mercredi 6 mai 2015

Critique 610 : SPIROU N° 4019 (22 Avril 2015)

Malgré le retard pris dans mes lectures et mes critiques, j'ai tenu à parler du numéro de Spirou d'il y a quinze jours (avant que j'ai été contraint d'arrêter d'alimenter mon blog). Bien entendu, je posterai aussi une entrée sur le n° de la semaine dernière.


C'est donc un numéro spécial, au sommaire largement bouleversé, que la rédaction a sorti à l'occasion de la Journée Mondiale de la Terre. L'occasion aussi d'une superbe couverture par Tome & Janry.

Le sommaire comporte deux parties, avec la suite des séries en cours de pré-publication, et quasiment tout le reste où les auteurs se sont adaptés au thème.
J'ai aimé :

- Dents d'Ours : Werner (6/9). Jadis, Werner prend dans des circonstances tragiques l'identité de son meilleur ami Max, agressé avec son père par des membres des Jeunesses hitlériennes. Hanna apprend la mort d'Hitler mais refuse d'en rester là et s'envole à bord de l'aile volante pour sa dernière mission...
L'épisode est encore très bref (4 pages) mais néanmoins décisif : Yann y place des informations importantes qui impacte considérablement l'intrigue. Très efficace. Comme d'habitude, les dessins d'Henriet sont magnifiques, avec des personnages expressifs, des décors soignés. On aimerait vraiment que la revue propose des chapitres plus longs au lieu de morceler ainsi l'histoire.

Après ça, on passe au dossier consacré à la Journée Mondiale de la Terre, abordé diversement par plusieurs auteurs. J'ai surtout aimé :

- Dad. Nob réussit à glisser subtilement et sans sacrifier l'humour de sa série une allusion aux préoccupations écologiques via le personnage de Roxane. Y a pas à tortiller : c'est génial, sans se donner de grands airs, et divinement dessiné.

- Givrés ! Amalric et Madaule décalent légèrement mais habilement le centre de leur série pour évoquer le réchauffement climatique et son impact sur la banquise. Résultat : 3 pages ironiques mais bien senties, avec une chute... Glaçante.

- Le Royaume. Avec Nob, Benoît Féroumont est un des auteurs complets que j'ai découvert depuis que je suis abonné à la revue et que j'apprécie le plus, en déplorant qu'il ne produise pas plus régulièrement. Il livre là un gag en une planche savoureux.

- Nourrir la planète sans pesticides. Fred Neidhardt (qui a réalisé le faux épisode inédit de Spirou façon Rob-Vel) nous présente Pascal Poot, un agriculteur aux méthodes atypiques et révolutionnaires. Deux planches qu'il faudrait faire lire au ministre de l'agriculture et à la commission européenne pour qu'ils comprennent que d'autres modes de production, aussi économiques, existent.

- Interview express. Marie Gloris Bardiaux Vaïente (pour le script) et Jean-Paul Krassinsky (pour les dessins) ont réalisé deux planches au procédé très simple (la retranscription illustrée de questions posées aux passagers d'un TGV) mais rudement malin : pas de moralisme là-dedans, mais quelques réflexions instructives qui prouvent que l'écologie n'est pas mal perçue par les citoyens, simplement considérée avec pragmatisme.

- Le Labo : Urgence climatique. Jean-Yves Duhoo nous emmène au GIEC (Groupe d'experts Intergouvernemental pour l'Evolution du Climat) : la leçon est très clairement exposée, les Schtroumpfs jouent les guest-stars, et on en sort vraiment éclairé sur les enjeux de la prochaine conférence sur le climat qui aura lieu à Paris à la fin de l'année.

- Boni : Anti-pollution. Le lapin et son père de Ian Fortin sont au coeur de quatre strips très drôles et piquants sur la pollution : plus que jamais, un auteur à surveiller car même dans un exercice imposé il conserve toutes ses qualités.

- Rob. La série de James et Boris Mirroir est un espace tout indiqué pour causer écologie puisque le robot et son maître sont des emblèmes de la société de consommation : les deux doubles strips de la semaine ne déçoivent pas, pertinents sans perdre leur ironie.

- L'Atelier Mastodonte. Pour la peine, on a droit cette semaine à deux pages (quatre doubles strips) et pas par n'importe qui : Benoît Féroumont présente son oncle à la bande et leur fait la leçon avec malice, Jérôme Jouvray râle sur les contraintes écolos que veut imposer la rédaction, Obion signe en deux cases une épatante métaphore, et Mathilde Domecq se moque de l'emportement de Frédéric Niffle. Là encore, la faculté d'adaptation des auteurs est épatante : la série ne perd pas son ADN mais exploite astucieusement le sujet.

- Tash & Trash. Dino livre un strip absurde et réjouissant avec ses deux créatures : bref, mais percutant.

Les autres contributeurs font preuve de bonne volonté, mais pas toujours d'inspiration (à l'image d'Isa, qui n'avait vraiment pas besoin de parler du pathétique Claude Allègre ou de Matthieu Sapin qui évoque sa rencontre avec Nicolas Hulot sur un ton qui se veut à la fois badin et concerné sans être ni amusant ni avisé).

En direct de la rédak donne la parole à quelques auteurs ayant participé au numéro, qui expliquent leur approche du thème : un bon complément. Et la semaine prochaine, les Cavaliers de l'Apocadispe préparent quelque chose de pas banal (on va rigoler) !
Les aventures d'un journal revient sur un précédent numéro, en 2007, qui sensibilisait les lecteurs à l'écologie et qui permet aux auteurs d'alors de bien se marrer.
A noter aussi que la rubrique BD Boutik propose une sélection d'albums sur le sujet (dont l'excellent Auto-Bio de Cyril Pedrossa, un des premiers livres dont j'ai parlé sur ce blog).

Les abonnés ont eu droit à un bonus décevant (un poster ludique de Pic Lelièvre), pas à la hauteur de l'événement. Dommage.

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