mercredi 12 septembre 2018

LES INDESTRUCTIBLES 2, de Brad Bird


J'écris cette critique "à froid" car cela fait plusieurs semaines que j'ai vu Les Indestructibles 2 en salles, tout en différant la rédaction de cet article. Pourquoi ai-je tant tardé ? Parce que j'étais bien embêté pour dire ce que j'en pensais vraiment. J'attendais sûrement à tort de cette suite qu'elle soit deux fois mieux que le premier film et je n'y ai pas pris autant de plaisir. Pourtant Brad Bird est très loin de signer un nouvel opus médiocre. Mais quelque chose a disparu en route... 

Mr. Indestructible, Elastigirl et leurs enfants, Dash, Violet et Jack-Jack

Trois mois après leur victoire contre Syndrome, la famille Parr - Bob, Helen, Violet et Dash - continuent leur activité super-héroïque clandestinement. Leur dernier combat contre Underminer va provoquer la colère des autorités à cause des dégâts matériels engendrés et condamner le Programme de Relocation des Supers. Les Parr se retrouvent sans assistance financière et logistique de la part de leur ami Rick Dicker.

Evlyn Deavor, Frozone, Elastigirl, Mr. Indestructible et Winston Deavor

Ce dernier accepte néanmoins, après que Violet se soit confiée à son père, d'effacer la mémoire de Tony Ridinger, un lycéen dont s'est éprise l'adolescente mais qui l'a vue sans son masque lors de la bataille. Logés dans un motel, les Parr se demandent de quoi demain sera fait jusqu'à ce que leur ami Lucius Best/Frozone les informe d'une opportunité : Winston Deavor, un fan des Supers et P.D.G. de DevTech, une société de communication, veut les rencontrer pour restaurer leur réputation.

Elastigirl laisse son mari Bob s'occuper des enfants

Contre toute attente, c'est Helen Parr/Elastigirl que Winston et sa soeur Evlyn choisissent comme égérie de leur campagne. Bob doit donc s'occuper des enfants en l'absence de sa femme, envoyée en mission à New Urban, sur les traces d'un mystérieux vilain, le Screenslaver. La tâche du père est ardue car il doit composer avec la colère de Violet qui lui reproche d'avoir fait totalement laver le cerveau de Tony Ridinger, les leçons de mathématiques de Dash et l'apparition subite des innombrables pouvoirs de Jack-Jack.

Le Screenslaver (l'Hypnotiseur en v.f.)

Pendant ce temps, Elastigirl traque le Screenslaver à New Urban où il hypnotise les gens via les écrans. Elle réussit à le pister grâce au signal qu'il émet pour cela et le débusque dans son repaire. Une fois qu'elle l'a maîtrisé, elle découvre, surprise, qu'il s'agit d'un banal vendeur de pizzas, n'ayant aucun souvenir de ses méfaits. De son côté, épuisé, Bob emmène Jack-Jack chez Edna Mode afin qu'elle accepte de jouer les baby-sitters, mais la styliste est fascinée par le bambin et décide de l'entraîner.

Dash, Lucius Best, Jack-Jack, Bob et Violet

A Devtech, une fête est donnée en l'honneur d'Elastigirl après l'arrestation du Screenslaver tandis que Winston décrit la suite de son programme avec l'organisation d'une grande conférence pour la paix dans le monde sur son yacht où les Supers seront présents comme les forces de l'ordre du futur. Mais, mal à l'aise avec ces festivités, et surtout dérangée par la facilité avec laquelle elle a appréhendée le Screenslaver, Elastigirl s'isole dans le bureau de Evlyn Deavor afin d'y faire quelques recherches. Elle découvre alors qu'il utilisait des lunettes spéciales identiques à celles conçues par Evlyn et comprend que celle-ci a tout manigancé avant d'être assommée.

Evlyn et Winston Deavor

Bob profite de l'absence de Jack-Jack pour s'excuser auprès de Violet et l'encourager à renouer avec Tony Ridinger puis constate les progrès scolaires de Dash. Lorsque, requinqué, il va chercher le petit dernier chez Edna, il a droit à une démonstration de l'entraînement qu'elle lui a fait subir et comprend que ses pouvoirs évoluent en fonction de ses émotions. La styliste lui a même confectionné un costume spécial qui les régule. Helen, retenue dans une chambre froide (où elle en peut s'étirer sans risquer de se briser les membres), est forcée par Evlyn, qui souhaite se venger des Supers car leur père qui était leur ami a quand même été tué malgré leur protection, d'appeler Bob à l'aide.

Jack-Jack, Edna Mode et Bob

Bob confie ses enfants à Lucius pour aller à la rescousse de Helen mais Evlyn le piège à son tour en lui faisant porter comme à Elastigirl des lunettes spéciales grâce auxquelles ils sont sous son emprise. Winston accueille sur son yacht ambassadeurs et chefs d'Etat pour sa conférence. Des Supers qu'il a réunis sans savoir qu'ils sont à la solde de sa soeur sont envoyés chez les Parr pour enlever leurs enfants. Mais Frozone, Dash, Violet et Jack-Jack réussissent à leur échapper pour partir au secours de leurs parents.

