dimanche 13 août 2017

HAWKEYE #7-8-9, de Kelly Thompson et Leonardo Romero


Après six premiers épisodes distrayants mais inégaux, Kelly Thompson semble bien résolue à plus de rigueur pour la suite de sa version des aventures de Hawkeye. Et ce sentiment se confirme rapidement dès le 7ème chapitre : nous avions laissé Kate Bishop rentrant à son agence d'investigations privées et découvrant une petite boîte. Qu'y a-t-il l'intérieur qu'elle semble tant appréhender ?



La jeune femme y trouve un pendentif ayant appartenu à sa (défunte) mère ainsi qu'une invitation (j'y reviens vite). Et cela va littéralement bousculer l'existence de l'héroïne qui, même si elle a toujours jusqu'à présent justifié son installation à Los Angeles pour des raisons professionnelles et l'envie de s'émanciper de Clint Barton (l'autre Hawkeye, membre des Avengers, basé à New York - bien qu'en ce moment il sillonne les Etats-Unis, conséquence des événements de la saga Civil War II : il a tué Bruce Banner, conformément au voeu de ce dernier, pour éviter qu'il ne provoque de nouveaux dégats mortels en tant que Hulk. Procès retentissant, mais moins que son acquittement-surprise avec le soutien de la population civile, depuis toujours terrifiée par le colosse de jade), Kate, donc, est aussi venue en Californie pour y revoir son père et s'expliquer avec lui sur le décès de sa mère.

Le bijou permet au scénario de faire des allers-retours entre passé et présent : Leonardo Romero, fidèle à son style économe, n'en fait pas des caisses pour illustrer ces va-et-vient, mais il le fait avec classe et le concours de sa coloriste Jordie Bellaire. On assiste à la complicité de la fille, enfant et adolescente, et sa mère dans des pages en noir et blanc rehaussées de mauve (la couleur de la tenue de Hawkeye) : une jeunesse à la fois dorée (Kate est issue d'une famille riche) et isolée (elle n'a ni frère ni soeur, habite une grande villa luxueuse mais sans âme, et fréquente des camps de vacances pour gosses de rupins - jeune fille, elle apprend l'archerie, après avoir, plus petite, été enlevée par des malfrats en affaires avec son père, et sauvée par Hawkeye, scène vue dans le run de Lemire/Pérez). 

Déjà, naguère, la relation de Kate et Derek, son père, est peu amicale : elle a découvert son business louche, mais aussi que ses parents ne s'aimaient plus, qu'il manoeuvrait pour écarter sa mère. Kelly Thompson traite tout cela avec finesse, on sent déjà sur ce point-là que la série a gagné plusieurs échelons en termes de maturité après les deux premiers arcs narratifs où les antécédents familiaux de Kate n'étaient évoqués que de manière (très) périphérique.

Et puis, au temps présent, il y a l'invitation jointe au pendentif : elle émane de Madame Masque, l'ennemie jurée de Kate. Elles se détestent avec la même intensité : Masque depuis que Kate a usurpé son identité lors d'une vente aux enchères compromettante pour Clint Barton (épisodes 4-5 du run de Fraction/Aja, où il était question d'une cassette vidéo montrant Hawkeye tuant, en mission pour le SHIELD, un ennemi) ; Kate depuis son premier séjour en Californie (les épisodes dessinés par Annie Wu durant le même run de Fraction) où Masque cherchait à s'imposer comme criminelle de premier plan dans la région.

Pourtant l'épisode s'achève sur un cliffhanger vraiment surprenant quand, après avoir pénétré dans le building de Masque et neutralisé acrobatiquement un bataillon de gardes du corps, Kate découvre que ce n'est pas elle qui l'a invitée...

Vite, vite, la suite ! 

Kate Bishop, croyant donc foncer dans un traquenard tendu par Madame Masque, se trouve face à son père, Derek (dont on sait qu'il doit sa fortune à des activités crapuleuses depuis longtemps). Mais celui-ci resurgit avec une apparence presque aussi juvénile que sa fille ! WTF ?


