VELVET : THE SECRET LIVES OF DEAD MEN rassemble les épisodes 6 à 10 de la série créée par Ed Brubaker (scénario) et Steve Epting (dessins), publiés en 2014-2015 par Image Comics.
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Le point sur la situation...
Velvet Templeton est la secrétaire particulière du directeur de l'agence de renseignements britannique ARC-7. Son existence bascule lorsque sa hiérarchie croit qu'elle a assassiné un des hommes du service. Elle prend alors la fuite pour mieux résoudre cette affaire et prouver son innocence. La secrétaire renoue alors avec sa vie antérieure au bureau, lorsqu'elle opérait elle-même sur le terrain, comme un des meilleurs agents...
(Extrait de Velvet #6.
Textes de Ed Brubaker, dessins de Steve Epting.)
Ses investigations en Europe ramènent Velvet Templeton en Angleterre où, pense-t-elle, ses anciens collègues et supérieurs ne penseront pas qu'elle aura l'audace de revenir. Elle grille volontairement sa couverture en sachant qu'elle a peu de temps pour mettre son plan à exécution. Pour cela elle a ciblé cinq suspects, cinq hommes hauts placés qui auraient pu organiser le piège dans lequel elle est tombée et pour lequel on l'accuse d'avoir tué un agent d'ARC-7 : le lieutenant directeur Simonson, le directeur Manning, le responsable du bureau de Paris Jean Bellanger, et le sénateur Hillerman.
Elle kidnappe Manning, celui en qui elle a le plus confiance, afin de pouvoir rentrer dans les locaux de l'agence, où elle pourra trouver l'endroit où est retenu un ancien responsable de l'organisation, Damian Lake.
Lake, qui croupit dans un asile depuis qu'il a assisté au meurtre de toute son unité, oriente les recherches de Velvet en citant un certain Pierre Duprey, tout en se gardant bien de ne pas lui dire tout ce qu'il sait afin qu'elle ne l'abandonne pas. Mais peut-elle faire confiance à cet homme qui a été lâché par les siens depuis 14 ans ?
Elle kidnappe Manning, celui en qui elle a le plus confiance, afin de pouvoir rentrer dans les locaux de l'agence, où elle pourra trouver l'endroit où est retenu un ancien responsable de l'organisation, Damian Lake.
Lake, qui croupit dans un asile depuis qu'il a assisté au meurtre de toute son unité, oriente les recherches de Velvet en citant un certain Pierre Duprey, tout en se gardant bien de ne pas lui dire tout ce qu'il sait afin qu'elle ne l'abandonne pas. Mais peut-elle faire confiance à cet homme qui a été lâché par les siens depuis 14 ans ?
Le premier volume de Velvet (Before the living end, contenant les épisodes 1 à 5) avait mis la barre très haut et j'attendais de lire la suite avec ce mélange d'appréhension et d'excitation que seules les grandes séries procurent. Inutile de faire durer le suspense : ce deuxième tome est encore meilleur que le précédent et comblera les fans (au choix ou tout ensemble) de Ed Brubaker, Steve Epting, et d'histoires d'espionnage.
Ed Brubaker sait vraiment comment raconter une intrigue accrocheuse. Dès que son héroïne, Velvet, touche à nouveau le sol anglais, la tension vous happe déjà et ne vous lâchera plus jusqu'au terme de ces cinq nouveaux chapitres (qui ne concluent cependant pas la série).
Depuis qu'il a quitté Marvel pour se consacrer entièrement à ses propres créations chez Image, Brubaker s'est fait remarquer avec deux séries où une femme tient le premier rôle (Fatale, dessiné par son complice Sean Phillips, qui s'est terminée après un grand succès ; et donc Velvet maintenant). Il ne s'agit pas d'héroïnes quelconques mais bien de personnages dotés d'un riche background, fortement caractérisés, plongées dans des histoires à la fois palpitantes et qui bouleversent leur situation.
Dans le cas de Velvet, c'est une fugitive d'un genre très spécial puisqu'on a à faire avec une sorte de double de Monepenny, la secrétaire de M, le chef de James Bond, dont on découvre qu'elle a été auparavant elle aussi une espionne de haut vol, et qui, à la défaveur d'un coup fourré, est accusée d'un meurtre qu'elle n'a pas commis. Elle va s'employer à prouver son innocence en devinant progressivement que le piège qu'on lui a tendue dissimule un complot bien plus vaste, au mobile incertain.
Dans ces cinq nouveaux épisodes, on voit Velvet revenir sur le "lieu du crime", une prise de risques assumée pour atteindre de nouveaux indices en tâchant de continuer à semer des espions lancés à ses trousses - des agents chargés de l'arrêter mais aussi des barbouzes haut placés soucieux de la neutraliser. Au fur et à mesure qu'on assiste à ses aventures, prenant des risques à la fois insensés et mesurés, usant de tactique et ne reculant jamais devant l'affrontement physique (où elle n'épargne pas ses adversaires), des flash-backs nous révèlent encore des pans de son passé ou de celui d'autres personnages qu'elle croise (en particulier celui de Damian Lake, qui joue un rôle déterminant dans le récit).
