vendredi 19 juillet 2019

AGE OF X-MAN : OMEGA #1, de Lonnie Nadler, Zac Thompson et Simone Buonfantino


Comment conclure une histoire déjà nulle et dont rien ne subsistera ? En continuant à faire n'importe quoi : au moins, voilà quelque chose qu'on ne retirera pas à Age of X-Man : Omega puisque c'est aussi consternant que prévu. Après ça, on ne peut pas faire pire.


Nate Grey/X-Man est donc démasqué et tous les mutants qu'il a transporté dans un nouveau plan d'existence ont graves les boules. Son utopie s'est lamentablement cassé la gueule.


Le bougre qui s'est pris pour Dieu tente bien d'expliquer à ses semblables qu'il a voulu bien faire et il s'en trouve un ou deux pour presque l'excuser, même s'il a été maladroit. Mais bon, la majorité veut lui flanquer une rouste.


Il est quand même fumasse, X-Man, avec ces ingrats de mutants. Puisque c'est comme ça et qu'ils préfèrent rentrer dans leur monde qui les hait, soit. Mais alors qu'ils partent tous !


Magneto ferme le ban pendant que Nate Grey mesure son échec. Le maître du magnétisme reste encore un peu parce qu'il a une idée derrière la tête - que X-Man, en bon télépathe, a déjà devinée.


Le double de Magneto dans cette dimension veut concrétiser l'utopie que Nate Grey a foiré. Mais évidemment, il lui faudra sacrifier quelque chose pour ce projet... Quoi ? Ben, on s'en fiche car c'est la fin.

Même si Age of X-Man : Omega ne le mérite pas, la morale de cette conclusion foireuse m'a fait penser à cette superbe phrase d'Albert Cohen dans Le Livre de ma Mère : "Dieu m'aime si peu que j'en ai honte pour lui."

Et les editors de la franchise "X" aiment si peu leurs lecteurs qu'ils leur ont infligé un dernier navet avant de passer à autre chose. Entre la miriade de mini-séries estampillée Age of X-Man et le run  abominable de Matthew Rosenberg sur Uncanny X-Men paru en parallèle, on peut dire que ces derniers mois ont sûrement ce qu'on a pu lire de pire sur les mutants depuis une paie.

Faut-il alors consacrer une critique en bonne et due forme à cet épilogue ? Ou déjà espérer pour le futur ? Je choisis la seconde option.

En effet dès la semaine prochaine sera publié :


House of X par Jonathan Hickman et Pepe Larraz (avant, la semaine suivante, Powers of X, toujours par Hickman mais cette fois avec RB Silva) : c'est un petit miracle avant même de l'avoir lu car Marvel a réussi l'impensable, garder secrète l'histoire de ces deux mini-séries hebdomadaires en six parties chacune.

Du coup, la hype est à son maximum, et pour le prouver, il suffit de se balader sur les réseaux sociaux et sites spécialisés pour lire toutes les théories échafaudées par les fans et les journalistes qui tentent de savoir de quoi ça va parler exactement.

Hickman, qui avait quitté Marvel après la saga Secret Wars (pour se consacrer à des séries en creator-owned) et qu'on annonçait chez DC (pour reprendre Legion of Super-Heroes - finalement relancée par Bendis), a déclaré avoir élaboré son projet depuis l'enfance.

Il a en tout cas obtenu les pleins pouvoirs en convaincant Marvel de stopper toutes les séries "X" en cours le temps de la parution de HOX (et POX) ! Il ne s'est pas non plus privé, récemment, de tailler un beau costard à Rosenberg, sans le citer, mais en ciblant explicitement le fait qu'un auteur devait laisser les lieux dans l'état où il les avait trouvés pour son successeur (autrement dit sans avoir commis des histoires dont le rétablissement seraient top acrobatiques).

En vérité, Hickman opère comme un editor dans une franchise où les editors sont, depuis bientôt trente ans, très interventionnistes et avancent sans direction cohérente. Il y a eu de bons scénaristes pour les mutants, des artistes excellents, mais plus de vraie ligne éditoriale d'ensemble depuis les années Claremont et Simonson. Hickman prétend corriger cela, de manière radicale.

Je n'ai pas toujours été client de Hickman (ses Fantastic Four m'ont souverainement déplu et j'ai apprécié ses Avengers une fois qu'il ne les écrivait plus). Son style est plus story-driven que character-driven, d'ailleurs on lui reproche volontiers son manque d'empathie pour les héros et des intrigues touffues et trop calculées. 

Pourtant, il me semble que c'est ce qu'il faut aux mutants aujourd'hui, une vraie remise à jour, un vrai plan, un retour aux fondamentaux et aussi de la nouveauté - pour sortir des éternelles histoires de persécution, de métaphores des droits civiques. Je pense que Hickman peut être l'homme de la situation, il s'engage pour longtemps, a une vision cohérente et personnelle à la fois, et s'appuie sur deux très bons dessinateurs en devenir (Larraz et Silva, tous deux mis en couleurs par Marte Gracia). Il semble aussi que Marvel laisse à Hickman le champ libre pour un bon moment (même si une fois HOX - et POX - terminée, il n'écrira plus que le titre de tête des X-Men - sans doute un relaunch de Uncanny ou New X-Men), donc sans crossover ni event perturbateurs.

Ce sera un quitte ou double. Pour moi qui a grandi avec les X-Men, les voir vraiment repartir du bon pied, durablement, serait un vrai rêve. Je croise donc les doigts.

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