dimanche 19 juillet 2009

Critiques 76 : GREEN ARROW & BLACK CANARY, de Judd Winick, Cliff Chiang et Mike Norton

Green Arrow and Black Canary est une série publiée par DC Comics depuis Décembre 2007 sous la direction du scénariste Judd Winick et du dessinateur Cliff Chiang. Un mois auparavant était paru le numéro Green Arrow/Black Canary: Wedding Special, illustré par Amanda Conner, qui faisait office de prologue. A partir du 7ème épisode, Mike Norton remplace Chiang, qui reste l'auteur des couvertures.
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Avant de se pencher sur l'histoire développée sur ces trois premiers volumes, écrits par Winick, présentons les personnages :
- Black Canary alias Dinah Lance est la fille de la première Canari noir. Entraînée par Wildcat, un des vétérans de la JSA, elle succède à sa mère contre l'avis de cette dernière. Elle est en outre capable d'émettre un cri à la puissance modulable.
- Green Arrow alias Oliver Queen est l'époux de Black Canary. C'est aussi un playboy millionnaire et l'équivalent contemporain de Robin des Bois, car malgré son rang social élevé, c'est clairement un homme situé politiquement à Gauche. Sous le masque, c'est surtout un des plus grands archers au monde.
- Green Arrow II alias Connor Hawke est le fils biologique d'Oliver Queen. Mais ce dernier ne l'a pas élevé et a quitté sa mère très tôt après la naissance de leur enfant. Il le retrouve des années plus tard, avec l'aide de Batman, le guérit de sa toxicomanie et l'entraîne à devenir comme lui un archer.
- Speedy alias Mia Dearden est la nouvelle partenaire des Green Arrow père et fils. Enfant des rues, elle est prise en charge par Queen qui en fait son élève et sa protégée. Elle est séropositive.
- Red Arrow alias Roy Harper a été le premier disciple de Green Arrow et aussi le premier à se surnommer Speedy. Aujourd'hui membre de la JLA, il agissait précédemment sous le pseudonyme d'Arsenal.
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- Volume 1 : Dead Again. Leur mariage perturbé par l'attaque de plusieurs super-vilains, mis en déroute grâce aux efforts de leurs amis de la JLA et de la JSA, Dinah et Oliver peuvent profiter de leur nuit de noces. Mais c'est alors que Green Arrow agresse Black Canary et tente de la tuer : la jeune femme est obligée de le tuer en état de légitime défense en le poignardant.
Bouleversée, Black Canary accepte que le Dr Mid-Nite - avec lequel elle eût une aventure - et Batman autopsient le cadavre de Green Arrow : c'est ainsi qu'ils découvrent qu'Everyman, un malfrat métamorphe, avait pris l'apparence de l'archer vert.
Se rappelant alors de l'invitation des Amazones de Paradise Island à se joindre à elles pour se remettre du décés de Green Arrow, Black Canary, Speedy et Connor Hawke décident de gagner Themyscira pour mener leur enquête. Ils ignorent qu'Oliver Queen est prisonnier des guerrières de l'île...
- Volume 2 : Family Business. Arraché des griffes des Amazones, dont la reine a été remplacée par la malfaisante Mamie Bonheur (à l'initiative de la bataille durant le mariage de Dinah et Oliver, au cours de laquelle fut enlevé ce dernier), Green Arrow accompagne ensuite Black Canary et Speedy en Europe.
En effet, il s'agit désormais de retrouver celui qui a enlevé Connor Hawke dans l'hôpital où, gravement blessé alors qu'ils fuyaient Themyscira, il fut admis. Durant leurs investigations, ils croisent la route de Dodger, un sympathique mercenaire, qui les met sur la piste des kidnappeurs.
Batman aide (à distance, dans un premier temps) la petite équipe qui est complétée, de manière inattendue par Plastic Man, capturé par une nouvelle Ligue des Assassins - ce qui signifie que le terrible Ra's Al Ghul n'est pas loin...
- Volume 3 : A League of their Own. Connor Hawke est enfin retrouvé par son père et sa troupe alors que la nouvelle Ligue des Assassins s'avère être une bande d'imposteurs, à la solde de Shado, l'ancienne maîtresse de Green Arrow et mère de leur fils.
