samedi 25 juillet 2009

Critique 79 : THUNDERBOLTS - CAGED ANGELS, de Warren Ellis et Mike Deodato

Thunderbolts : Caged Angels rassemble les épisodes 116 à 121 de la série publiée par Marvel Comics d'Octobre 2007 à Août 2008, écrits par Warren Ellis et dessinés par Mike Deodato.
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Après deux missions, les Thunderbolts regagnent leur base et font un bilan de leurs actions : Jack Flagg et Steel Spider ont été appréhendés, mais Bullseye a été gravement blessé par American Eagle. L'équipe est, en outre, minée par des tensions entre plusieurs de ses membres, notamment Moonstone et Songbird en désaccord sur le mode opératoire. Quant au véritable patron, Norman Osborn, il surconsomme des calmants.
C'est dans cette atmosphère étouffante que le Dr Leonard Samson débarque pour s'occuper spécialement de Penance, considéré comme un danger pour les autres (à cause de sa puissance - il a failli tuer Hellrazor, un détenu qui l'avait provoqué) et pour lui-même (à cause de ses pulsions suicidaires).
Peu après deux contrevenants au "register act" se livrent sans résistance : d'un côté, la séduisante Caprice ; de l'autre, le mystérieux Mindwave. Mais ces redditions intriguent Songbird...
Penance accepte la thérapie de choc auquel le soumet Samson, capable de résister à son pouvoir. En revanche, Osborn présente des signes inquiètants de troubles mentaux grandissants, comme lorsqu'il retrouve dans un tiroir de son bureau son costume de Bouffon Vert - mais il réussit à dissimuler son état pour l'instant.
Deux autres hors-la-loi, Mirage et Bluestreak, sont incarcérés et sont à l'évidence complices de Caprice et Mindwave pour saboter la base des T-bolts de l'intérieur.
Mc Gargan ne réussit bientôt plus à contenir le symbiote Venom aspirant à quitter le QG, quitte pour cela à en massacrer tout le personnel. C'est alors que le vaisseau de l'équipe, le Zeus, explose sous les yeux de Songbird et Radioactive Man, créant une confusion générale. Swordsman, ne supportant plus d'attendre qu'Osborn clone sa soeur défunte comme il s'y était engagé, soudoie des gardes pour une mutinerie... Alors que Venom a commencé à son carnage !
Les quatre détenus, grâce à leurs pouvoirs mentaux, manipulent les T-bolts pour les monter les uns contre les autres, comme le découvre Len Samson lorsque Mirage tente de le contrôler. Venom et Swordsman se croisent et le second pourfend littéralement le premier pour atteindre Osborn.
Osborn, dépassé par les évènements, perd complètement pied et endosse à nouveau son costume de Bouffon Vert pour rétablir l'ordre dans la base. Il ne tarde pas à défier Swordsman qu'il défait sans ménagement. Les gardes, sous l'emprise des détenus télépathes, neutralisent Radioactive Man et Songbird doit se cacher.
Caprice envoie Moonstone tuer Samson et Penance, qui la domine séchement. Osborn affronte Songbird, sans qu'aucun d'eux deux n'ait raison de l'autre. C'est alors que Bullseye, remis de ses blessures grâce à un traitement biotechnologique, gagne le quartier des prisonniers et, insensible à leurs pouvoirs, les éxécute tous froidement.
Le calme revient dans la base, Osborn calme les autorités extérieures mais Songbird obtient de récupérer le leadership de l'équipe en échange de son silence sur le fait qu'il ait repris son rôle de Bouffon Vert. Cependant, il la met en garde contre Bullseye...
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Ce second arc du tandem Ellis-Deodato tient toutes ses promesses, surpassant même en intensité dramatique le précédent tout en jouant sur un registre un peu différent.
En effet, dans Faith in monsters, logiquement, nous assistions à la formation et aux premières missions des Thunderbolts, l'action se déroulait donc en extérieur et culminait lors des combats entre le groupe et ses cibles. Cette fois, c'est un huis-clos puisque le récit se déroule (quasi)exclusivement à l'intérieur de la base et se focalise sur les divergences internes du groupe, attisées par un groupe de prisonniers aux pouvoirs psychiques.
