jeudi 21 septembre 2023

BATMAN - SUPERMAN : WORLD'S FINEST #19, de Mark Waid et Travis Moore


Batman - Superman : World's Finest #19 marque la suite et fin de l'histoire débutée le mois dernier dans laquelle Mark Waid revient sur la toute première rencontre entre les deux héros. Travis Moore complète son remplacement de Dan Mora dans son style toujours élégant, mais qui comme le scénario manque cruellement de punch. 
 

Jax-Ur s'est évadé de la Zone Fantôme dont il a découvert des failles et où il a attiré des humains pour lui permettre de sortir. Batman a pris sa place et Superman a bien du mal à dominer cet adversaire autrefois condamné sur Krypton pour meurtre de masse. Mais les deux héros sauront unir leurs forces pour en venir à bout...


Jusqu'à présent, en dehors peut-être de l'épisode du dîner catastrophe entre Robin et Supergirl, ces numéros intermédiaires entre deux arcs de World's Finest n'ont guère convaincu de leur utilité. Il semble bien que ce soit pour Mark Waid juste une occasion pour faire souffler ses lecteurs - et son dessinateur Dan Mora.


Pourtant, cette fois, la promesse de révéler comment Batman et Superman ont débuté leur association était alléchante. Mais ne nous le cachons pas, le résultat n'est franchement pas à la hauteur : tout reste désespérément anecdotique et on n'apprend rien de consistant sur les origines du duo.


Mark Waid a, c'est vrai, un peu déçu sur le dernier arc de la série, le lancement du spin-off World's Finest : Teen Titans n'a visiblement pas rencontré le succès escompté puisque le titre a été réduit à une mini-série en six épisodes, et Shazam ! manque d'épaisseur pour l'instant. Quant à Superman : The Last Days of Lex Luthor, on attend toujours le deuxième épisode.

Le scénariste, qui brillait depuis son retour chez DC, serait-il essoufflé ? C'est possible mais pas certain, d'autant que la prochaine aventure de Batman et Superman intrigue méchamment (on y retrouvera Boy Thunder et l'univers de Kingdom Come). Alors quoi ? Peut-être tout simplement que Waid en fait un peu trop.

Dans le cas précis de World's Finest, l'accord parfait entre Waid et Dan Mora aboutit au constat simple que quand l'artiste est absent, l'intérêt retombe. Et c'est comme si le scénariste était aussi moins inspiré. Ce récit en deux parties en témoigne : le postulat était prometteur, mais à l'arrivée on n'a droit à quelque chose sans intérêt, mou.

Jax-Ur souffre d'être un vilain trop méconnu et donc on se fiche un peu de savoir comment il va être vaincu. Son plan pour s'échapper de la Zone Négative est même éclipsé par la présence d'un complice qui, en vérité, servira dans une future intrigue pour... Action Comics de Philip Kennedy Johnson ! Que World's Finest serve de rampe de lancement à une intrigue pour une série qui n'est même pas écrite par Waid a quelque chose de perturbant, comme si le scénariste en était réduit à être la béquille d'un collègue.

Quant à la relation Batman - Superman, elle n'en ressort ni amoindri ni grandi : je me répète mais il n'y a rien eu dans ces deux épisodes qui a enrichi la mythologie du tandem, alors qu'on nous a vendu cet arc en prétendant que les deux héros ont failli ne jamais être amis. A tout prendre, je préférerai me passer de ces épisodes intermédiaires à l'avenir, mais évidemment DC ne se passera jamais du titre pendant un mois (ou deux) - alors que, à mon humble avis, le lecteur l'accepterait en sachant que seul Dan Mora la dessinerait.

Je ne veux pas donner l'impression de dire que je n'ai pas aimé le travail de Travis Moore sur ces deux numéros. C'est un artiste que j'apprécie et qui rend toujours une copie très soignée. Son trait est très élégant, c'est agréable à lire. Vraiment rien à jeter. 

Par contre je me demande s'il est vraiment fait pour les comics d'action et même pour les super héros où il me semble emprunté, gauche, maladroit. En témoigne cet épisode où la bagarre entre Jax-Ur et Superman occupe un nombre élevé de planches et dont Moore échoue complètement à restituer l'intensité, la brutalité. Jax-Ur y malmène Superman et fait preuve d'une véritable malfaisance que le dessinateur a bien du mal à traduire visuellement.

En même temps, Moore s'évertue avec Tamra Bonvillain à imiter la patine des comics du golden age, notamment dans les angles de vue, la palette de couleurs, le découpage très sage. C'est raccord avec l'histoire, sa temporalité. Mais pas sûr que ça charme grand-monde.

Encore une fois ça n'ôte rien à la série et surtout pas à ce qui s'annonce dès le mois prochain. C'est sans conséquence et dispensable. Rendez-vous dans trente jours pour quelque chose de plus à la hauteur de ce à quoi World's Finest nous a habitués.

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