Celle-ci a eu un autre fils, Robert, avec l'archer sans qu'il le sache, mais il souffre d'un cancer. Et, pour le soigner, elle a fait appel aux services du diabolique Dr. Sivana, qui a voulu tester un traitement en se servant de Connor comme cobaye.
Connor décide de raccrocher son arc et son carquois après avoir découvert qu'il possède des dons de guérisseur, hérités des expérimentations pratiquées sur lui par Sivana.
Quant à Speedy, elle poursuit sa relation naissante avec Dodger, laissant Dinah et Oliver profiter enfin de leurs retrouvailles.
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Ce qui distingue cette série de tant d'autres, c'est sa simplicité et sa légèreté assumées : on sent de la part de Judd Winick une volonté d'échapper aux climats sombres en vigueur aujourd'hui dans les comics pour revenir aux standards des récits d'aventures et de la comédie sentimentale.
La construction de l'histoire s'appuie sur des rebondissements ponctuels, à intervalles réguliers : une nuit de noces dramatique, la découverte qu'un imposteur a pris la place du héros, l'enquête dans une île peuplée d'Amazones, la fuite et les retrouvailles des amants, aussitôt gâchées par la blessure puis l'enlèvement de leur compagnon d'armes, de nouvelles investigations à l'étranger, la révèlation de l'identité du coupable et de ses motivations...
On suit ces péripéties comme celles d'un feuilleton dont on voit toutes les ficelles, mais sans que cela soit dérangeant. Justement parce qu'elles sont narrées avec entrain et bonne humeur.
Winick semble s'évertuer à ne jamais trop plomber l'ambiance - tout juste consacre-t-il un épisode à détailler les regrets et les remords paternels de Green Arrow lorsqu'il veille Connor, dans le coma, à l'hôpital. Ici, les héros sont vraiment bons, aimables ; et les méchants sont des canailles, machiavéliques : on est aussi loin que possible des figures troubles, troublées et troublantes, qui occupent le devant de la scène habituellement et sont sensées donner une connotation "adulte", "mâture", aux comics modernes.
De la même manière qu'on taxe parfois de "bandes dessinées" des films modestement divertissants, sous-entendant qu'ils ne seraient pas d'une grande qualité artistique, on pourrait dire que ces aventures de Green Arrow and Black Canary sont plus proches des "cartoons" que des comic-books sérieux, à la mode d'aujourd'hui.
Mais cela confère à cette série un charme indéniable, un goût d'innocence irrésistible, une couleur décalée qui fait du bien si l'on veut se changer les idées et savourer autre chose que des intrigues complexes animées par des personnages ambigüs (qui restent captivantes quand elles sont bien écrites et mises en images).
D'autre part, Winick, sans être un auteur spécialement original, démontre un savoir-faire indiscutable si l'on en juge par le rythme soutenu qu'il imprime à ses récits et ses dialogues plein de verve - il a, il est vrai, un casting idéal pour cela, avec Green Arrow, éternel râleur au bon coeur ; Black Canary, aussi belle que déterminée ; et Speedy, dont la malice pimente la pugnacité. En prime, il utilise avec à-propos des seconds rôles de poids, comme le ténébreux Batman ou l'inénarrable Plastic Man.
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Graphiquement, la série comporte quelques beaux atouts : Amanda Conner s'est chargée d'illustrer d'un trait vif le Wedding Special, animant sans décevoir une distribution de héros et de vilains abondante.
Puis Cliff Chiang a pris le relais, imposant sans forcer son style élégant et fluide : rarement Black Canary aura été si belle !
Enfin, Mike Norton a terminé la saga : son dessin, énergique, convient à merveille.
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Si, donc, vous voulez vous offrir une coupe de champagne, pétillante et tonique à souhait, commandez cet assortiment de trois receuils : vous profiterez alors d'un des bandes dessinées de super-héros les plus atypiques et rafraichissantes du moment !

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