mercredi 29 mars 2023

DARK KNIGHTS OF STEEL #10, de Tom Taylor et Yasmine Putri


Désormais publiée bimestriellement jusqu'à son dernier épisode (ce qui nous projette en Juillet prochain), Dark Knights of Steel se rappelle à notre souvenir comme une histoire qu'on oublierait presque dans le flot des sorties. Mal éditée donc, la saga de Tom Taylor et Yasmine Putri reste toutefois une bonne lecture.


L'écuyer de Maître Bruce, Alfred, a révélé sa véritable nature : il est un martien, celui désigné par la prophétie de John Constantine comme l'Homme Vert, susceptible de provoquer le chaos. Appelé à raconter son histoire, J'onn J'onzz se défend en accusant son compatriote, le martien blanc, Protex, comme celui dont il faut vraiment se méfier...


Il y a quelque chose de regrettable dans la manière dont Dark Knights of Steel a été édité. Dans l'organigramme des comics, il y a un poste-clé, celui de l'editor, qui est en quelque sorte chargé de veiller à la production des séries. Il sert de correcteur auprès du scénariste, de superviseur auprès de l'artiste, et veille à ce que les épisodes sortent à l'heure dans un calendrier validé par la maison d'édition.


Le DC Black Label permet aux auteurs une plus grande souplesse dans les délais de production, et on peut mesurer le sérieux des editors des titres à la manière dont il organise la mise sur le marché des épisodes. De ce point de vue, The Human Target, de Tom King et Greg Smallwood, a été un exemple, puisque pour permettre à Smallwood de dessiner tranquillement les six derniers épisodes, un break de six mois dans la parution fut décidé et le lecteur était prévenu.


Mais il faut bien reconnaître que la plupart du temps, une telle anticipation n'est pas à l'oeuvre et régulièrement les mini-séries du DC Black Label commencent à sortir ponctuellement puis accumulent les retards. Du coup le lecteur se sent, légitimement, frustré, attendant chaque nouvel épisode sans trop savoir quand il sera disponible.

De ce point de vue, Dark Knights of Steel, c'est du grand n'importe quoi : songez que le n°1 est sortie en Novembre 2021, le 6 en Avril 2022, mais le 7 était dans le bacs en Novembre 2022, et depuis le rythme est devenu bimestriel. Quelqu'un chez DC a cru que Yasmine Putri (dont c'est la première grosse bande dessinée après s'être fait un nom comme cover artist) allait tenir un rythme mensuel sans problème alors qu'elle n'a jamais été capable de livrer plus de trois épisodes d'affilée. Du coup maintenant on a compris qu'il fallait lui laisser deux mois pour ne pas avoir recours à un fill-in artist...

Là où le bât blesse, c'est que le scénario de Tom Taylor comptait visiblement sur un rythme de parution régulier quand on voit le nombre de coups de théâtre qu'il contient, mais c'est devenu impossible à mesure que les épisodes prenaient du temps à être complétés. Aujourd'hui, on ne lit plus Dark Knights of Steel comme une série palpitante mais plutôt comme un tortillard qui se traîne, qui n'en finit plus de finir, avec des rebondissements qui surviennent comme si l'auteur les inventait pour alimenter une intrigue interminable.

Bien entendu, ce n'est pas le cas, Taylor avait sûrement prévu de raconter son histoire telle quelle, avec ces péripéties, mais force est d'avouer qu'une bonne partie du plaisir s'est évanouie avec les retards accumulés. C'est désolant.

Je ne veux pas donner le sentiment d'accabler Yasmine Putri car l'artiste a toujours produit des épisodes de haute volée, bien meilleurs que ceux de ses suppléants, et finalement si elle a besoin deux mois pour compléter chaque chapitre, c'est un moindre mal. Mais l'editor, dont c'est le métier, aurait dû le prendre en compte dès le début et organiser la parution à ce rythme d'un épisode tous les deux mois. Le lecteur s'y serait habitué et la série n'en aurait pas tant pâti.

Pour en revenir au contenu de cet antépénultième épisode, Taylor reprend donc sur la révélation de la véritable identité d'Alfred, qui dans son histoire, est donc J'onn J'onzz le martien. Une des particularités de ce "Elseworld" tient au fait que des personnages familiers ne sont pas/plus ce qu'ils sont dans la continuité. Ainsi le méchant Green Man est Lex Luthor devenu aussi dément que le Joker avec en sa possession un anneau de Green Lantern, ou Etrigan le démon est Ra's Al Ghul. Et donc Alfred Pennyworth, écuyer du seigneur Bruce Wayne, est donc le limier martien.

Une grosse partie de l'épisode revient sur ses origines et à son arrivée sur Terre, dans des circonstances légèrement différentes que celles qu'on connaît (plus dé téléportation par le Pr. Erdel, mais toujours le massacre des martiens verts par les martiens blancs). Taylor lie tout cela à la prophétie de John Constantine sur l'Homme Vert qui apportera le chaos entre les royaumes et c'est habile à défaut d'être fluide. Tout comme il agrège l'alliance entre la maison El, la maison Pierce et les amazones autour d'un ennemi commun. Sans oublier le renfort de Poison Ivy.

Tout est désormais en place pour les deux prochains et derniers épisodes qui promettent un conflit entre Protex et son commando de martiens blancs et cette coalition née sur les morts de Jor-El, Jefferson Pierce et Hippolyte. Yasmine Putri nous régalera, à n'en pas douter, avec des planches magnifiques et Tom Taylor a toutes les cartes en main pour un dénouement spectaculaire. Il ne reste plus qu'à prendre notre mal en patience...

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