jeudi 21 septembre 2023

HARLEY QUINN : BLACK + WHITE + REDDER #3, de Gail Simone et David Baldeon, Chris Condon et Jacob Phillips, Aditya Bidikar et Juni Ba


Pour ce troisième numéro (sur six), l'anthologie Harley Quinn : Black + White + Redder fait encore preuve d'une belle diversité et d'une salutaire qualité. Cela prouve qu'il existe bien des façons de traiter ce personnage et que le format court lui convient idéalement. Avec en prime une superbe couverture de Cliff Chiang.


- DEEPLY STRANGE ADVENTURES (Ecrit par Gail Simone et dessiné par David Baldeon) - Harley Quinn est au Sanctuaire et réfléchit au seul regret qu'elle peut avoir. Rien ne lui vient... Sauf lorsqu'elle s'est retrouvée téléportée sur la planète Rann à la place d'Adam Strange et a fait quelque peu tourner la tête d'Alanna, la femme du héros de deux mondes...


Gail Simone et David Baldeon se connaissent bien puisqu'ils ont par le passé (en 2018-2019) respectivement écrit et dessiné la série Domino pour Marvel. La scénariste, qui tweete une multitude de messages drôlissimes, et le dessinateur, au trait très expressif et rond, trouvent avec Harley Quinn un personnage à leur (dé)mesure.

L'histoire s'ouvre sur une parodie hilarante de Heroes in Crisis de Tom King et Clay Mann puis embraye sur une autre parodie, cette fois de Strange Adventures de King, Mitch Gerads et Evan Shaner. Pourtant n'interprétez pas ça comme du mauvais esprit car King apprécie l'humour de Simone. Ajoutez-y plutôt de la malice quand on voit Alanna Strange troublée par Harley Quinn qu'elle a fougueusement embrassée en la prenant pour Adam Strange.

Les planches sont très énergiques, cette énergie proche du cartoon, qui sied si bien à ce genre de segment délirant mais bien produit. C'est absolument réjouissant de bout en bout.
 

- STACKED DECK (Ecrit par Chris Condon et dessiné par Jacob Phillips) - Que se serait-il passé si Harleen Quinzel, encore psychologue et ambitionnant plus que tout de guérir le Joker, avait préféré faire carrière à Star City et traiter les ennemis de Flash ? Avant de revenir à Gotham tenter sa chance face au clown du crime...


Chris Condon et Jacob Phillips (le fils de Sean Phillips, compère fidèle d'Ed Brubaker) se sont fait connaître avec leur série That Texas Blood (que je n'ai hélas ! pas lue). Les voir s'attaquer à Harley Quinn est donc surprenant car on n'oserait imaginer personnage plus éloigné de leur univers. Mais c'est justement l'intérêt d'une anthologie comme celle-ci que d'inviter des auteurs inattendus.

Condon réécrit les origines d'Harleen Quinzel et imagine qu'elle n'est jamais devenu Harley Quinn. Pourtant, elle est obsédée par le cas du Joker, convaincue qu'elle peut le guérir de sa démence. Le portrait de ces deux personnages devient passionnant et imprévu quand l'un réussit à déstabiliser profondément l'autre sans effort.

Jacob Phillips, qui est aussi coloriste pour son père, joue à fond avec la palette réduite imposée par l'exercice. Ses pages opposent dans un contraste violent le blanc et le rouge en particulier, donnant au récit un côté dérangeant, très intense. Une réussite.


- THE REBOUND (Ecrit par Aditya Bidikar et Juni Ba et dessiné par Juni Ba) - Pour convaincre Poison Ivy qu'elle ne dépendra plus d'aucun homme, Harley Quinn adopte un chat errant. Elle l'entraîne dans un cambriolage pour trouver un cadeau d'anniversaire pour Ivy. Evidemment, ça va mal se passer...
 

L'an dernier, Juni Ba a vu sa carrière prendre une autre dimension avec la parution chez Image Comics de sa série Monkey Meat, un véritable ovni, narrativement et graphiquement déchaîné. Ici, il co-signe le scénario avec Aditya Bidikar, qui est surtout connu comme lettreur mais qui est également écrivain.

Leurs efforts conjugués aboutissent à des pages complétement folles, très drôles, où l'adoption d'un chaton par Harley Quinn vont transformer le vol d'une plante carnivore au jardin botanique de Gotham en un cambriolage hors de contrôle. L'inventivité des deux auteurs est puissante et endiablée, ils ne vous laissent pas souffler une seconde et provoquent de nombreux éclats de rire.

Juni Ba est un artiste insensé, fusionnant plusieurs styles, plusieurs influences, pour produire des images que seul lui peut signer. C'est indéfinissable, formidablement dynamique, riche, dense. Retenez bien son nom, d'autant qu'il prépare déjà son nouveau projet (inspiré par le capitaine Nemo et le Nautilus extraits de 20 000 Lieues sous les Mers de Jules Verne).

Encore un excellent numéro. Et encore la preuve éclatante que, même si vous n'êtes pas un fan de Harley Quinn, cette anthologie a de quoi vous faire aimer le personnage dans tous ses états.

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