Examinons le menu : Rogue & Gambit, Stephanie Phillips, Carlos Gomez. Comment voulez-vous passer à côté ? Avec la scénariste de l'excellente série indé Grim, l'artiste de X-Terminators, et le couple mutant emblématique des 90's, peu de chances qu'on soit déçu. C'est donc parti pour une énième mini-série en cinq parties, et ça démarre sur les chapeaux de roues !
New York. Alors qu'elle est transférée dans une nouvelle prison, Lady Deathstrike assiste à l'attaque du fourgon blindé qui la transporte. Elle suit ceux qui lui offrent de s'évader. La Nouvelle-Orléans. Destinée dérange Malicia et Gambit pour leur confier une mission : ramener d'urgence Manifold à Krakoa. Ils l'ignorent mais les deux situations sont liées...
Décidément, Marvel aime lancer des mini-séries alors qu'ils disposent de scénaristes et d'artistes capables de fédérer des fans de personnages populaires pour des ongoing. Encore une fois donc nous avons droit au retour d'un titre Rogue & Gambit, cinq ans après le précédent écrit par Kelly Thompson et dessiné par Jan Bazaldua (d'un piètre niveau, il est vrai).
Mais cette fois l'éditeur a misé sur une équipe un peu plus attirante puisque Stephanie Phillips, auréolée du succès de son creator-owned Grim, est aux manettes et accompagnée par Carlos Gomez qui, le mois dernier, achevait l'irrésistible mini X-Terminators.
Phillips, qui signe son premier boulot chez Marvel après avoir signé un run sur Harley Quinn chez DC notamment, a affiché ses ambitions : il ne s'agit pas d'une aventure de plus pour Malicia (Rogue) et Gambit, l'intrigue doit avoir des répercussions pour Krakoa. Et effectivement, la scénariste s'adresse à des lecteurs au courant de ce qui se passe chez les mutants.
Ce sera peut-être la limite du projet car il est fait mention d'événements survenus dans Excalibur, X-Men et X-Men Red notamment. Toutefois ça reste discret et je pense honnêtement que eprsonne ne sera perdu. Pour résumer, il faut savoir que Malicia a donc quitté volontairement les effectifs de l'équipe des X-Men tandis que Gambit est revenu de l'Outremonde où il évoluait avec Excalibur;
Cela fait donc un bail que les deux époux n'ont pas été ensemble (Malicia, avant d'intégrer les X-Men, faisait bien partie de Excalibur aussi, mais ça commence à dater). Ils se sont donc donnés rendez-vous à la Nouvelle-Orléans pour rattraper le temps perdu mais ça commence mal : la Guilde des Voleurs (à laquelle appartenait Gambit) lui cherche des noises, il est rond comme une queue de pelle et a complètement oublié que Malicia devait venir !
Pour ne rien arranger, la belle-mère débarque : c'est Destinée qui a eu une vision, dont elle ne veut pas trop parler par-dessus le marché, mais qui demande à Malicia de lui faire confiance et de lui ramener Manifodl. Stephanie Phillips nous régale avec des dialogues incisifs et très drôles (Gambit qui compare Destinée à Nostradamus...), ça va vite, il y a de l'action, des interactions.
La mission, qu'ils acceptent, n'est pas évidente : Manifold a été agent du S.WO.R.D. et la trahison récente de Abigail Brand (qui a voulu déclencher une guerre intergalactique contre les mutants) l'a poussé à prendre du champ. Désormais il en réfère d'abord aux Avengers et ne veut plus rendre de compte aux politiciens krakoans. Donc pas question de répondre à la convocation de Destinée (avec laquelle il a pourtant pour point commun de considérer Gambit comme un guignol).
Surtout Manifold enquête sur la disparition de plusieurs surhumains, dont récemment Lady Deathstrike, à laquelle serait mêlé l'ambassadeur anglais Ruben Brosseau, notoirement connu comme un anti-mutant (dans les pages de Excalibur)... L'épisode se clôt sur un cliffhanger accrocheur qui donne une irrépressible envie de lire la suite.
Stephanie Phillips aime visiblement cess personnages et a imaginé une histoire mouvementée pour eux. C'est déjà frustrant de savoir que ça ne va durer que cinq épisodes, mais la scénariste prouve que ce qu'elle a montré dans Grim n'est pas qu'une inspiration providentielle, elle a du répondant et son énergie est communicative.
Marvel lui a founri un dessinateur parfait pour ce qu'elle a à dire avec Carlos Gomez. Même si l'éditeur ne le considère pas (pas encore ?) comme un "Stormbreaker" (quelqu'un sur qui elle mise pour le futur) en ne lui confiant que des mini-séries, il s'acquitte toujours avec professionnalisme de ce qu'il a à faire.
Gomez, comme Terry Dodson ou Frank Cho, on l'a vu avec X-Terminators, adore dessiner les belles filles et il réussit à les animer sans vulgarité. Malicia est ici sexy mais l'écriture de Phillips est si dynamique qu'elle ne peut être réduite à une jolie poupée. Comme Destinée, depuis sa résurrection (dans la mini Inferno de Jonathan Hickman), a rajeuni, on n'est pas non plus choqué de la voir afficher des formes plus voluptueuses que celles qu'elle avait auparavant. Et là encore la caractérisation contrebalance tout (Irene Adler est toujours aussi hautaine).
Là où j'attendais donc plus de Carlos Gomez, c'était avec les personnages de Gambit puis de Manifold. Et je ne suis pas déçu. La cajun est croqué comme un type qui se repose sur son charme mais qui apparaît complètement bourré, puis en proie à une sévère gueule de bois : cela lui donne une dimension comique, sans le ridiculiser toutefois. Quant à Eden Fesi, Gomez réussit à le rendre très expressif dans une scène où plusieurs émotions le traversent (son éclat de rire nerveux, son inquiétude, sa résoluition).
L'épisode se termine comme il s'est ouvert, par une belle scène d'action, bien composée, que les couleurs de David Curiel rendent bien pêchue.
C'est un sans-faute. Le public devrait répondre présent et Rogue & Gambit devrait servir à imposer Stephanie Phillips chez Marvel tout comme Carlos Gomez. L'idéal étant que ces deux-là voient leur mini se transformer en série régulière (comme c'est arrivée récemment à Poison Ivy de G. Willow Wilson et Marcio Takara chez la Distinguée Concurrence).
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