dimanche 11 juin 2023

Coup de sifflet final pour TED LASSO


C'est par un tweet de Jason Sudeikis, à fond dans son rôle de Ted Lasso, qu'on a appris la fin de la série. L'aventure du coach américain dans le championnat de football anglais s'achève donc au bout de trois saisons, alors que Apple TV + aurait bien aimé prolonger l'affaire, récompensée par plusieurs prix et un succès public et critique. 12 derniers épisodes donc, parfois un peu brouillons, mais pour un final digne qui nous rend déjà nostalgiques.

Avec des spoilers of course !


L'A.F.C. Richmond revient en Premier League mais les pronostiqueurs le donnent bon dernier à la fin de la saison. Pour motiver ses troupes, Ted les emmène visiter les égouts de Londres car ils ne descendront pas plus bas. Mais des photos de cette expédition fuitent et inspirent les commentaires moqueurs de Nate Shelley, devenu coach de West Ham, promis au top 4. Ted lui répond en conférence de presse en s'auto-dénigrant, ce qui le rend sympathique auprès des médias. Roy et Keely décident de se séparer, trop accaparés par leurs jobs.


Trent Crimm, l'ex-journaliste de 'The Independent", obtient le droit d'écrire un livre sur l'AFC Richmond de l'intérieur, mais Roy Kent interdit aux joueurs de lui adresser la parole. Ted oblige les deux hommes à s'expliquer et Roy explique à Trent n'avoir jamais digéré un papier assassin qu'il avait écrit sur lui à ses débuts. De son côté, Rebecca Welton est sur les rangs pour recruter Zava, qui quitte la Juventus Turin mais dont le talent n'a d'égal que son excentricité.


Le renfort de Zava permet à Richmond d'enchaîner cinq victoires et de grimper au classement. Ted n'en profite guère car il a appris par son fils, Henry, que son ex-femme, Michelle, fréquente désormais leur ancien conseiller conjugal, Jacob. Jamie Tartt jalouse la popularité de Zava et Roy lui propose de l'entraîner personnellement pour atteindre le niveau de son rival en attaque.


Nate Shelley est nerveux malgré les bons résultats de West Ham car le club va affronter Richmond et lui recroiser Ted. Contre toute attente, ce dernier pardonne à son ex-adjoint, mais les joueurs ni le coach Beard ni Roy qui les motivent à écraser leurs adversaires. Le match vire au pugilat avec plusieurs exclusions et une cuisante défaite de Richmond.


Keeley fait la connaissance de Jack, l'actionnaire majoritaire de son agence de relations publiques. Les deux femmes, célibataires, tombent amoureuses l'une de l'autre, mais Rebeccas met Keeley en garde contre la personnalité écrasante de sa maîtresse. Richmond ne se remet pas de son échec face à West Ham et enchaîne sept défaites. Nate avoue ses sentiments à Jade, la serveuse de son restaurant préféré qui lui réserve toujours un accueil glacial mais qui accepte de dîner avec lui. Alors que Richmond va affronter le favori du championnat, Manchester City, Zava ne se présente pas au match et annonce sur les réseaux sociaux sa retraite.


Après la défaite, logique, contre Manchester City, Ted remobilise ses joueurs en leur expliquant que le départ de Zava est une opportunité de montrer la cohésion de l'équipe. Malgré cela, Richmond est une nouvelle fois humilié en match amical contre l'Ajax Amsterdam. Les joueurs ont droit à des quartiers libres mais ne savent pas quoi faire. Rebecca rencontre le propriétaire d'une péniche et passe la soirée et la nuit avec lui. Leslie et Will vont écouter du jazz dans un club. Ted a une révélation en revoyant un ancien match de Basket-ball des Chicago Bulls et décide d'appliquer un nouveau schéma de jeu.
  

C'est ainsi que Richmond apprend, laborieusement, à maîtriser le total football créé par Johan Cryuff et repris ensuite par Pep Guardiola (le coach actuel de Manchester City), qui repose sur la polyvalence de chaque joueur. Même si le club s'incline contre Arsenal, c'est avec la manière. Nate fréquente désormais Jade. Quant à Sam Obisanya, après des commentaires contre l'accueil des migrants par le gouvernement anglais, il voit son restaurant vandalisé, mais ses co-équipiers l'aident à réparer les dégâts. 


