samedi 11 mars 2023

SCARLET WITCH #3, de Steve Orlando et Sara Pichelli


Scarlet Witch, comme la relance de Fantastic Four, est vraiment la bonne surprise récente du côté de chez Marvel, en tout cas un de mes coups de coeur. Cette reprise en main du personnage par Steve Orlando est peut-être même plus enthousiasmante encore dans la mesure où je n'en attendais rien. Mais ce troisième épisode confirme que le scénariste est vraiment inspiré par sa muse et, pour ne rien gâcher, la série marque la véritable renaissance de son artiste, Sara Pichelli.


Alors qu'elle reçoit la visite de Polaris à qui elle a demandé d'analyser le minerai mystérieux qu'elle a récupéré après son combat contre le Corrupteur, Wanda est appelée sur une autre mission. Lorna l'accompagne dans le royaume de Sub-Atomica où la princesse Mardj veut repousser des ennemis avec une épée mythique...


Voilà un épisode très original. Steve Orlando convoque, comme l'indique la couverture (une nouvelle fois signée Russell Dauterman, qui, on l'a appris ces derniers jours, dessinera l'intégralité du n°5), Polaris, la "soeur" de Wanda. Il est fait mention du minerai que la Sorcière Rouge a récupéré après son combat contre le Corrupteur (dans le premier épisode) et que Polaris compare au Mysterium (introduit dans la série S.W.O.R.D. de Al Ewing) mais en moins raffiné.


Pourtant Orlando ne s'attarde pas sur le sujet. C'est un peu frustrant, mais ce qui suit va nous consoler. Car on frappe à nouveau à la porte secrète de l'emporium, ce passage créé par Wanda que peuvent emprunter tous ceux qui ont désespérément besoin de son aide. Sauf que personne n'apparaît...


Wanda détecte une présence mais à un niveau microscopique et accompagnée de Polaris, elle fait la connaissance de Mardj, princesse du royaume de Sub-Atomica. Pourquoi ne pas l'avoir nommé Microvers comme c'est l'usage chez Marvel (et DC aussi, je crois) ? Mystére. Mais passons.

Le récit qui se déploie alors s'inscrit dans le registre du parcours initatique, de la quête. L'objet de cette quête est une épée mythique qui permettra à Mardj de vaincre les Nallis, des ennemis de son peuple. Mais ce n'est en vérité qu'un prétexte pour Steve Orlando.

En effet, dès que cette balade dans le royaume de Sub-Atomica débute, le découpage change radicalement : le comic-book ne se compose alors plus que de pleines pages avec un texte récitatif (la voix-off de Wanda). La narration garde un rythme assuré ainsi, à la fois palpitant, elliptique et tranquille. Ne subsistent que les temps forts.

Ce faisant, Orlando fait un drôle de cadeau à sa dessinatrice, Sara Pichelli, car l'exercice est particulièrement délicat. Tenir presque tout un épisode ainsi exige de l'artiste des images qui doivent être exemplairement composées, toutes marquantes, détaillées. Pichelli, qui n'a pas été sollicitée de cette manière depuis longtemps et pour qui Scarlet Witch représente une occasion de prouver qu'elle en a encore sous le crayon, ne déçoit pas.

Avec son encreuse Elisabetta d'Amico et surtout le coloriste Matthew Wilson, Pichelli nous gratifie de planches superbes, nous entraînant dans un monde à la fois féérique et inquiétant. On nage dans un conte, avec des étapes classiques certes mais magnifiquement produites. Wilson en particulier joue beaucoup sur les couleurs des costumes (le rouge de Wanda, le vert de Polaris, et la tenue plus chamarrée de Mardj) qui servent de repères dans les décors les plus étranges.

La représentation des pouvoirs reste comme toujours très sobre, car Orlando comme Pichelli ont visiblement à coeur de ne pas trop verser dans les clichés super-héroïques pour la série. Wanda n'est pas une justicière et cette fois encore, elle joue plutôt un rôle de guide, de soutien, acceptant de rester en retrait quand par exemple Mardj doit délivrer son peuple du joug des Nallis. On n'est pas dans un schéma conventionnel avec un méchant qui attaque et Scarlet Witch qui riposte (même si la fin de l'épisode laisse entrevoir ce genre de confrontation pour le prochain numéro).

La proposition de Orlando et Pichelli renvoie aussi à celle de Ryan Noth et Iban Coello sur Fantastic Four dans la mesure où chaque épisode est auto-contenu, avec un fil rouge (ici le fameux minerai qui résiste à la magie, ou le secret entourant le passé de Darcy Lewis). J'aime beaucoup cette manière de raconter qui tranche singulièrement avec le tout-venant de la production actuelle, avec des arcs de plusieurs épisodes. Warren Ellis en était un spécialiste, et on voit aujourd'hui des auteurs revenir à ce procédé.

Le seul bémol que j'émettrai pour cete fois concerne la réunion Scarlet Witch-Polaris dont on pouvait attendre qu'elle soit plus fouillée. En réalité, Wanda et Lorna interagissent peu après leur première scène ensemble au tout début. Tout juste peut-on noter que Lorna soutient Wanda dans sa volonté de rebondir, et, à la fin, lui exprime-t-elle son admiration sincère pour sa capacité de résilience. Mais c'est vrai qu'on reste un chouia sur sa faim car avec une couverture et un duo pareil, il y avait sans doute plus à faire. Toutefois il est sensible que Orlando ne tient pas à ce que les invités de la série volent la vedette à Wanda (déjà Pietro dans le premier épisode ne faisait que passer) et c'est louable pour une héroïne en reconstruction.

Cette réserve mise à part, il n'y a vraiment rien à redire. C'est beau, très beau même, et très bon. J'ai enfin trouvé une série sur laquelle Steve Orlando me convainc pleinement, et je suis content de voir Sara Pichelli revenue à son meilleur niveau.

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