vendredi 21 avril 2023

THE MAGIC ORDER 4 #4, de Mark Millar et Dike Ruan


Ce quatrième épisode de The Magic Order 4 est de loin le plus décevant de ce volume et certainement de toute la série. On achève de le lire sans avoir l'impression d'avoir avancé. Pire : il ressemble à une coquille vide, aussi bien au niveau de l'écriture que des dessins.
 

Cordelia Moonstone et Francis King arrivent dans l'arène où Perditus affronte les magiciens qui se sont égarés dans son royaume. Francis a un plan, vite taillé en pièces. Cordelia s'avance vers ce frère qu'elle n'a jamais connu sans illusions...


Ce quatrième volume de The Magic Order sera décevant quoi qu'il arrive jusqu'à son sixième et dernier épisode. C'est le plus faible arc narratif de toute la saga alors même que le troisième ouvrait des perspectives si prometteuses. Et comme Mark Millar n'a toujours fait aucune annonce concernant le cinquième et ultime acte de sa série, il faudra qu'il soit sacrément fort pour compenser.


Le scénariste écossais a beau avoir plus d'un tour dans sa manche, cette fois même un fan comme moi a du mal y croire et je me demande même si Millar n'a pas présumé de ses forces en promettant autant. Car, enfin, que s'est-il passé pour qu'il livre quelque chose d'aussi mauvais ce mois-ci ?


J'aime pourtant beaucoup The Magic Order, malgré un deuxième arc un peu en deçà, mais contrebalancé par un troisième de haute volée (bien aidé il est vrai par la prestation graphique de Gigi Cavenago). Mais là, c'est le cas de le dire, la magie n'opère pas/plus.

Qu'y a-t-il de plus désagréable que cette impression d'avoir lu une vingtaine de pages et de constater que rien n'a progressé ? C'est exactement le cas ici où tout se résume à quelque scènes qui se succèdent sans ellipse et qui auraient pu tenir en moitié moins de pages. Millar semble gagner du temps et nous en faire perdre par la même occasion. Et cela dure depuis le début de ce volume 4 où on ne peut que s'étonner, s'agacer aussi, que tant d'éléments restent en plan, et que le rythme soit si défaillant.

Pourtant cette rencontre avec Perditus Moonstone s'annonçait comme un grand moment depuis qu'on a appris l'histoire tragique du premier enfant de Leonard et Salomé Moonstone, échangé contre un sorcier surpuissant du royaume de Kolthur (l'oncle Edgar, reclus dans le château Moonstone, amnésique jusqu'à il y a peu). Mais tout retombe comme un soufflé mal cuit.

On comprend vite que Perditus sait tout de ses origines et en veut toujours à sa famille de l'avoir sacrifié pour achever une guerre. Dès lors le sort de Francis King est scellé et l'affrontement avec Cordelia est inéluctable car elle incarne la soeur honnie, préférée à lui. On aimerait compatir pour lui mais Millar présente Perditus comme un barbare pour qui il est impossible de ressentir de la sympathie. Il est brutal, vicieux, rancunier, amer et ne semblait attendre que la visite de sa soeur pour la tuer.

Millar diffère ce duel pour le mois prochain mais ne trompe personne. Il ne tuera pas Cordelia - et personne d'ailleurs ne le souhaite, surtout que, même si elle a ses défauts, elle est angélique par rapport à Perditus, sa mission est noble, on souhaite qu'elle la remplisse avec succès. Réussira-t-elle malgré tout à convaincre Perditus de l'aider ? C'est bien le seul mystère qui nous empêche de renoncer à lire la suite et fin de cet arc.   

Reste que, en dehors de ça, c'est un gâchis. L'oncle Edgar, ancien roi de Kolthur, reste toujours désespérément négligé alors que ces nouveaux épisodes auraient dû servir à avancer sur son dossier, maintenant qu'il a recouvré la mémoire et a assisté au coup d'état de Madame Albany. Celle-ci d'ailleurs, alors qu'elle a détrôné Cordelia, a disparu de la série aussi rapidement qu'elle y était revenue, comme si Millar ne savait plus quoi dire sur le nouvel Ordre Magique, alors qu'il aurait été intéressant de voir quel impact à eu ce changement (on se doute bien qu'une femme machiavélique comme Albany ne va pas se contenter de s'asseoir sur son trône et voir ce qui peut se produire). 

Quant à la mort de Francis King, elle laisse un goût d'inabouti car depuis son introduction dans le volume 2, Millar n'a jamais développé dignement ce personnage pourtant plein de potentiel.

Dike Ruan déçoit lui aussi. Il a du talent, un joli coup de crayon, de quoi voir venir et de quoi faire. Mais ce garçon ne se force pas. Il faudrait pour cela qu'il commence par comprendre que dessiner un décor spectaculaire sur une double page ne suffit pas pour un épisode de vingt planches. La totalité des cases est en effet dénué d'arrière-plan et c'est à la coloriste Giovanna Niro a donc la charge de combler ces vides du mieux qu'elle le peut. Mais rien n'y fait.

Je ne veux rien ajouter de plus sur la partie graphique car je risquerai d'être méchant et j'ai bien trop de respect pour les artistes qui font leur boulot pour ne pas sombrer dans la diatribe pour l'un d'eux qui se contente du strict minimum. Lire The Magic Order après avoir admiré Dan Mora sur World's Finest suffit à exprimer le sentiment de frustration qu'on a devant le manque d'efforts de Ruan. C'est limite honteux.

Je suis moins triste qu'en colère parce que Millar est en train de gâcher une super série et que Ruan vaut mieux que ce qu'il ne fait pas ici. Evidemment, on peut encore espérer un sursaut pour les deux prochains épisodes, mais je n'y crois pas.

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