Elastigirl au milieu des autres Supers à la solde d'Evlyn Deavor

Ensemble, ils libèrent Mr. Indestructible et Elastigirl de l'emprise d'Evlyn et neutralisent les Supers dévoyés puis empêchent le yacht de Winston avec ses passagers de percuter le port de la ville. Elastigirl rattrape Evlyn qui tente de fuir à bord d'un jet et la livre à la police. Toute la famille et Frozone sont acclamés par la foule pour leur exploit. Les Supers ont retrouvés les faveurs du public - et bientôt des autorités, comme le souhaitait Winston.

Frozone, Dash, Violet, Mr. Indestructible et Elastigirl

Plus tard. Violet est accompagnée par sa famille au cinéma où elle et Tony Ridinger ont rendez-vous. Mais lorsqu'une voiture de police poursuit celle de gangsters, les Indestructibles changent de programme. Violet a juste le temps de demander à Tony de l'attendre. 

Une famille... Incroyable !

La même année où Marvel studios a sorti son film le plus gonflé avec Avengers : Infinity War et son lot de héros qui part littéralement en poussière, défaits par Thanos, Brad Bird livre donc la suite, après quatorze ans d'attente, des Indestructibles. Produit par Disney, également propriétaire de Marvel, les deux longs métrages ont été des succès colossaux et pourtant diamétralement opposés dans leur conception et la vision de leurs réalisateurs.

Pour Bird, il s'agissait de se refaire une santé au box office après l'échec injuste du mésestimé A la poursuite de demain (pour lequel il avait refusé de mettre en scène un épisode de Star Wars). Retour gagnant donc avec des critiques conquises et un public au rendez-vous. Tant mieux pour lui, a-t-on envie de dire car le bonhomme n'a jamais fait moins bien qu'excellent, depuis Le Géant de Fer (revu dans Ready Player One de Spielberg) jusqu'à Mission : impossible 4 - Protocole Fantôme en passant par Ratatouille.

Mais Les Indestructibles, il est le premier à l'admettre, occupe une place à part dans sa filmographie et le coeur des fans. Je pense moi-même qu'il s'agit du meilleur film de super-héros, une perfection d'action, d'aventure, de comédie, d'étude de caractères. Et cette suite est loin de démériter avec une réalisation aussi trépidante, soignée, malgré une sortie anticipée (à cause d'un autre film Pixar).

Alors qu'est-ce qui ne colle pas ? Pourquoi n'ai-je pas été aussi emballé que je l'attendais ?

Cela tient peut-être à la nature même du projet. Pourquoi cette suite ? On le sait, donner une suite à un chef d'oeuvre est casse-gueule, et de manière encore plus générale, les deuxièmes épisodes sont souvent moins aboutis (quand ils s'inscrivent dans une trilogie ou une saga). Ce numéro deux n'échappe pas, hélas ! à la règle.

Qu'on ne s'y trompe pas : ceux qui louent Les Indestructibles 2 n'est pas le film féministe que beaucoup y ont vu. Certes Elastigirl est la vedette des scènes d'action en qualité d'égérie de Devtech, mais le récit donne la part belle aux moments avec Bob et sa marmaille. Entre les leçons de maths de Dash, les problèmes sentimentaux de Violet et l'émergence des pouvoirs de Jack-Jack, on passe finalement plus de temps chez les Parr qu'avec Helen en mission. Ou du moins on s'en souvient davantage.

Mais passer du temps avec des personnages obligent à les exploiter pleinement et sur ce plan, Brad Bird le scénariste ne vaut pas (plus ?) Brad Bird le réalisateur. Dans le premier film, l'équilibre était impeccable alors que les situations étaient semblables (Mr. Indestructible partait en mission pour coincer Syndrome en le cachant à sa femme). Ici, la romance adolescente de Violet n'est guère passionnante, Dash est négligé, et Jack-Jack prend trop de place, volant littéralement la vedette - au point que son combat contre le raton-laveur est un vrai film dans le film, soulignant bien la bascule qui s'opère au détriment de l'ensemble.

Les seconds rôles souffrent aussi du manque d'inspiration manifeste de l'auteur pour leur donner du relief. Edna Mode ne fait que passer, un vrai gâchis. Le méchant Screenslaver ? On devine (trop) rapidement qui se cache derrière son masque et son mobile est archi-rebattu (et franchement, les critiques qui ont vu chez lui le symbole d'une critique sur la société su spectacle feraient bien d'arrêter de fumer la moquette). Les autres Supers, à peine esquissés. Frozone n'est souvent employé que comme une béquille scénaristique pour mener Helen et Bob d'un point A à un point B ou pour s'occuper des mouflets : il ne serait pas là, le scénario fonctionnerait quand même.

En définitive, Les Indestructibles 2 fonctionnent le mieux quand on isole des scènes (comme l'intro, qui rappelle les pouvoirs de chacun au cours d'un combat ravageur, ou à la fin quand Elastigirl empêche Evlyn de fuir et les autres que le yacht de Winston ne percute le port). Mais mises bout à bout, elles révèlent le manque de fluidité, l'aspect peur compact, l'artificialité du dispositif. Ce n'est pas vraiment une suite de sketches mais presque, et comparé à la merveille de cohésion et de rythme du premier épisode, c'est flagrant.

Malgré une musique extraordinaire composée par Michael Giacchino (qui a beaucoup hésité à rempiler, pensant ne pas pouvoir faire mieux que la première fois), le nouveau Brad Bird n'est pas deux fois mieux ni même aussi bien que l'original. Si Disney va pousser pour qu'un troisième opus soit mis en chantier avant 2032, le cinéaste a intérêt à non seulement veiller au grain mais aussi à retrouver son mojo.

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