vendredi 24 juillet 2009

Critique 77 : OMAC PROJECT, de Greg Rucka, Jesus Siaz et Cliff Richards



The OMAC Project est une série limitée en 6 numéros qui est liée au Countdown to Infinite Crisis, publiée par DC Comics de Juin à Novembre 2005. Le scénario d'OMAC Project est écrit par Greg Rucka, les dessins réalisés par Jesus Saiz et Cliff Richards. C'est l'une des quatre mini-séries qui préfigurent la saga Infinite Crisis.
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Créés par Jack Kirby, les OMACs (One-Man Army Corps) sont toutefois différents et leur acronyme ne signifie plus la même chose (initialement, OMAC abrégeait les termes "Observational Meta-human Activity Construct" - Machines d'observation de l'activité Méta-Humaine - alors qu'ici, il s'agit de "Omni Mind And Community" - Communauté Omnisciente).
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Les OMACs sont des êtres humains modifiés à leur insu, opération commandée par l'organisation Checkmate, dont le chef est Maxwell Lord. Ce dernier a pris le contrôle du satellite Brother Eye, conçu par Batman (après les évènements survenus dans Identity Crisis) pour surveiller les autres super-héros.
Maxwell Lord supprime les cadres de Checkmate pour en devenir le Roi (l'organigramme de l'agence s'inspirant des pièces d'un échiquier). Mais une de ses agents, Sasha Bordeaux, révèle à Batman que
Blue Beetle est mort en découvrant les manigances de Lord.
Batman informe la Ligue de Justice de la situation, avouant par la même occasion comment il les a espionné et comment certains membres de l'équipe l'ont manipulé.
Lord découvre que Sasha l'a trahi et la fait capturer.

A ce point du récit, il faut lire l'histoire intitulée Sacrifice, mini-crossover entre les séries Superman et Wonder Woman (Superman 219, Action Comics 829, Adventures of Superman 642, et Wonder Woman, Vol.II, 219), et dont l'action se déroule entre les n° 3 et 4 d'OMAC Project.

On y découvre comment Maxwell Lord manipule mentalement Superman pour se débarrasser de Batman. Ce dernier ne devra son salut qu'à l'intervention in-extremis de Wonder Woman, qui décide de tuer Lord en lui brisant le cou pour délivrer Superman de son emprise.Mais la mort de Lord déclenche l'autonomie du satellite Brother Eye, qui élimine ensuite la quasi-totalité des agents de Checkmate présents dans ses locaux et active tous les OMACs (plus d'un million !) pour se débarrasser des méta-humains - considèrés comme une menace pour l'humanité par Maxwell Lord.
Transformée à son tour en une créature mi-humaine, mi-artificielle, Sasha Bordeaux rassemble les troupes rescapées de Checkmate, en poste dans d'autres organisations (
Projet M, S.T.A.R. Labs, D.E.O., Escadron Suicide, ...) pour contrer les plans de Brother Eye et en informe Batman (dont elle fut la maîtresse, ce qui explique leur complicité).
Batman emploie alors un générateur EMP, fabriqué par feu Blue Beetle, capable de neutraliser un grand nombre d'OMACs attiré dans le Sahara par un groupe de méta-humains (Wonder Woman, Hal Jordan, Martian Manhunter, Jay Garrick, Wally West, John Stewart, etc.).
De son côté, Sasha pirate le réseau en introduisant un virus informatique.
Cependant, Brother Eye réussit à garder la maîtrise de 200 000 OMACs, prêts à tout moment à achever leur mission, et surtout il diffuse sur toute la planète les images de
Wonder Woman exécutant Maxwell Lord.
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Cette mini-série est, avec Superman : Sacrifice (son indispensable complément), le trait d'union essentiel entre le n° spécial Countdown to Infinite Crisis, où l'on suivait les investigations de Blue Beetle jusqu'à son assassinat, et le début effectif de la saga Infinite Crisis.
Fidèle à son style, Greg Rucka orchestre une intrigue mêlant le récit d'espionnage avec le genre super-héroïque, le tout dans une tonalité sombre et inquiétante, culminant lors d'un dénouement spectaculaire et aux conséquences dramatiques.
Bien sûr, il faut avoir lu ce qui précédait pour apprécier et comprendre ce qui est ici développé, mais mis bout à bout, cette histoire aboutit à un ensemble redoutablement cohérent et efficace, dont The OMAC Project est une magistrale clé de voûte.
Rucka est un artisan : la subtilité de ses scripts, le soin avec lequel il installe une atmosphère, ses dialogues sobres et directs, en font une des meilleures plumes actuelles.
Le détour par les séries Superman et Wonder Woman à l'occasion de l'arc Sacrifice ne serait pas indispensable s'il n'éclaircissait de manière décisive le début de l'épisode 4 d'OMAC Project où le corps sans vie de Maxwell Lord gît aux pieds de l'Amazone et de l'Homme d'acier.
Qu'y apprend-t-on vraiment en effet ? Superman se réfugie dans sa Forteresse de Solitude avec du sang sur les mains. Mais il ne souvient plus qui il a pu attaquer. Est-ce Brainac ? Darkseid ? La JLA lui apprend qu'il a en vérité violemment et incompréhensiblement agressé Batman, sous l'emprise psychique de Maxwell Lord.
Obligée d'affronter son compère, Wonder Woman n'hésite guère à tuer Lord pour délivrer Superman : un geste qui aura de lourdes conséquences, puisqu'il sera révèlé au public et provoquera à terme la dissolution de la Ligue de Justice (au sein de laquelle les membres refusent d'exécuter leurs adversaires) !
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Ces cinq chapitres intermédiaires sont inégalement écrits et dessinés, malgré la présence d'artistes et d'auteurs très capables (John Byrne, Gail Simone...). Néanmoins, lire The OMAC Project sans passer par eux revient à devoir s'accommoder d'une ellipse importante, nuisant à la compréhension globale du récit principal. C'est, là, l'illustration navrante de la surexploitation des tie-in, ces histoires dérivées devant préparer et alimenter un futur "event" comme Infinite Crisis...
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Mais revenons à The OMAC Project pour saluer le reste de son équipe créative et, après son auteur, ses artistes : le trio formé par Jesus Saiz-Cliff Richards-Bob Wiaceck (les deux derniers suppléant le premier sur la moitié des planches de certains épisodes) avait fait ses preuves sur les premiers épisodes de Checkmate.
Encore une fois, leur complémentarité est un régal, même si, pour ma part, je trouve les pages de Saiz supérieures : l'espagnol sait admirablement dessiner Batman mais aussi des personnages féminins, sans tomber dans les stéréotypes du genre (bombe sexuelle ou post-ado ingénue), et excelle dans les séquences en clair-obscur, entre chien et loup, que sait si bien lui proposer Rucka.
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Si le titre de cette production peut dérouter ou son affiliation à Infinite Crisis lasser, ce serait une erreur de passer à côté : ce Projet OMAC est une réussite tout à fait aboutie et qui enrichit la lecture du crossover qu'elle précéde.

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