samedi 7 janvier 2023

SCARLET WITCH #1, de Sreve Orlando et Sara Pichelli


Après le succès de la série Disney + WandaVision, qui remonte quand même presque à deux ans, on aurait pu croire que Marvel produise un comic-book Scarlet Witch plus tôt. Mais le personnage avait bien des choses à pacifier dans les BD et ce n'est que ce mois-ci que Steve Orlando et Sara Pichelli peuvent enfin livrer le fruit de leurs efforts; Encourageant.


Comme ce sera désormais la coûtume, le résumé de cet épisode sera concis : Wanda Maximoff a ouvert une boutique avec Darcy Lewis, où elle vent divers articles littéraires. L'endroit possède une porte magique que quiconque peut traverser s'il est dans une situation désespérée, comme c'est le cas pour Jarnette Chase, qui vient d'Amatrice en Italie...


La Sorcière Rouge (ou Ecarlate) a connu une existence très tourmentée : fille de Magneto, soeur de Polaris et Vif-Argent (Quicksilver), mutante (d'abord mauvaise), Avenger, responsable du M-Day (qui réduisit grâce à un de ses sortilèges la population mutante à peau de chagrin), épouse de Vision, amante de Wonder Man... Tout - et n'importe quoi - a été fait avec elle.


Le MCU l'a intégrée aux aventures des Avengers (à partir de L'Ere d'Ultron, 2015), mais à l'époque la Fox possédait les droits attachés au nom des mutants et donc Wanda Maximoff et Pietro son frère ne furent pas qualifiés ainsi, mais comme des individus soumis aux expériences de l'Hydra. Cela devait entraîner une retcon de leurs origines dans les comics où Rick Remender (dans Uncanny Avengers vol. 2) expliqua qu'ils devaient leurs pouvoirs au Maître de l'Evolution et qu'ils n'étaient plus les enfants biologiques de Magneto (seule Polaris gardait ce "privilège").


Avec la relance des séries X sous la direction de Jonathan Hickman, Wanda figurait sur une liste des plus grands ennemis des mutants à cause du M-Day, même si on devinait que Magneto n'était pas satisfait avec cela. Il faudra attendre la mini-série (médiocre) Trial of Magneto pour que Scarlet Witch soit pardonnée par Krakoa et son Conseil. Et après ?

C'est ce qu'ambitionne de raconter cette série, que Marvel publie comme une ongoing mais qui risque fort d'être requalifiée en mini si le succès n'est pas au rendez-vous (et alors on nous jurera que ça n'avait jamais été édité comme une ongoing). Ce n'est pas la première fois, dans l'histoire récente, que Scarlet Witch a un titre à son nom et on mentionnera les épisodes écrits par James Robinson en 2016-2017 (dont chaque numéro était illustré par un artiste différent).

Mais entre-temps les choses ont donc changé pour Wanda : elle a donc été pardonnée par Krakoa et surtout sous les traits d'Elizabeth Olsen dans le MCU a acquis une popularité nouvelle, culminant avec l'excellent WandaVision (une des plus belles réussites de la Phase IV du MCU sur Disney+). Marvel ne pouvait pas ne pas capitaliser là-dessus, même s'il a fallu attendre presque deux ans pour cela.

Pour que cela ait de l'allure, l'éditeur a commencé par relooker Wanda et a confié cette mission à Russell Dauterman, qui a adapté le costume porté par la magicienne lors du Hellfire Gala :


(Il est fort en character's design, Dauterman, même si j'aimerai tellement qu'il redessine des pages intérieures...)

Le scénario est écrit par Steve Orlando qui a fait son trou dans la franchise X en reprenant Marauders à la suite de Gerry Duggan (mais les dessins de Eleonora Carlini m'ont découragé). C'est un auteur que je connais peu, j'avais bien aimé la Justice League of America (avec notamment Ivan Reis au dessin), mais il semble avoir de l'affection et de grands projets pour Wanda, c'est déjà ça.