Les motivations de ces détenus restent énigmatiques jusqu'au bout : agissent-ils pour le compte de quelqu'un ? Et si oui, qui et pourquoi ? Sont-ils des dissidents résolus à supprimer les T-bolts en les poussant à s'entretuer ? Ou des espions à la solde d'ennemis du gouvernement, opposés à ses méthodes ? Ellis ne révèlera même pas si Caprice, Mindwave, Mirage et Bluestreak sont des super-vilains ou des héros résistants ou des kamikazes. Mais ces quatre-là vont s'avèrer de redoutables mines, d'un calibre bien supérieur à Jack Flagg ou Steel Spider, et leur mission échouera de peu.
Pour corser une situation déjà compromise, Ellis introduit un autre "corps étranger" dans le Q.G. des T-bolts, dont l'influence va être aussi déterminante dans le déroulement des évènements : il s'agit du Dr Samson, appelé à se charger du plus puissant membre de l'équipe, mais aussi du plus instable psychologiquement - Penance.
L'ancien Speedball des New Warriors devient un élément pivotal de la mythologie des Thunderbolts puisqu'il a en quelque sorte provoqué leur formation actuelle : avec son ancienne bande, il avait causé la destruction de Stamford, à l'origine de la loi sur le recensement des méta-humains et la crise qui brisa cette communauté jusqu'à fonder l'unité chargé de capturer les dissidents restants.
Hanté par les morts de Stamford mais aussi traumatisé par le fait d'appartenir à cette équipe qui applique brutalement la loi, Penance se mutile pour expier - son costume est d'ailleurs rempli de piques activant son pouvoir en le blessant. Samson désapprouve l'exploitation de cette souffrance à des fins policières, et se méfie particulièrement de Moonstone (une psy comme lui) et d'Osborn (dont le passé devrait l'empêcher d'exercer ses fonctions) : en traitant (toniquement) Penance, il veut donc soigner le jeune homme de ses névroses mais aussi certainement établir un rapport objectif sur les T-bolts (et ses leaders).
Mais la présence de Samson sera, comme l'indique le résumé de l'histoire, aussi à l'origine de l'échec du sabotage des détenus : en résistant à Mirage puis en assistant à la victoire de Penance sur Moonstone, il évite un massacre.
Ellis fait feu de tout bois dans ce second arc : Swordsman organise une mutinerie sanglante et Venom, avec qui il aura un duel d'une ahurissante sauvagerie, tente de s'échapper en démembrant et en dévorant tous ceux qui vont essayer de l'en empêcher. Lorsqu'Osborn redevient le Bouffon Vert, on s'attend logiquement au pire... Evité de justesse.
La furia qui s'empare de la base donne lieu à une incroyable surenchère de pyrotechnie, de violence, qui fait basculer la série dans l'horreur. Pourtant, cette folie a quelque chose de jouissif : elle fait voler en éclats tous les cadres - au propre comme au figuré, car la mise en page traduit parfaitement cet état de faits - en vigueur dans les comics traditionnels. Ellis prend un plaisir manifeste à dynamiter les conventions du genre, comme un gamin qui casse ses jouets et veut savoir jusqu'où on le laissera aller.
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Visuellement, Deodato s'est complètement lâché : ses détracteurs seront outrés par la débauche d'effets employée. Les autres époustouflés par la démesure, la rage, qui se dégagent de ses planches : c'est l'Enfer, avec du sang, des tripes, des flammes, des explosions. Un festival tellement baroque et énorme qu'il suscite presque le rire : c'est une fresque aux accents satiriques, grotesques, qui est représentée.
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Chacun y goûtera, selon sa tolérance. Mais indéniablement, c'est impossible d'y être indifférent et je vois ça comme une qualité. Vous n'oublierez pas cette sarabande dont les auteurs, tels des Attila, n'ont rien laissé d'intact derrière eux.

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