Ted reçoit la visite de Henry, accompagné par Michelle et Jacob qui le lui laissent pour aller visiter Paris. Il craint alors qu'ils n'y aillent pour se marier et passe deux jours angoissants, qui plus parce que son fils veut aller voir jouer West Ham. Nate est troublé par la présence de Ted en tribune. Isaac découvre que Colin est gay et ne lui parle plus, jusqu'à ce qu'il lui avoue avoir été vexé que son ami lui cache alors qu'il est prêt comme les autres à le soutenir. Keely doit réagir à des vidéos intimes d'elle qui circulent sur le Net et pour lesquelles Jack lui conseille de s'excuser publiquement.. De retour de Paris, Michelle récupère Henry et Ted remarque qu'elle ne porte pas d'alliance au doigt.


La visite de son fils et de son ex-femme a donné le mal du pays à Ted, qui songe à arrêter d'entraîner Richmond à la fin de la saison, quelle qu'en soit l'issue. L'équipe se porte mieux et aligne une nouvelle série de victoires, s'attirant les commentaires élogieux des médias et ambitionnant maintenant de finir dans les premiers. Ayant refusé de s'excuser pour les vidéos d'elle qui ont fuité, Keely apprend que Jack ne financera plus son agence et ses employés font leurs bagages. Rebecca la réconforte et lui propose de revenir s'occuper des relations publiques au sein du club. Nate, lui, préfère refuser de suivre Rupert Mannion à une partie fine pour rester avec Jade.


La presse fait ses choux gras du renvoi surprise de Nate et il se réfugie chez ses parents pour échapper aux paparazzi. Plusieurs joueurs de Richmond voient leurs belles prestations de la saison récompensées par une sélection dans leur équipe nationale, mais pas Sam Obisanya à qui Edwin Akufo barre la route. Le riche nigérian invite Rupert et Rebecca avec d'autres patrons de clubs pour évoquer son projet de super-ligue, mais Rebecca refuse d'y prendre part, considérant que ce sont les supporters les plus modestes et fidèles qui seront sanctionnés. Jamie et Roy qui se chamaillent à nouveau pour Keely lui demandent avec lequel d'eux elle veut s'engager. Elle les fiche à la porte.
 

Dottie, la mère de Ted, lui rend une visite surprise et c'est l'occasion pour lui de régler quelques comptes car il l'accuse de ne jamais avoir voulu parler du suicide de son mari, ce qui a provoqué les crises de panique dont souffre encore Ted. Encouragé par Jade, Nate cherche un nouveau poste dans un club et, au même moment, Ted est prêt à le reprendre mais il doit convaincre Beard pour cela. Ce dernier, qui doit beaucoup à Ted, accepte de pardonner Nate. Et c'est par une nouvelle victoire contre Manchester City que le staff scelle sa réunion. Ted est félicité par son idole, Pep Guardiola, à la fin du match.


C'est la dernière journée du championnat et Richmond peut prétendre au titre s'il bat West Ham et que Manchester est battu par Liverpool. Trent remet son manuscrit à Ted, qui lui suggère de changer le titre, et Beard, qui raye toutes les mentions personnelles à son sujet. Ted annonce à Rebecca qu'il démissionne tandis qu'elle vendre le club. Richmond va-t-il remporter le championnat ? 

Vous le saurez en regardant la fin de Ted Lasso. Déjà, je sais que cette série va me manquer. Mais en même temps, je salue l'intégrité de ses créateurs qui ont refusé de disputer la match de trop. Certes, trois saisons, c'est peu, mais Ted Lasso s'achève au sommet.

Est-ce à dire que tout est parfait dans cette saison 3 ? Certes non. On sent que les auteurs ont voulu donner un maximum aux fans, parfois trop, parfois de façon désordonnée, et l'ensemble manque de cette fluidité qu'avait les deux précédentes saisons. Mais ce n'est pas grave, l'essentiel est là, et même ses défauts rendent la série encore plus attachante.

C'est un show qui a grandi au fur et à mesure, passant de la sitcom prenant le foot comme prétexte pour dresser le portrait d'un américain sans expérience avec ce sport et qui s'exile professionnellement en Angleterre à une "dramédie" dont les épisodes dépassent fréquemment les 60' et s'intéressant à un groupe de personnages qui forme plus une famille qu'une équipe.

