mardi 19 décembre 2017

ROCKET RACCOON, VOLUME 2 : STORYTAILER, de Skottie Young, Filipe Andrade et Jake Parker


Suite et fin de la série (même si elle fut ensuite relancée sous le titre Rocket & Groot) avec ce deuxième recueil incluant les épisodes 7 à 11, toujours écrits par Skottie Young et dessinées par Filipe Andrade (#7-8) et Jake Parker (#9-11).


- The Cold. (#7-8) Echoués sur la planète Fron, dans le système de Thneed, Rocket et Groot se réchauffent grâce à un feu nourri par le bois de l'ami du raton-laveur. Ils sont alors surpris par l'attaque d'un monstrueux Nogu qui blesse gravement Groot en le mordant. Jink, une princesse guerrière de ce monde polaire, leur vient en aide et explique à Rocket que le seul moyen de sauver son compagnon est de voler un oeuf à la reine des Nogu dont le jaune servira d'antidote.


Ils s'aventurent dans la grotte où la reine se terre pendant que Groot est confié aux soins de la tribu de Jink. Rocket réussit à dérober un oeuf et, pour cet acte de bravoure, se voit honoré par le chef du clan de Jink. En quittant Fron, Groot et Rocket reçoivent un message de leur acolyte Yak qui les prévient que Groot représente une grave menace pour la Terre...


- Monster Mash. (#9) En 2046 à New York, Groot, parvenu à une taille gigantesque, dévaste la métropole. Iron Man, observant les échecs des plus grands héros de la Terre pour le maîtriser, en appelle à Rocket et lui explique la raison pour laquelle son ami est devenu fou : Tony Stark a voulu à partir d'un échantillon de Groot trouver une formule permettant de régénérer les cellules humaines et donc améliorer la durée de vie. Mais l'expérience a mal tourné... Rocket refuse d'abord d'intervenir puis se rend sur Terre mais pour aider son ami... Mais tout ça est-il bien réel ?


- Bookends. (#10-11) Pour dédommager la princesse Amalya et rembourser tous ses créanciers, Rocket continue de remplir diverses missions rémunératrices. Mais lorsqu'une de ses fréquentations, le trafiquant Klep, le prévient qu'il a localisé le Livre du Demi-Monde, le raton-laveur entraîne Groot dans un des détours dont il a le secret. 
  

Après bien des efforts, et avec la police lancée à ses trousses par un juge, Rocket est capturé par la capitaine Slade, issue de la même espèce que lui et qui détient le Livre. Elle demande à Rocket de le lire pour en découvrir les secrets mais il y renonce rapidement, estimant que les réponses qu'il contient ne le satisfont pas. Relâché, il est peu après arrêté par la police et envoyé en détention dans la prison de Devin-12 où il retrouve de vieilles connaissances... Pour lesquelles il a déjà un moyen de s'échapper.

La forme de cet album se distingue du précédent tome par la diversité de ses histoires et l'inégalité du résultat. Se cantonnant au rôle de scénariste, c'est comme si, curieusement, Skottie Young s'autorisait moins de folie que lorsqu'il cumulait textes et dessins.

L'exemple le plus frappant est le récit en deux parties qui ouvre le recueil : The Cold dispose d'une intrigue bien mince pour mériter qu'on lui consacre autant de pages et ne serait-ce que la scène émouvante où Rocket pleure la mort possible de Groot, mordu par un Nogu, il n'y a pas grand-chose à en tirer. En outre, la partie graphique est assurée par le portugais Filipe Andrade dont le style manque cruellement de lisibilité, même si son dessin a une audace certaine, une forme de radicalité étonnante.

Heureusement, les choses se redressent ensuite avec le retour aux illustrations de Jake Parker : le dynamisme de son découpage et la simplicité de ses images n'ont pas le côté débridé de Young mais combinent parfaitement avec la palette de couleurs de Jean-Marc Beaulieu, entre teintes douces et d'autres plus pimpantes. 

L'épisode 9 est une parodie bien sentie des films catastrophes, façon Godzilla (avec Groot dans le rôle du monstre), mais aussi, plus globalement et précisément à la fois, de sagas globales de Marvel. Young se moque ouvertement des aberrations stratégiques et scientifiques d'un personnage comme Tony Stark/Iron Man qui, en voulant faire le bien, provoque des ravages. Le scénario joue sur une ambiance de fin du monde avec des héros vieillis, usés, amers, tout en désamorçant l'ensemble quand cela risque de devenir trop sérieux. Le vaisseau de Rocket qui se transforme en ersatz de robot géant digne des Transformers produit une scène très drôle, aussitôt expédiée. L'idée est en tout cas si accrocheuse qu'elle aboutit à twist remarquable car inattendu, imprévisible.

Enfin, on termine par un double épisode dont le titre est un hommage à un album de Simon & Garfunkel, Bookends : Young y opère une superbe synthèse de tout son run en résolvant une intrigue secondaire du premier album - l'énigme du Livre du Demi-Monde et la vérité sur la légende qui veut que Rocket soit le dernier de son espèce - dans une course-poursuite échevelée où la placidité de Groot contraste toujours irrésistiblement avec la mobilité de Rocket.

Parker dessine cela superbement et transforme le script en un véritable tour de manège, un page-turner redoutable, avec un découpage très fluide et composé de bandes souvent obliques (une influence manga bien assimilée). La fin est roublarde à souhait, renvoyant là encore au début de la série (en particulier sur la manière dont Rocket prévoit de s'échapper de prison). Un régal.

Bien qu'inégales donc, ces péripéties garantissent une lecture plaisante. On regrettera juste quelques baisses de régime à mi-parcours et que Skottie Young n'ait pas dessiné davantage d'épisodes sur la totalité de son séjour sur le titre. 

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