vendredi 21 avril 2023

BATMAN - SUPERMAN : WORLD'S FINEST #14, de Mark Waid et Dan Mora


S'il n'en restait qu'une, ce serait celle-là - je veux parler de la série avec laquelle on a rendez-vous chaque mois et dont on attend chaque numéro avec plaisir parce qu'on sait qu'on ne sera pas déçu. Le troisième arc de Batman - Superman : World's Finest est une vraie detective story mais où Mark Waid s'amuse à mettre Batman en retrait. Qui a tué Simon Stag ? Interroge la couverture. On n'est pas au bout de nos surprises, dessinées comme d'habitude de main de maître par Dan Mora.
 

Metamorpho cherche qui a voulu lui faire porter le chapeau pour le meurtre de Simon Stagg. Bruce Wayne sort de prison après avoir été à son tour accusé. Superman est aidé de Robin pour enquêter puisque Batman ne peut se montrer sans que son alter ego soit absent. La liste des suspects se réduit...


Je me répète mais à chaque nouvel épisode, c'est un régal de lire Batman - Superman : World's Finest et visiblement je ne suis pas le seul à être amoureux de cette série. Depuis son retour chez DC, Mark Waid pète le feu et semble à lui seul résumer l'état d'esprit de Dawn of DC (avant même que ce statu quo ait été établi).


Pour le troisième arc narratif de la série, le scénariste s'amuse à imaginer une detective story où Batman, le détective par excellence du DCU, est forcé de rester à l'écart... Pour la simple et bonne raison qu'il fait partie des suspects dans l'affaire du meurtre de Simon Stagg. Ou plutôt Bruce Wayne est accusé, suite à l'enquête menée le mois dernier par Jimmy Olsen.


Sur ce cliffhanger très accrocheur, Waid laisser le lecteur, mais Wayne ne reste pas longtemps derrière les barreaux : puisque la série se déroule dans le passé, à une époque où il est encore immensément riche, il a les moyens de se payer les meilleurs avocats et une caution pour être libéré. Mais pas tout à fait libre.

De fait, Waid assigne à résidence Bruce Wayne et donc Batman. Superman doit enquêter seul. Cela donne lieu à un échange piquant entre les deux héros au téléphone sur le fait que Clark Kent travaille tout le temps (comme reporter pour le "Daily Planet" et comme Superman) alors que Bruce Wayne peut déléguer la direction de ses affaires pour se consacrer ) ses activités de justicier. Et quand Robin rejoint Superman à la forteresse de solitude, Superman répond à Bruce qu'il a trouvé un autre acolyte, excellent détective, pour l'assister.

Cette malice pimente un polar qui sans ça ne serait pas aussi jubilatoire. Le reste est terriblement efficace et Waid alterne les scènes avec ses différents protagonistes avec un sens du swing qui épate. Metamorpho, premier suspect du meurtre de Stagg, intimide plusieurs individus louches susceptibles de l'avoir dénoncé : on découvre le héros plus menaçant, plus inquiétant, mais ce n'est pas gratuit, ce n'est pas juste pour le rendre plus sombre, c'est parce qu'il doit prouver son innocence.

Le contraste avec Superman et Robin, symboles des héros positifs, bienveillants, fonctionne pleinement et imprime une dynamique imparable au récit. Quand Batman comprend que l'affaire pourrait concerner d'autres milliardaires, dont Oliver Queen (Green Arrow), Ted Kord (Blue Beetle)..., il a à nouveau le champ libre pour rejoindre Superman, Robin et Metamorpho sur le terrain.

En même temps, la liste des suspects se réduit considérablement et aboutit à deux vieilles connaissances : on comprend alors que la suite de l'histoire va voir apparaître de nouveaux invités sympathiques et d'autres beaucoup moins. Encore une fois, on a droit à un (double) cliffhanger bien prenant...

La série bénéficie du talent extraordinaire du dessinateur le plus excitant actuellement : Dan Mora est vraiment impressionnant. Difficile encore une fois de ne pas être bouche bée devant la productivité du bonhomme qui dessine en parallèle un crossover Teenage Mutant Ninjas Turtles/Mighty Morphin' Powers Rangers, et Shazam !, qui démarre le mois prochain - on va se goinfrer avec deux mensuels DC dessinés par Mora.

Ne croyez pas les pleureuses qui se plaignent de ne plus trouver de dessinateurs tenant les délais et conservant leur qualité de travail, en mentionnant toujours avec nostalgie Jack Kirby. Les comics ont ceci de merveilleux de révéler régulièrement des artistes surprenants : après Immonen, Samnee, Mora est aujourd'hui devenu un phénomène. Il est difficile, pour ne pas dire impossible de résister à son énergie. Ses planches sont toniques, merveilleusement composées, avec une aisance à s'approprier les personnages, les décors, à alterner scènes d'action et moments plus calmes. Waid a encore trouvé un partenaire idéal et il lui taille des histoires sur mesure.

C'est bien simple, comme je le disais en préambule : s'il n'en restait qu'une, ce serait cette série-là qu'il faudrait garder, parce qu'elle met la patate et qu'elle est divinement fabriquée. C'est du comic-book comme on l'aime tous.

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