dimanche 22 octobre 2023

BIG GAME #4, de Mark Millar et Pepe Larraz


Ce quatrième et pénultième épisode de Big Game est le meilleur à ce jour : Mark Millar frappe fort en réussissant à agréger à son event la série Empress de manière très habile. Pepe Larraz s'approprie ce que Stuart Immonen a dessiné avant lui et s'en sort brillamment. Le final promet énormément.


Hit Girl a remonté le temps grâce à la technologie d'un Chrononaute et atterrit il y a 65 millions d'années pour comparaître devant le terrible Morax. Quand celui-ci apprend qu'il ne sera plus le mâitre de la Terre dans le futur, il enrage... Tout comme Cordelia Moonstone, frustrée d'assister au nouveau carnage perpétré par la Fraternité sans pouvoir intervenir...


Quand Mark Millar a publié les comics qu'il avait écrits et qu'il entendait intégrer à Big Game, ma plus grosse surprise fut d'y trouver Empress dont l'action se déroulait il y a 65 millions d'années. Comment diable comptait-il mêler ces personnages à une intrigue pareille ?


On a eu la réponse à la fin du précédent épisode quand Hit Girl utilisait la technologie d'un Chrononaute pour échapper à la Fraternité dont elle avait infiltré le quartier général. Comme Empress est une des séries de Millar que je préfère (et dont j'attends désespérément la suite pourtant annoncé dès 2017), j'étais heureux à la perspective de retrouver ses protagonistes.


Il faut alors à présent préciser que Hit Girl surgit dans le royaume de Morax avant les événements relatés dans Empress. Emporia est toujours aux côtés de son mari et ensemble ils n'ont encore que pour seul enfant Aine, leur fille (on notera que Emporia est cependant enceinte de Adam). Quant au capitaine Dane Havelock, il n'est évidemment pas encore l'amant d'Emporia.

L'épisode est découpé en deux parties et dans la seconde, on assiste à un nouveau carnage commis par Nemesis et la Fraternité. Je dois dire que je ne comprends toujours pas pourquoi Wesley Gibson a toujours autant besoin de Nemesis alors qu'il dispose d'une armée de super vilains aux pouvoirs variés tout à fait suffisante pour exterminer les super héros qu'il a dans le collimateur.

Mais il est évident que Millar n'a pas l'intention d'en rester là avec son Batman maléfique (il serait même question qu'il soit au centre d'une troisième mini en 2024). Et surtout le scénariste casse toujours ses jouets avec une sorte de jouissance étonnante vu le nombre de morts au tableau dans cet épisode.

Evidemment, la frustration qui ronge Cordelia Moonstone fait penser à un retournement de situation pour le dernier épisode. A ce sujet, pourtant, interrogé sur Twitter, Millar a juré que le dénouement ne serait pas si simple. Et effectivement on découvre à la fin de ce numéro qu'une contre-offensive d'une autre nature apparaît et qui promet un affrontement dantesque.

Toutefois, j'ai peine à croire que Millar ait sacrifié tous (ou presque) les personnages de son catalogue pour de bon et je pense qu'il y aura quand même un twist pour en ramener au moins quelques-uns à la vie. Cela n'enlève rien au choc qu'on éprouve devant les massacres successifs vus dans les 4 chapitres déjà publiés.

Et puis il faut admettre que Millar exploite à fond ce qu'il a bâti dans une histoire très efficace. Qu'importe alors si on peut douter qu'il ait tout planifié depuis vingt ans comme il le prétend : il a tenu son pari de mettre en scène la quasi-totalité de ses créations avec en face un adversaire particulièrement redoutable. Cela excuse les déceptions de The Ambassadors ou des derniers volumes de The Magic Order.

Enfin Millar s'est donné les moyens de faire de Big Game une sorte de comic-book total avec Pepe Larraz au dessin. L'artiste espagnol a remercié publiquement le scénariste écossais pour lui avoir offert le plus précieux : du temps. Et ça se voit à chaque page : Larraz a produit des pages d'un niveau égal depuis le début, ce n'est pas le travail d'un dessinateur pressé par les deadlines mais bien d'un qui a pu soigner son ouvrage.

Ainsi multiplie-t-il avec la coloriste Giovanna Niro des planches extraordinaires : à chaque épisode, il doit s'emparer d'un univers, de personnages très différents, sur lesquels ont bossé ses confrères, et il en livre ses versions, à la fois personnelles et fidèles. Ici, quand il doit marcher dans les pas du géant Immonen, il le fait avec une élégance incroyable.

On n'aura pas vu le temps passer en lisant Big Time et ce n'est pas complètement fini puisque le mois prochain, pour la fin, on aura droit à un épisode augmenté (pas moins de 56 pages !), comme Millar nous y a habitués depuis quelque temps. Et vu ce qui est montré à la fin de chapitre 4, on va en avoir pour notre argent ! Big Time est bien l'event le plus excitant et abouti que j'ai lu depuis des lustres, simplement parce qu'entre ce qui a été annoncé et ce que j'ai lu, c'est la même chose.

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