Après une saison 1 qui a vu l'AFC Richmond mordre la poussière et descendre en deuxième division, une saison 2 qui l'a vu remonter, cette saison 3 démarre en examinant ses chances, faibles, de rester parmi l'élite du football britannique. Ted Lasso, incorrigible optimiste, ne se laisse pas abattre par les pronostics, les commentaires perfides des experts et les remarques désobligeantes de Nate Shelley, son ex-adjoint devenu le coach de West Ham. Pourtant, il ne peut plus guère dissimuler son mal-être à ceux qui le connaissent bien, nous les premiers.

Car Ted a le mal du pays. Son fils lui manque et leurs échanges sur Facetime ne suffisent plus. Il a aussi pris conscience qu'il avait condamné son couple en partant pour Richmond et désormais Michelle fréquente leur ancien conseiller conjugal. Ne serait-il pas temps de rentrer à la maison, prés des siens, d'essayer de reconquérir sa belle ? 

Mais il reste une saison à disputer et Ted Lasso n'est pas du genre à se défiler. Même s'il ne fait pas de la victoire un impératif, il ne veut pas partir sans se battre et échouer sportivement comme il l'a fait sentimentalement. Tous les personnages principaux de la série sont d'ailleurs dans un cas de figure similaire où le refus de l'échec n'est pas conditionné  à un succès obligatoire mais à une volonté de faire bonne figure, de ne pas rester sur une mauvaise note.

Ainsi, en parallèle de Ted, on voit comment Roy mais aussi Jamie vont tenter de séduire à nouveau Keeley, comment Keely succombe au charme de son actionnaire avant de comprendre son intolérable dirigisme, comment Rebecca surmonte sa rancoeur envers Rupert, comment Rupert est rattrapé par ses frasques, comment Nate est hanté par son départ de Richmond, comment Beard se sent toujours redevable à Ted, etc.

Il y avait assez avec tout ça pour alimenter cette saison, mais les scénaristes y ont ajouté des éléments purement comiques ou plus dramatiques pour densifier chaque épisode, parfois aux dépens de l'équilibre général. D'où un sentiment de trop-plein, de too much. Mais peut-on décemment se plaindre de rire de bon coeur en ces temps troublés ? 

Ainsi, dans la première moitié de la saison, l'introduction de Zava, cette caricature de Zlatan Ibrahimovic, est un régal. Peut-être pas très subtil, mais très efficace. L'acteur (Maximilian Osinki) a par ailleurs une ressemblance étonnante avec le modèle de son personnage. D'aucuns auront pu déplorer que la série ne montre finalement que peu d'actions sur le terrain, mais il convient de dire que le football, même s'il est un spectacle cinégénique en diable, est aussi une discipline difficile à faire rejouer par des acteurs (comptez le nombre de fictions qui s'y sont essayées avec succès et vous verrez que, à part Coup de tête de Jean-Jacques Annaud avec Patrick Dewaere, il n'y en a pas). C'est donc frustrant mais pour ma part, je préfère la série telle quelle qu'avec des phases de jeu irréalistes.

Dans la seconde moitié, Ted Lasso va insister sur l'imminence de sa propre fin. Le héros va, c'est sûr, partir, et son choix va impacter tout le reste du show. Les auteurs évoquent alors, parfois en vrac, à la va-vite, des thèmes comme la super-ligue (un projet bien réel qu'aimeraient imposer certains clubs en marge des championnats nationaux pour générer plus de profits), l'omerta autour de l'homosexualité dans le foot (et le sport en général), les scandales liés aux abus sexuels (on pense à l'affaire Benjamin Mendy par exemple), le mythe du Petit Poucet (le club que personne n'attendait si haut dans une compétition). Le caméo très classe de Pep Guardiola, légende des coachs, actuellement en poste à Manchester City, donne à cette dernière ligne droite un éclat incomparable.

Oui, cette saison est très riche, trop même. Mais on quitte ces personnages avec le coeur serré et en même temps en riant une ultime fois avec eux, grâce à eux, comme de vrais amis. Leslie, Keeley, Roy, Sam, Jamie, Colin, Isaac, Zoreaux, Jan, Will, Rebecca, Beard, Ted, à jamais dans nos coeurs. Les acteurs auront tous embrassé leurs rôles avec une sincérité incomparable, au point qu'on les laisse avec autant d'émotion que leurs alter egos de fiction.

Merci pour tout ça. C'était bien, c'était chouette. Il faudra sans doute un moment avant de retrouver une série comme ça, qui fait autant de bien.

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