mardi 11 septembre 2018

READY PLAYER ONE, de Steven Spielberg


L'affiche promet "Une aventure trop grande pour le monde réel". Et pour moi, inutile de faire durer le suspense, Ready Player One de Steven Spielberg m'a fait l'effet d'être "trop vieux pour ces conneries", pour citer une réplique culte des années 80 (L'Arme Fatale, de Richard Donner) abondamment citées dans ce long métrage. J'avais bien quelques doutes sur le fait que ce film ne s'adressait pas à moi. J'en ai eu la confirmation après deux heures vingt.

 James Halliday et Ogden Morrow (Mark Rylance et Simon Pegg)

2045. La Terre (enfin les Etats-Unis) sont en proie au dérèglement climatique et à une pauvreté endémique. Les habitants des nombreux ghettos, pour se divertir, se connectent à un gigantesque jeu vidéo en ligne par lequel ils accèdent à l'Oasis grâce à un équipement spécial (des gants, une combinaison et des lunettes). Ceci est la création de feu James Halliday et Ogden Morrow, fondateurs de Gregarious Games. Avant de mourir, Halliday avait évincé Morrow et enregistré une vidéo dans laquelle il expliquait léguer sa fortune au joueur qui trouverait l'Oeuf de Pâques caché dans l'Oasis grâce à trois clés. 

Wade Watts (Tye Sheridan)

Cinq ans après, personne n'a encore réussi à atteindre cet objectif. Wade Watts, un adolescent de Columbus, Ohio, s'y emploie dans la roulotte où il a installé son matériel, à proximité du domicile de sa tante Alice. Sous l'avatar de Parzival, il fait des recherches dans le Conservatoire de l'Oasis sur le passé de Halliday et découvre ainsi que ce dernier était amoureux de la femme de Morrow, Kira.

Aesh, Parzival, le Conservateur et Artemis

Cet indice et d'autres permettent au garçon de trouver la première clé lors d'une épreuve reproduisant une course automobile. Il fait, à cette occasion, connaissance avec Artemis, une autre joueuse qu'il convainc de s'allier avec ses amis, Daito, Cho et surtout Aesh, un mécanicien de génie. Mais leur réunion n'échappe pas à Nolan Sorrento, P.D.G. de Innovative Online Industries (IOI), qui est prêt à tout pour s'emparer de l'Oasis afin d'en tirer de juteux profits.
  
Visite de l'Hôtel Overlook

Toujours en quête de la deuxième clé, le groupe visite, dans une nouvelle épreuve, la reproduction de l'Hôtel Overlook du film Shining (Stanley Kubrick). Sorrento a engagé le mercenaire i-Rok pour pister Parzival et l'éliminer. Il apprend la véritable identité du joueur lorsque, pour fêter la découverte de la deuxième clé, ce dernier invite Artemis dans un club où il lui avoue son amour et son nom civil. Des soldats virtuels de l'IOI surgissent pour le capturer mais ils parviennent à leur échapper. Artemis choisit de rompre avec Parzival qu'elle juge inconscient.

Samantha Cook et Wade Watts (Olivia Cooke et Tye Sheridan)

Sorrento contacte alors Parzival dans l'Oasis et lui propose, en échange des clés, un poste dans son entreprise et une énorme rémunération. Mais il refuse. L'homme d'affaires, en guise de représailles, envoie alors des drones dans le ghetto où vivent Wade et sa tante Alice et détruit leur domicile. Le garçon fuit avant d'être enlevé, une cagoule sur la tête. Lorsqu'on la lui ôte, il est dans le repaire des insurgés que commande Samantha alias Artemis. Mais les drones ont traqué Wade et les commandos de l'IOI débarquent. Samantha aide Wade à s'évader et se fait arrêter à sa place. 

Le Géant de Fer

Wade est récupéré par Aesh, Daito et Cho, dont ils découvrent pour la première fois les apparences et l'âge (le premier est une femme noire, le deuxième un gamin et le troisième un ado comme lui - les deux derniers étant asiatiques). Tous ensemble, ils s'accordent pour libérer Samantha/Artemis, mais pour cela il faut empêcher Sorrento de trouver la troisième clé dans l'Oasis, situé dans le château de la planète Doom que l'avatar de l'homme d'affaires a rendu impénétrable grâce à un champ de force acquis par i-Rok. Dénonçant les méthodes de son ennemi, Parzival enjoint tous les joueurs à le soutenir dans un assaut contre le château.

Parzival et Anorak

Samantha est libérée à distance et s'occupe dans le monde réel de désactiver le champ de force. Parzival peut alors se diriger jusqu'à une console Atari 2600 pour gagner la dernière clé. Mais Sorrento déclenche alors une bombe qui désintègre tous les joueurs de l'Oasis. Grâce à un jeton Extra Life que lui avait remis le Conservateur, Parzival survit et gagne la troisième clé, accédant ainsi à l'Oeuf de Pâques. Anorak, l'avatar de Halliday, lui tend alors le contrat prêt à être signer pour qu'il devienne le nouveau patron de l'Oasis.

