jeudi 11 juillet 2019

BATMAN UNIVERSE #1, de Brian Michael Bendis et Nick Derington


Brian Michael Bendis est très présent dans les stands cette semaine (Event Leviathan, Naomi, Young Justice), donc les allergiques à l'auteur peuvent prendre leur RTT. Mais il n'empêche, pour ses fans, la sortie en comic-shops de Batman Universe est un vrai cadeau puisque cette mini-série n'y était pas destinée. Et en prime, c'est dessiné par Nick Derington.


Batman intervient dans le centre de Gotham où se disperse un gang d'hommes tous vêtus comme le Sphinx. Il s'agit de cascadeurs, certains fichés, et parmi eux, le vrai Edward Nygma.


Batman le rattrape et récupère son butin, un Oeuf de Fabergé volé à un musée de Saint-Petersbourg, d'une valeur de 15 M $. Pourtant, le Sphinx est effrayé. Trois canons braquent alors le malfrat et Batman et tirent.


Quand il reprend connaissance, Batman constate que le Sphinx a disparu. Le commissaire Jim Gordon et le GCPD ont interrogé son gang. L'Oeuf de Fabergé, volatilisé, a été donné par Jinny Hex, qui jure tout ignorer de son vol.


Alfred Pennyworth a localisé Edward Nygma à Amsterdam. Batman le retrouve sous la protection d'un caïd local qui a employé Deathstroke pour sa sécurité. Un combat s'engage entre le mercenaire et le dark knight.


Deathstroke refuse évidemment de révèler pour qui il travaille vraiment mais le Sphinx en profite pour se carapater. Batman l'arrête avec un Batarang tandis que Deathstroke est neutralisé par une flèche de Green Arrow.

Il y a quelques mois, peu après l'arrivée de Bendis chez DC, l'éditeur conclut un deal avec la chaîne de supermarchés Walmart pour commercialiser exclusivement dans ses magasins des comics inédits. Des créateurs de premier plan sont sollicités (Tom King écrit une aventure de Superman, Amanda Conner et Jimmy Palmiotti une de Wonder Woman). Bendis, que beaucoup voyait prendre en charge un Bat-titre lors de son transfert, accepte de concevoir une histoire originale avec le personnage.

Finalement le succès de ces parutions et les requêtes des fans qui n'avaient pas accès aux magasins Walwart ont convaincu DC de republier ces trois sagas et de les sortir dans des comic-shops.

Il n'y a pas besoin de suivre la série Batman actuelle ni Detective Comics pour comprendre ce que raconte Bendis ici, même si le scénariste adresse des clins d'oeil à Tom King (esthétiquement et narrativement)... Ainsi qu'à lui-même (pour la première fois, il introduisait Jinny Hex, bien avant Young Justice). Cette immédiateté, cette accessibilité sont un régal et rappelle lorsque Bendis (et Millar) réintroduisait les héros Marvel dans l'univers "Ultimate".

L'intrigue fait le pari de l'action et de l'enquête (ce qui manque à beaucoup dans le run de King actuellement) et l'épisode démarre sur le chapeaux de roues avec une superbe scène en vue subjective précédant une baston entre Batman et le Sphinx. Le vol d'un Oeuf de Fabergé ne semble pour l'instant qu'un prétexte destiné à faire voyagé le héros, périple au cours duquel il va croiser pas mal de ses collègues (à commencer par Green Arrow - tiens, comme dans... Event Leviathan).

Cette impression de légèreté et de dynamisme tient beaucoup au dessin de Nick Derington, qui renoue avec l'art séquentiel depuis ses épisodes de Doom Patrol - depuis, il s'était consacré à l'illustration de couvertures (en particulier sur la maxi-série Mister Miracle de King et Gerads, ce qui lui a valu plusieurs récompenses).

Le style de Derington (qui s'est fait remarquer à l'époque de Catwoman version Ed Brubaker) s'inscrit dans une sorte de semi-réalisme plus européen que la majorité des comics super-héroïques. Les proportions des personnages sont raisonnables, mais des détails se remarquent comme les yeux très simplifiés, et des décors bien fournis.

L'artiste s'encre lui-même (il travaille à l'ancienne, sur papier) et les couleurs sont confiés au formidable Dave Stewart, qui n'est pas du genre à en rajouter. Le découpage est sobre, privilégiant la lisibilité et l'efficacité. Mais ça n'empêche pas Derington de bien faire ressentir l'impact des coups dans une bagarre (notamment dans le duel entre Batman et Deathstroke) ou de bien rythmer le dialogue entre Batman et Jinny Hex (qui, à l'évidence, en sait plus qu'elle ne veut en dire).

Il y a quelque chose de grisant dans ce traitement pourtant élémentaire de Batman. Il est évident que Bendis aime écrire le personnage, et que Derington s'amuse également beaucoup avec ce coffre à jouets. Ce plaisir est communicatif et devrait garantir six mois d'une lecture jubilatoire.  

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