Par ailleurs, après une discussion mouvementée avec son paternel, Kate, épuisée, accepte quand même de recevoir une cliente à son agence : Anna Donnelly a quinze ans et s'apprête à fêter son anniversaire dans quelques jours, mais son père a subitement disparu. La police refuse d'ouvrir une enquête, mais pas Hawkeye pour qui cette affaire a évidemment un écho particulier...

Hé bien, oui, le nouveau souffle de la série se confirme bel et bien avec ce nouveau chapitre. Le récit devient plus feuilletonnant, l'intrigue touche plus personnellement Kate Bishop, Madame Masque conspire toujours dans l'ombre, et surtout la scénariste investit une piste prometteuse pour la suite (Kate aurait-elle un pouvoir caché, en dehors de son don d'archer ? Et si oui, lequel ? Cela ne va pas manquer en tout cas de compliquer son existence et sa relation avec son père...).

L'enquête qui s'ouvre en parallèle mène l'héroïne dans une sorte de fight club et souligne que le Los Angeles où se déroule l'action est un décor à la fois cossu et inquiétant, où les plus jeunes sont des proies.

Leonardo Romero fournit une nouvelle fois une remarquable prestation : son trait simple et précis sert très bien cette histoire, sans se dispenser de quelques morceaux de bravoure (comme des doubles pages aux découpages fournis - voir ci-dessus - et récurrents). 

Après des débuts légers, voire farfelus, le titre adopte un tour plus dramatique, reliant des événements survenus au commencement, en explorant de nouveaux, établissant des parallèles astucieux. Le Hawkeye de Kelly Thompson s'impose comme une production épatante.



Le 9ème épisode du Hawkeye de Kelly Thompson et Leonardo Romero poursuit son bonhomme de chemin. Ou, ce serait plus juste, continue de progresser car il est clair que la série a franchi un cap depuis deux épisodes, en resserrant son intrigue sur le passé de Kate (et ses conséquences sur son présent) : l'héroïne a retrouvé son père, ou plutôt un LMD (Life Model Decoy, soit un sosie androïde)  de son père, doté de pouvoirs sur la suggestion, et qui lui a précisément laissée entendre qu'elle aussi détient sans doute des capacités surhumaines grâce à son héritage génétique.


Quoi de mieux pour vérifier cette théorie que de l'éprouver dans une sorte de fight club où Kate a retrouvé Liam Donnelly, le père d'Anna, sa dernière cliente, qui vient se battre là pour éponger ses dettes ?
Lorsque l'inspectrice Rivera interroge Quinn, Ramone et Johnny, les assistants de Kate, pour savoir où elle est passée, tous ensemble vont à sa rescousse... Si tant est qu'elle a besoin.

Il FAUT vraiment lire (ne serait-ce que pour la soutenir, mais surtout pour le plaisir) ce nouveau volume de Hawkeye : le scénario est toujours aussi bien mené, mélange de fraîcheur, d'humour (Kate a toujours des punchlines imparables) et d'action. L'aspect detective story de la série n'est pas sophistiqué mais les enquêtes de Kate sont surprenantes, nous entraînant dans les bas-fonds de Los Angeles, avec des adversaires à la fois coriaces et inattendus (et originaux - seule Mme Masque reste une figure familière mais le plus souvent dans l'ombre, tirant les ficelles).

Et il FAUT lire Hawkeye pour Leonardo Romero qui est un artiste à l'image de la série : son style, inspiré de la "ligne claire", trait simple et élégant, représentant les nombreuses filles du titre avec bon goût, cache bien son jeu car, par ailleurs, le découpage est toujours épatant, les compositions des plans soignées, le tout servi par la superbe colo de Jordie Bellaire.

Enfin, la dernière page, comme à l'accoutumée désormais, suggère une surprise vraiment accrocheuse pour la suite.

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