Wade, Samantha, Daito et Cho (Tye Sheridan, Olivia Cooke, Wiri Morisaki et Philip Zhao)

Mais Parzival/Wade refuse de parapher le document car il n'a pas joué pour l'argent. C'est ce qu'espérait Halliday. Dans le monde réel, Sorrento est arrêté alors qu'il s'apprête à abattre Samantha, Cho, Daito et Wade. Avec Aesh, ces quatre-là se partageront la direction de l'Oasis, soutenus par Ogden Morrow (qui jouait le rôle du Conservateur). Leur première décision est pourtant impopulaire puisqu'ils décrètent que le jeu sera fermé deux jours par semaine afin que chacun profite de la vraie vie.

Très loin de l'enthousiasme provoqué par Pentagon Papers (tourné durant la post-production de ce long métrage), Ready Player One représente ce que Steven Spielberg l'entertainer veut prouver aux critiques et au grand public qui douteraient de sa capacité à encore produire des blockbusters. Malheureusement, la démonstration, si elle a lui valu effectivement un nouveau énorme succès commercial et des articles élogieux, ne m'a pas convaincu. 

Pour tout dire, je n'ai cessé de me demander à quel point Spielberg avait effectivement mis en scène ce long métrage dont l'action la plupart du temps se déroule dans l'univers virtuel de l'Oasis. Si, en tant que réalisateur, il a du indiquer avec précision les mouvements de caméra, les angles de vue, les lumières, s'il a validé les effets spéciaux, toute cette partie revient quand même à des techniciens spécialisés pour donner forme et vie à cet endroit virtuel.

Et l'Oasis, hé bien, elle st affreusement laide, d'une mocheté ahurissante, à tel point que c'est embarrassant de savoir que Spielberg a vu et voulu ça ! Les avatars sont hideux (mention spéciale à Artemis, mais les autres ne sont pas mieux), les décors ont une esthétique épouvantable, tantôt criarde, tantôt trop obscure, et les innombrables citations à la pop-culture, directement issues du roman d'Ernest Cline dont est tiré le film (et que l'auteur a adapté avec Zak Penn) ne réjouiront que les vieux geeks de cette époque, fétichistes pathétiques de vieux ordinateurs, de jeux vidéos, et qui vont user leurs DVD/Blu-Ray pour repérer le moindre caméo au ralenti.

Cet aspect est une vraie purge pour moi qui n'ait jamais été un gamer et qui déteste irrévocablement ce passéisme nourri au name-dropping, comme figé dans un "bon vieux temps" aussi attirant qu'une femme botoxée. Spielberg a au moins le bon goût de ne pas trop recycler sa propre oeuvre (alors que Cline en faisait l'acmé de sa génération), mais il adresse des clins d'yeux vraiment lourdingues aux copains (le cube Zemeckis) et a remplacé son fidèle compositeur John Williams par le so eighties Alan Silvestri (qui joue au DJ vintage en plaçant d'entrée Jump de Van Halen ou, pire que tout, du Duran Duran et du Tears for Fears).

Cependant, le pire est atteint dans un passage dont raffole apparemment beaucoup de monde : la scène de l'Hôtel Overlook issu du film Shining de Stanley Kubrick. Les deux cinéastes étaient de grands amis, et Spielberg a même mis en scène le script de A.I. : Intelligence Artificielle, un projet longtemps caressé par Kubrick. Il aurait dû se souvenir qu'il n'avait pas été très inspiré en le faisant (et d'ailleurs, ce fut un bide cuisant en salles). Mais, là, le réalisateur de 2001 : L'Odyssée de l'espace doit se retourner dans sa tombe (et Stephen King doit fulminer, lui qui détestait le film de Kubrick) en voyant où finit son son chef d'oeuvre horrifique dans un passage plus affligeant que digne de l'hommage voulu.

J'ai lu ça et là que Ready Player One serait une réflexion sur les GAFA (Google, Apple, Facebook, Amazon) via IOI ou un autoportrait multiple de Spielberg via les personnages de Wade ou Halliday ou Sorrento. Mouais. Peut-être... Mais enfin ça ne saute pas aux yeux, sinon pour la ressemblance physique troublante entre le jeune Tye Sheridan et le le cinéaste il y a cinquante ans. Toutefois le comédien, comme ses partenaires, n'a guère l'occasion de briller à cause d'une caractérisation grossière et du peu de temps accordé aux scènes dans le monde réel : dommage pour Olivia Cooke surtout, et Ben Mendelsohn. Mark Rylance en revanche est incompréhensiblement mauvais en pseudo-Steve Jobs autiste, affublé d'une invraisemblable perruque.

On me répliquera sans doute que je n'ai pas du voir le même film que la majorité. Mais rien ne sauvera à mes yeux ce naufrage qui me fait surtout espérer que son metteur en scène consacre davantage ses efforts sur des projets adultes : Spielberg est depuis longtemps le roi de Hollywood, il n'a plus rien à prouver, et à 71 ans, il est bien meilleur en héritier des grands maîtres classiques qu'en challenger de grosses machines, surtout aussi mal écrites et conçues.  

1 commentaire:

  1. je ne serais pas aussi dur que toi mais effectivement j'ai pas trouvé ça génial non plus contrairement à certains podcasters qui disent pi que pendre du marvel cinématic universe le reste de l' année ;)

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