Brubaker sait, comme peu d'auteurs, alterner scènes intimistes, introspectives, et d'actions, mouvementées, ce qui confère à son scénario un rythme implacable. Dans le second cas, on a droit au retour de Velvet dans les bureaux d'ARC-7, le kidnapping du directeur Manning, puis une course-poursuite spectaculaire sur le toit d'un train traversant les Alpes (un classique du genre mené avec maestria).
L'auteur sait parfaitement ménager l'équilibre entre ses protagonistes et l'intrigue, les dialogues et la baston, jusqu'au climax final qui sait être à la fois terriblement frustrant et diaboliquement renversant. Une vraie leçon d'écriture d'un thriller par un scénariste qui connaît ses références mais a su les digérer pour produire une oeuvre évocatrice et originale.
Depuis qu'il a quitté Marvel pour se consacrer entièrement à ses propres créations chez Image, Brubaker s'est fait remarquer avec deux séries où une femme tient le premier rôle (Fatale, dessiné par son complice Sean Phillips, qui s'est terminée après un grand succès ; et donc Velvet maintenant). Il ne s'agit pas d'héroïnes quelconques mais bien de personnages dotés d'un riche background, fortement caractérisés, plongées dans des histoires à la fois palpitantes et qui bouleversent leur situation.
Dans le cas de Velvet, c'est une fugitive d'un genre très spécial puisqu'on a à faire avec une sorte de double de Monepenny, la secrétaire de M, le chef de James Bond, dont on découvre qu'elle a été auparavant elle aussi une espionne de haut vol, et qui, à la défaveur d'un coup fourré, est accusée d'un meurtre qu'elle n'a pas commis. Elle va s'employer à prouver son innocence en devinant progressivement que le piège qu'on lui a tendue dissimule un complot bien plus vaste, au mobile incertain.
Dans ces cinq nouveaux épisodes, on voit Velvet revenir sur le "lieu du crime", une prise de risques assumée pour atteindre de nouveaux indices en tâchant de continuer à semer des espions lancés à ses trousses - des agents chargés de l'arrêter mais aussi des barbouzes haut placés soucieux de la neutraliser. Au fur et à mesure qu'on assiste à ses aventures, prenant des risques à la fois insensés et mesurés, usant de tactique et ne reculant jamais devant l'affrontement physique (où elle n'épargne pas ses adversaires), des flash-backs nous révèlent encore des pans de son passé ou de celui d'autres personnages qu'elle croise (en particulier celui de Damian Lake, qui joue un rôle déterminant dans le récit).
Brubaker sait, comme peu d'auteurs, alterner scènes intimistes, introspectives, et d'actions, mouvementées, ce qui confère à son scénario un rythme implacable. Dans le second cas, on a droit au retour de Velvet dans les bureaux d'ARC-7, le kidnapping du directeur Manning, puis une course-poursuite spectaculaire sur le toit d'un train traversant les Alpes (un classique du genre mené avec maestria).
L'auteur sait parfaitement ménager l'équilibre entre ses protagonistes et l'intrigue, les dialogues et la baston, jusqu'au climax final qui sait être à la fois terriblement frustrant et diaboliquement renversant. Une vraie leçon d'écriture d'un thriller par un scénariste qui connaît ses références mais a su les digérer pour produire une oeuvre évocatrice et originale.
Brubaker évite aussi brillamment l'écueil dans lequel bon nombres de récits d'espionnage autour de la guerre froide sombre en veillant à toujours rester dans une narration fluide. Il a bien recourt à des débuts de chapitres dont on découvre la clé au bout de quelques pages, mais cela participe plus au plaisir de la lecture qu'à l'embrouiller. Dans ce monde où chacun joue un rôle et même deux, où la vérité et le mensonge se distinguent à peine, où le lecteur se demande comme Velvet qui est derrière ces manigances et pourquoi en est-elle la victime, rien n'est jamais confus. L'héroïne est le vrai compas moral de l'aventure, nous prenons fait et cause pour elle et partageons ses émotions avec intensité.
Ce qui rend aussi ce volume encore supérieur au premier, c'est la manière dont Brubaker a su développer les seconds rôles, préciser les perspectives de l'histoire avec eux. Il introduit avec une habileté jubilatoire Colt (visiblement inspiré par Steve McQueen) et surtout Roberts (qui, humilié par Velvet, tient encore plus à la coincer, sans cesser de se poser des questions sur son cas - ça lui coûtera cher...). Ainsi on dépasse le simple cadre de la traque pour atteindre un récit plus humain, avec des personnages aux motivations complexes, doutant naturellement. Ces points de vue supplémentaires ajoutent à la fois de la variété et conservent de la vigueur au récit. Nous aussi devinons que quelque chose de plus grand, plus trouble, est en marche - mais en restant suggéré, cela est encore meilleur, sollicitant l'imagination du lecteur.