Son postulat est simple : Wanda aspire à une vie paisible mais sans tourner le dos au super-héroïsme. Elle veut à la fois se racheter du mal qu'elle a fait sans pour autant être dans la repentance permanente. Elle ne désire pas s'installer sur Krakoa ni rejoindre les Avengers. C'est une femme en quête d'indépendance et de recentrage. Et elle veut quelque chose de concret pour réaliser cela.

Donc, elle ouvre une boutique, l'Emporium, où elle vent des livres mais surtout a installé une porte magique que chacun peut franchir s'il se trovue dans une situation critique et a besoin des talents d'une magicienne très puissante. Pour l'assister au magasin, elle a Darcy Lewis : ce nom va vous rappeler quelqu'un puisqu'il s'agit de l'assistante de Natalie Portman et Peter Skarsgard dans Thor et qu'on a ensuite revue dans WandaVision. Comment, pourquoi travaille-t-elle avec Wanda ? Ce sera expliqué dans de prochains épisodes...

Vif-Argent fait aussi un tour dans ce premier épisode, l'occasion pour Orlando de mentionner les Inhumains (puisque Pietro Maximoff a une fille avec Crystal) - faut-il y voir un indice pour un prochain épisode ? Lui aussi est un personnage complexe, ambivalent, mais qui a souvent voulu protéger à tout prix sa soeur, même si Orlando renverse ce rapport avec malice ici, en soulignant à quel point Wanda veut que ça évolue.

La construction de la série, si on s'en tient à ce premier épisode, a quelque chose de très encourageant, en tout cas qui le plaît bien puisqu'il s'agirait d'épisodes done-in-one (à l'image de ce que fait Ryan North dans Fantastic Four actuellement).  Le méchant qu'affronte Wanda donne lieu à la fois à un rappel à des événements traumatisants pour elle mais aussi à une réaction révélatrice de sa reprise en main, signe que le scénariste n'entend pas (plus ?) la traiter comme une victime, subissant les affres de la magie et du métier super-héroïque - ça aussi, c'est bien.

Le dessin a été confié à Sara Pichelli. Celle qui, en son temps, fut un grand espoir chez Marvel, en co-créant avec Brian Michael Bendis Miles Morales/(Ultimate) Spider-Man, a bien dévissé ensuite, surtout quand on l'a placé sur Guardians of the Galaxy (de Bendis toujours) pour suppléer un Steve McNiven prématurément à la bourre. Le reste ressemble à une longue descente aux enfers, ponctuée de quelques fulgurances (encore et toujours avec Miles Morales, sous la plume de Bendis). Je crus même qu'elle suivrait le scénariste chez DC quand il quitta Marvel, mais non, elle s'empêtra dans une mini-série Spider-Man écrite par JJ Abrams et son fils - un désastre total.

Pichelli aurait pu rebondir avec Fantastic Four de Dan Slott mais elle fut incapable d'aligner les épisodes. Scarlet Witch, c'est donc un peu du quitte ou double pour l'artiste italienne. Va-t-elle enfin retrouver le rythme, avec un titre mettant en scène une héroïne solo ? Ou piquer du nez une énième fois ? 

Ce premier épisode est visuellement d'excellente facture. Pichelli représente Wanda avec beaucoup de classe et de charme, le découpage est vif, le trait agile, l'alternance de scènes calmes et mouvementées est impeccable. Pour ne rien gâcher, elle est soutenue par une encreur, Elizabetta d'Amico, et par un coloriste de premier rang, Matt Wilson, qui contribue à faire de chaque planche un vrai plaisir pour les yeux.

Wanda a le potentiel d'une Zatanna, c'est un personnage que tout le monde connaît et pourtant sur lequel on peut encore beaucoup écrire. Avec une série à son nom, des auteurs investis, un éditeur confiant, Scarlet Witch peut devenir un sleeper, un (petit) succès inattendu qui achèverait de réhabiliter la sorcière si longtemps malmenée. Les lecteurs seront-ils assez nombreux à répondre présents, Orlando inventera-t-il des histoires assez captivantes, Pichelli renaîtra-t-elle de ses cendres ? Beaucoup de questions, d'incertitudes même. Mais franchement, c'est un beau et bon début, à qui il faut donner sa chance. Et pour le reste... Croisons les doigts.

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