samedi 5 août 2023

SCARLET WITCH #7, de Steve Orlando, Lorenzo Tammetta et Sara Pichelli + Jonathan Hickman


Ce septième épisode de Scarlet Witch affiche un programme plutôt dense. Encore une fois Steve Orlando fait de l'excellent boulot avec le personnage mais il enrichit progressivement le background de la série. Au dessin, cette fois, les choses sont claires : Lorenzo Tammetta signe la quasi-totalité des planches à l'exception des deux dernières qui sont l'oeuvre de Sara Pichelli.


Tandis que Wanda doit composer avec le choc du retour de son père, Magneto (ou presque), Scarlet Witch doit aider Nelson Gruber, un bibliothécaire avec le pouvoir de donner vie aux livres et qui a été chassé du royaume du Magicien d'Oz...
 

Evidemment, si vous ne voulez pas être spoilé sur un élément important survenu à la fin de l'épisode précédent et expliqué au début de celui-ci, passez votre chemin immédiatement ou continuez à vos risques et périls. C'est bon ? Alors, en avant !


Steve Orlando avait conclu l'épisode 6 de Scarlet Witch en faisant réapparaître Magneto, qu'on avait également pu apercevoir déjà à la fin de l'épisode 5. Mais, me direz-vous, c'est impossible : Magneto est mort durant l'event A.X.E. : Judgment Day et n'a pu être ressuscité car il avait fait en sorte que cela soit impossible et, depuis les événements du Hellfire Gala 2023, les Cinq de Krakoa ont disparu on-ne-sait-où.
 

C'est là qu'on voit que Steve Orlando a bien révisé son histoire des X-Men parce qu'en vérité, bien sûr, il ne s'agit pas du vrai Magneto. Mais de son clone, Joseph, créé par la mutante Astra dans les pages de X-Men (vol. 2) #46 (1995) ! Il a les mêmes pouvoirs magnétiques, le même visage, mais des souvenirs beaucoup plus éparses. Lui aussi est mort puis est revenu à la vie (une vieille tradition mutante...) et le voilà qui débarque chez Wanda.

Bien sûr, une fois la surprise passée, elle commence à se demander ce qu'elle va de lui qui n'a nulle part où aller et sait que dans la situation actuelle Orchis l'arrêterait en le prenant pour le vrai Magneto. Elle lui offrira donc le gîte et le couvert tant qu'il le désirera - en attendant peut-être qu'il se rende utile auprès de la résistance mutante (dont je vous reparlerait bientôt - stay tuned !).

En attendant, Wanda a un autre client qui a surgi de sa porte magique. Et cette affaire ne manque pas de piquant puisqu'il s'agit d'un bibliothécaire avec le pouvoir de donner vie aux histoires. Et il a ainsi matérialiser le pays du Magicien d'Oz dont la sorcière l'a banni !

Steve Orlando est vraiment très à l'aise avec le format qu'il a installé sur la série, des histoires auto-contenues le plus souvent, résolues en un épisode. Il mène ces mini-intrigues sur un tempo soutenu avec une imagination débridée et une caractérisation nuancée. Comme d'habitude, il excelle spécialement à animer Scarlet Witch qu'il a totalement purgé de son passé douloureux pour en faire une sorcière surpuissante, altruiste et ayant repris sa vie en main. Pour une fois, on rêverait que DC s'en inspire pour une série sur Zatanna...

Mais l'épisode est aussi réussi parce que la manière dont Scarlet Witch résout le problème montre bien que rien n'est aussi simple qu'il y paraît. En effet, ici, il n'y a pas une victime et un bourreau, un gentil opprimé et un méchant oppresseur, tout est plus équivoque. Il y est question de la corruption par le pouvoir, un sujet que connaît justement très bien Wanda. Et Orlando est malin dans sa façon de suggérer ça, sans le souligner lourdement. Comme souvent, les affaires que règle Wanda la renvoient à ses expériences de femme, d'héroïne, ou de vilaine : c'est aussi pour ça, grâce à ça, qu'elle se montre si compétente et efficace.

Depuis le mois dernier, la série a à son générique deux artistes. Mais j'étais incapable de dire qui faisait quoi, même si j'avais deviné que le rôle de Sara Pichelli était désormais secondaire; C'est confirmé ici. Lorenzo Tammetta est bien devenu l'artiste régulier du titre, signant même la page écrite par Jonathan Hickman en relation avec son futur projet G.O.D.S. (qui dévoile ses personnages dans plusieurs séries tout au long du mois d'Août) même si ça n'a aucun rapport avec l'histoire de l'épisode (mais on peut supposer que Scarlet Witch sera impliqué dans ce projet, tout l'est Doctor Strange, et le seront Thor, Moon Knight et d'autres héros en relation avec des divinités).

Tammetta est une révélation : ses planches ne lésinent pas sur les décors, ce qui est toujours appréciable mais si aussi rare dans les comics de super-héros (où le dessinateur en arrive régulièrement à les négliger au profit des personnages et de leurs actions les plus spectaculaires). Son découpage est sage mais fluide. Lorsqu'il doit représenter les manifestations d'énergie, il aime visiblement créer des effets de fondus enchainés où il supprime les espaces entre les cases pour dynamiser la scène. 

Bien entendu, Tammetta est encore perfectible sur certains points : par exemple il a tendance à donner la même expression à ses personnages, avec une moue caractéristique. Mais ça n'ôte rien aux qualités de son graphisme, qui est expressif et solide techniquement.

Quid de Pichelli alors ? Hé bien, elle ne réalise que les deux dernières pages. C'est vraiment le minimum syndical et je me demande combien elle touche pour ça. Est-ce vraiment tout ce qu'elle peut faire désormais ? En tout cas, je me demande ce qui se passe avec elle car elle semblait bien revenu en ayant enchaîné les quatre premiers numéros, et on pouvait espérer qu'après le #5 (dessiné par Russell Dauterman - qui nous gratifie comme toujours d'une couverture superbe) elle serait repartie comme en 40. Sauf que non. Alors bien sûr, elle est créditée comme artiste, même si je trouve que c'est limite mensonger.

Ce bémol mis à part, Scarlet Witch continue d'être un des rares titres Marvel actuels à mériter l'attention. Au point qu'il fera partie des séries jugées assez commercialement attractives dont le prix va passer à 4,99 $ en Octobre (Marvel doit penser que le pouvoir d'achat de ses lecteurs augmente en même temps que leur tarif...).

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