lundi 18 juin 2018

HAWKMAN #1, de Robert Venditti et Bryan Hitch


En considérant la quantité importante de mensuels que j'ai lus ce mois-ci (et le mois n'est pas fini...), j'ignore si je suivrai longtemps toutes les séries entamées, mais si je dois abandonner la rédaction de critiques de certaines après leur premier numéro, cela ne signifiera pas forcément que je cesserai de les lire. Dans ce cas, il faudra prendre quelques-unes de mes critiques davantage comme des encouragements à découvrir quelques titres que comme un renoncement de ma part. Peut-être sera-ce le cas, par exemple, avec cette relance de Hawkman, indéniablement brillante après des années où DC a littéralement fait n'importe quoi avec le personnage...


Au Sud de Santorini, en Grèce, de nos jours. Hawkman s'introduit dans le coeur d'une montagne. Carter Hall a été conduit là par Yiannis, un marin dont il a aidé plusieurs aïeux lors de précédents conflits armés, au gré de ses réincarnations comme héros ailé.


Une fois à l'intérieur, il découvre un autel imposant et y dérobe le Nautile de la Révélation. Mais, en faisant cela, il réveille le gardien de cette relique, un gigantesque gorille de pierre, Ooahk-Kung, celui-qui-voit-tout. Pour tenter de le semer, Hawkman, plonge dans un cour d'eau au fond de la montagne.
  

Mais le gorille le suit jusqu'à l'extérieur. Hawkman déploie ses ailes, espérant le perdre en s'envolant. Mais le gardien du Nautile est aussi capable de s'élever dans les airs. Le héros n'a plus d'autres choix que de dégainer sa massue et de pulvériser son adversaire.


Carter Hall se rend à Londres dans la boutique de Madame Xanadu qui s'étonne de le savoir encore en vie, alors qu'on l'a dit mort plusieurs fois ces dernières années. Il lui demande son aide pour utiliser le Nautile afin d'en apprendre plus sur lui-même et le cycle des réincarnations de Hawkman.


La magicienne délivre un sort qui précipite Carter dans son passé où défilent ses précédentes versions de lui-même, y compris certaines dont il n'avait aucune connaissance (comme un alias issu de Krypton, la planète natale de Superman). Toutes, néanmoins, aboutissent à une fin tragique : la fin de notre monde - que lui seul peut éviter. Mais pour cela, prévient Xanadu, il n'aura pas assez de cent vies pour l'accomplir...

Les origines de Hawkman sont si complexes qu'elles donnent des migraines même aux fans les plus mordus de DC. Membre de la JSA, héros réincarné, policier extra-terrestre, et j'en passe, le personnage a salement mordu la poussière en s'écrasant lors de la période des "New 52" dans le titre Savage Hawkman, unanimement désigné comme une des pires séries produites.

Et puis "Rebirth" a succédé au précédent statu quo mais sans lui. Bien que, depuis plusieurs mois, la rumeur annonce le retour imminent d'une série avec la JSA (en ressortant au compte-gouttes quelques-uns de ses membres emblématiques comme Jay Garrick, Dr. Fate), Hawkman demeurait dans les limbes. Jusqu'à ce que Scott Snyder, qui est en train de devenir le nouvel architecte du DCU (Geoff Johns étant trop occupé par Doomsday Clock et ses projets d'écriture et de production cinéma), ne l'en extrait à l'occasion de sa saga Dark Nights : Metal. Et pas qu'un peu...

En effet, le scénariste expliquait que Hawkman existait avant la période égyptienne (où commencèrent ses réincarnations), qu'il avait inspiré d'autres héros et équipes (les aviateurs Blackhawks), et qu'il était une sorte de détective à travers les âges aussi sagace que Batman (rien qu ça). Mieux encore : son influence en faisait une sorte de concept matriciel puisque Hawkman, tel une marque, existait non seulement à travers les époques mais aussi dans plusieurs mondes ! Et Carter Hall était donc le point de convergence de cette mythologie concentrée en un seul personnage.

Robert Venditti hérite donc d'un héros sérieusement recalibré, mythologique même, alors qu'on attendait plutôt Jeff Lemire sur une série lui étant consacré car il avait rédigé un épisode tie-in à Metal. Mais le résultat est excellent et ne souffre pas de la comparaison, au contraire.

Il faut dire que Venditti s'est imposé une mission salutaire : rendre à nouveau "accessible et facile à lire" Hawkman. Et c'est cette simplicité qui rend la lecture agréable : sous la direction du scénariste, Carter Hall est une sorte d'Indiana Jones en quête d'un trésor bien particulier - lui-même. Le personnage lui-même ne sait plus vraiment qui il est, où il en est, quelle est sa mission. Il doit démêler le vrai du faux, se re-situer dans le monde, se re-définir en tant qu'homme et héros. Problème : en volant un artefact précieux et puissant, il découvre une vérité épique (il est tout ce qu'on dit, tout ce qu'il croit, et plus encore) mais aussi le seul à empêcher la fin du multivers (un élément commun avec les séries The Unexpected ou Justice League, qui affrontent des menaces elles aussi en mesure de détruire ou de rebâtir tout ce que l'on connait).

Lentement mais sûrement, on observe donc en ce moment, dans Hawkman et d'autres séries plus ou moins exposées et inattendues (on pense aussi à The Terrifics où les héros ont découvert le message alarmiste de Tom Strong), l'élaboration d'une crise (Crisis) d'envergure possible, mais sans qu'on sache encore véritablement si, si elle se produit, elle sera néfaste, fatale, ou positive, régénératrice. La tendance évidemment veut que cela soit catastrophique (sans quoi les héros ne se feraient pas de bile...), mais en même temps les réactions de chacun sont variées (on l'a vu dans Justice League #1 où les membres du groupe n'étaient pas d'accord sur le danger probable de la Totalité, ce rayon qui impactait la Terre). Faire de Hawkman un des acteurs de tout cet ensemble est un autre moyen de lui redonner du lustre.

L'autre moyen est de confier les dessins de sa série à un artiste très côté et Bryan Hitch en fait partie. Si ces derniers temps, il a surtout écrit (sans convaincre - sur la précédente série Justice League), le voir revenir à ses crayons fait plaisir, surtout qu'il affiche une forme olympique. La contribution comme encreur d'Andrew Currie (qui fut son partenaire à l'époque des premiers épisodes des Ultimates) n'y est pas étrangère (sans dénigrer Daniel Henriques, le précédent partenaire de Hitch, on a là un autre niveau de fidélité à ses illustrations détaillées).

Surtout Hitch s'amuse visiblement : en n'ayant à s'occuper que d'un personnage principal, il ne s'éparpille pas mais peut se défouler sur les décors et les personnages secondaires, passant d'un gorille géant ailé en pierre à Madame Xanadu, d'une crique en Grèce aux rues de Londres et à l'arrière-boutique de la magicienne. Et il nous gratifie même de quelques splash et doubles pages comme seul lui peut en produire (voir ci-dessus). Je ne sais pas s'il tiendra le rythme mensuel longtemps (d'autant que, comme je l'ai dit, la série est ostensiblement conçue comme une pièce centrale d'une vaste toile, donc pas moyen de la publier en sautant un mois), mais sans doute alors Neil Edwards (la doublure de Hitch) -  ou Fernando Pasarin  (qui a dessiné quelques arcs de la JL écrite par Hitch)? - assurera l'intérim.

Fort de tout cela, Hawkman est une des "nouveautés" DC du mois les plus divertissantes et les plus prometteuses. 

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