jeudi 18 juillet 2019

BLACK HAMMER / JUSTICE LEAGUE : HAMMER OF JUSTICE ! #1, de Jeff Lemire et Michael Walsh


Le succès de Black Hammer a permis à son créateur Jeff Lemire de développer son univers en de multiples spin-off. Ce n'était qu'un question de temps (et d'opportunité) pour qu'on ait droit à un crossover et comme le scénariste a souvent travaillé avec DC, c'est donc la Justice League qui croise la route des héros de Dark Horse Comics. Un switch aussi simple qu'ingénieux pour ce projet immédiatement accrocheur fournit l'hameçon parfait.


Dans leur ferme de Rockwood, Abe, Barbalien, Gail, et Mme Dragonfly sont visités par un agent immobilier qui convoite la propriété bien que ses habitants ne soient pas disposer à vendre.


A Metropolis, la Justice League affronte une énième tentative de conquête de Starro lorsque Wonder Woman pressent que la vraie menace est ailleurs. Un agent de voyage s'approche de l'équipe.


L'agent immobilier à Rockwood et l'agent de voyage à Metropolis savent tous deux les secrets de leurs interlocuteurs. Ils leur offrent donc un congé pour les récompenser des services rendus à la communauté ou pour leur permettre de quitter leur prison.


Aucun des deux groupes n'a le temps de réagir qu'ils sont téléportés ailleurs. La Justice League - Superman, Batman, Wonder Woman, Cyborg, Flash - atterrit à Rockwood. Abe, Barbalien, Gail et Dragonfly surgissent à Metropolis.


Tandis que les membres de la Ligue se sont presque résignés à leur sort à la ferme, Abe et ses partenaires doivent affronter Starro. Pendant ce temps, le colonel Weird flotte dans l'espace à proximité d'une brigade du Green Lantern Corps...

Il flotte dans cet épisode un doux parfum de crossover à l'ancienne, comme lorsque, par exemple, la Justice League partageait le temps d'un Annual une aventure avec la Justice Society. Pourtant, cette fois, les personnages ne sont pas édités par la même maison.

L'initiative de Hammer of Justice ! revient à Jeff Lemire qui n'a jamais coupé les ponts avec DC Comics malgré son succès chez Dark Horse avec Black Hammer (et tous ses dérivés). Son pitch est si simple et efficace qu'il profite à tout le monde sans embarrasser ceux qui ne lisent que l'une ou l'autre des séries. Les fans de Black Hammer seront juste plus informés car le récit se situe lorsque les héros sont encore prisonniers dans la ferme de Rockwood.

Plutôt cependant que d'organiser une rencontre entre ses personnages et ceux de la Ligue de Justice pour affronter un ennemi commun, Lemire a une l'idée lumineuse de switcher leurs situations. Ainsi Superman et compagnie sont coincés à la ferme depuis aussi longtemps que Abe et ses acolytes qui, eux, sont téléportés à Metropolis envahie par Starro le conquérant.

Le scénario s'amuse de ce gag sur des légendes ayant échangé leur malédiction (sauver le monde, être coincé au milieu de nulle part) et respecte ce que Leire raconte dans Black Hammer : Age of Doom, avec ces deux agents (de voyage et immobilier) qui écrivent l'histoire de manière méta-textuelle.

Il y a donc quelque chose de ludique et d'épique à la fois, mais qui respecte les codes inhérents à chaque titre. La monotonie de la vie à la ferme contre les batailles à grand spectacle à Metropolis, la résignation contre la détermination à s'en sortir... Surtout on mesure ce que Lemire a réinventé de son côté, même s'il n'a pas joué à fond le jeu des ressemblances (par exemple en mettant en scène et Barbalien et le Martian Manhunter, son modèle évident).

Pour illustrer cela, Michael Walsh est impeccable : ce dessinateur qui a roulé sa bosse un peu partout (Marvel, IDW...), sur des franchises (X-Files), a un style suffisamment proche de Dean Ormston pour ne pas déroûter les fans de Black Hammer et assez solide pour supporter le défi de représenter la Justice League.

Walsh est une sorte de couteau suisse : souvent remplaçant chez les "Big Two" (comme par exemple sur le Hawkeye de Kelly Thompson), il est cependant assez souple pour servir au mieux des personnages très connus comme d'autres qui le sont moins (ou du moins pour un lectorat moins important). Il est familier des deux mondes et d'une certaine manière, l'histoire de Hammer of Justice !, c'est aussi la sienne puisqu'il a goûté aux comics indés et mainstream.

C'est la magie Lemire à l'oeuvre : ce premier numéro vous embarque tout de suite, on est déjà impatient de connaître la suite, et ce diable de scénariste arrive toujours à surprendre même avec une entreprise aussi formaté qu'un crossover. Jubilatoire.  

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