantes, mais disons qu'elles sont trop évidentes pour échapper au lecteur qui connaît les personnages dont ils s'inspirent.

Bruno Redondo, après s'être amusé avec ses doubles pages le mois dernier, revient à une narration graphique plus classique, qui lui convient mieux. Son trait est toujours un peu rigide, bien propre. Il lui manque ce grain de folie qui déborderait du cadre, et qui l'empêche de fait d'égaler des maestros commes Samnee ou Aja. Mais ça reste très bon, dans le haut du panier.

Redondo a pour lui une vraie intelligence visuelle : ses compositions sont toujours élégantes, ses effets bien dosés. Si ses personnages ne se départissent jamais d'une certaine raideur, il dispose les éléments d'une image de façon lisible et enchaîne les cases avec efficacité. La lecture est fluide, les valeurs de plans sont irréprochables. Comme Taylor, il aime visiblement le personnage, son univers, l'ambiance que le scénario pose, et c'est perceptible sans effort pour le lecteur.

Les couleurs de Adriano Lucas participent à cet aspect lumineux de la série, flirtant parfois avec l'acidulé. Mais là encore, c'est le contraste qui donne de la valeur aux choix esthétiques : dans une offre qui fait la part belle aux tons sombres, lire Nightwing change positivement, ose la contre-programmation.

Get Grayson est un arc prometteur, où le récit inverse les enjeux (ici, c'est Dick Grayson la cible, et plus Nightwing). L'enthousiasme de l'équipe créative et son envie, parfois un peu complaisante, de faire plaisir au fan assure un bon moment qu'il serait injuste de bouder.

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