Déjà avec le volume 1, nous savions qu'une large part de la réussite artistique et commerciale de la série revenait aussi à l'équipe graphique formée par le dessinateur-encreur Steve Epting et la coloriste Elizabeth Breitweiser.
Le travail d'Epting a toujours été d'une grande qualité (même si, à la fin de son séjour chez Marvel, engagé sur des titres écrits par le pompeux Jonathan Hickman, il n'était plus aussi inspiré). Avec Velvet, on assiste réellement à sa renaissance, visiblement habité par cette histoire, son héroïne, et dopé par la liberté que lui accorde le statut d'une création chez Image (où il n'est plus soumis aux deadlines mensuelles). Le résultat, ce sont des planches absolument somptueuses, certainement les plus belles, mais aussi les mieux découpées, composées, de sa carrière.
La qualité dans les détails, les ambiances, les expressions est saisissante et on s'arrête volontiers sur certains plans, plusieurs pages pour les admirer, les décortiquer. Le réalisme élégant, influencé par l'esthétique du film noir si cher à Brubaker, est magnifiquement retranscrit, sans jamais que cela ne tombe dans la préciosité. Au contraire, on a là des personnages aux attitudes authentiques, à des décors toujours bien campés, à des jeux d'ombres et de lumières toujours judicieux.
La superbe de ces planches est soulignée par la colorisation extraordinaire d'Elizabeth Breitweiser (la meilleure à ce poste, avec Jordie Bellaire). Son emploi d'une palette où les teintes sombres dominent est magistrale, d'une subtilité bluffante : elle accomplit l'équivalent de ce qu'un grand chef opérateur au cinéma ferait, comme en témoignent sa façon d'éclairer l'intérieur d'un wagon-restaurant, une route de campagne sous la pluie, la froideur métallisée des bureaux de l'agence, le crépuscule londonien, les ténèbres d'une forêt française... On pourrait citer toutes les pages, lister toutes les séquences ainsi tellement c'est impressionnant.
Le travail d'Epting a toujours été d'une grande qualité (même si, à la fin de son séjour chez Marvel, engagé sur des titres écrits par le pompeux Jonathan Hickman, il n'était plus aussi inspiré). Avec Velvet, on assiste réellement à sa renaissance, visiblement habité par cette histoire, son héroïne, et dopé par la liberté que lui accorde le statut d'une création chez Image (où il n'est plus soumis aux deadlines mensuelles). Le résultat, ce sont des planches absolument somptueuses, certainement les plus belles, mais aussi les mieux découpées, composées, de sa carrière.
La qualité dans les détails, les ambiances, les expressions est saisissante et on s'arrête volontiers sur certains plans, plusieurs pages pour les admirer, les décortiquer. Le réalisme élégant, influencé par l'esthétique du film noir si cher à Brubaker, est magnifiquement retranscrit, sans jamais que cela ne tombe dans la préciosité. Au contraire, on a là des personnages aux attitudes authentiques, à des décors toujours bien campés, à des jeux d'ombres et de lumières toujours judicieux.
La superbe de ces planches est soulignée par la colorisation extraordinaire d'Elizabeth Breitweiser (la meilleure à ce poste, avec Jordie Bellaire). Son emploi d'une palette où les teintes sombres dominent est magistrale, d'une subtilité bluffante : elle accomplit l'équivalent de ce qu'un grand chef opérateur au cinéma ferait, comme en témoignent sa façon d'éclairer l'intérieur d'un wagon-restaurant, une route de campagne sous la pluie, la froideur métallisée des bureaux de l'agence, le crépuscule londonien, les ténèbres d'une forêt française... On pourrait citer toutes les pages, lister toutes les séquences ainsi tellement c'est impressionnant.
Alors que Brubaker est actuellement aussi à la rédaction d'un nouveau titre à succès chez Image (The Fade Out, encore illustré par Phillips), jamais il n'a paru aussi à son avantage, aussi maître de son art qu'avec Velvet. Il vit son âge d'or et, accompagné par un Steve Epting magistral, il est bien parti pour nous régaler encore un moment.
Vous savez donc quoi faire si vous voulez vraiment lire une série d'exception, une de ces bandes dessinées aux allures de classiques instantanés. Velvet : The Secret Lives of Dead Men est non seulement la digne suite de Before the living end mais un des meilleurs thrillers que les comics US nous ont proposés.
Vous savez donc quoi faire si vous voulez vraiment lire une série d'exception, une de ces bandes dessinées aux allures de classiques instantanés. Velvet : The Secret Lives of Dead Men est non seulement la digne suite de Before the living end mais un des meilleurs thrillers que les comics US nous ont proposés.