jeudi 19 janvier 2023

NAMOR THE SUB-MARINER #4, de Christopher Cantwell et Pasqual Ferry


Le pénultième épisode de Namor the Sub-Mariner : Conquered Shores fonce à toute allure vers un final qui sera dramatique. Christopher Cantwell lâche les chevaux et entraîne le lecteur dans un récit de haute volée, à haute teneur émotionnelle. Pasqual Ferry, lui, continue de nous enchanter avec des pages merveilleusement belles, achevant de faire de cette mini-série un sommet.


Jim Hammond conduit Namor, Luke Cage et Egad au pôle Nord où il a établi une colonie pour les robots et les androïdes. Il dément toute intention de s'en prendre aux atlantes et aux humains, même si Namor a du mal à le croire. Pendant ce temps, Steve Rogers et Eudora reçoivent Machine Man au refuge et là, comme dirait l'autre, c'est le drame...


L'ironie n'a pas sa place dans cette histoire, encore moins quand elle arrive à sa fin, dans un mois. Christopher Cantwell avait jusqu'à présent conduit son affaire sur un rythme assez tranquille, nous laissant découvrir le monde post-apocalyptique dans lequel évoluait son "old man Namor" et quelques humains familiers. Il a décidé d'accélerer.


La réunion, attendue, entre Namor et Jim Hammond, la première Torche Humaine, est d'abord tendue, et pour cause, le prince des mers est convaincu que son ancien allié au sein des Invaders prépare un assaut contre les derniers survivants humains et la population atlante. Pourtant, la vérité est ailleurs.
 

Hammond a déplacé ses semblables, robots en androïdes au pôle Nord où il a établi une colonie futiriste et autonome, cherchant elle aussi à subsister après la guerre menée par les Kree. Mais si la Torche semble innocent, alors que se passe-t-il avec Machine Man, qui commet l'irréparable en son nom ?

L'épisode est clairement scindé en deux parties, mais la narration pose les deux actions en parallèle.  A n'en pas douter, le dernier numéro éclaircira ce qui a poussé Aaron Stack à faire ce qu'il a fait. Mais cela aura eu des conséquences immédiates, comme on le voit ici, et sans que je vous les dévoile. Car Namor a lui aussi eu un geste tragique.

Le procédé est simple, revu, mais Cantwell l'utilise à bon escient, avec beaucoup d'efficacité. On tourne les pages, pris par l'enchaînement des événements, entre surprise et effroi. Le scénariste ne se contente pas pour autant de nous accrocher avec de l'action et du grand spectacle, il glisse vers l'introspection avec habileté.

En effet, un dilaogue entre Eudora, la chef scientifique atlante, et Steve Rogers revient sur le passé des Invaders dont il fit partie aux côtés de Namor et Hammond. Qu'est-ce qui unissait trois hommes aussi dissemblables ? D'abord, il y avait l'époque, c'était la guerre et cette équipe de surhommes formait la première ligne de combat des alliés contre les nazis en Europe.

Dans l'horreur des combats, ils forgèrent une amitié indéfectible, même si au lendemain du conflit, ils prirent tous des chemins différents; Du moins conservaient-ils l'un pour les autres du respect. Et un rêve, une aspiration, la foi en un futur meilleur, pacifique, pacifié. Qu'en reste-t-il aujourd'hui, que le futur est là avec son visage catastrophique ?

Au fond, ce que Cantwell dit, en creux, c'est que Rogers/Captain America était pour Namor comme pour Jim Hammond un exemple et un lien. C'était lui l'idéaliste de la bande, tandis que Namor incarnait le cynisme, la méfiance, et que Hammond figurait le détachement (puisqu'il était un androïde, certes capable d'émotions, mais pour la majorité de ceux qui le cötoyaient, il restait une machine). Rogers voyait en Namor un allié puissant et noble, même si son attitude arrogante et soupçonneuse n'était pas facile à gérer. Et il considérait Jim Hammond comme un homme plus que comme un robot.

Aujourd'hui, comme le lui dit Eudora, Rogers pourrait à noveau jouer son rôle de lien et d'exemple entre Namor et la Torche. Mais Cantwell va renverser la table et précipiter les trois hommes dans une tragédie. La fin de l'épisode choque par l'incertitude qu'elle fait peser sur l'un d'eux, et le sort subi par un autre. Tout compte fait, c'est donc une histoire noire que raconte Conquered Shores.

Et comme pour l'atténuer ou la nuancer du moins, la contribution de Pasqual Ferry s'avère un choix judicieux car le dessinateur ibérique nous émerveille avec des planches d'une beauté rare. L'épisode met en valeur le sens du design de Ferry, qu'il s'agisse du vaisseau de Jim Hammond, tout en courbes, ou de la base-colonie qu'il a installée dans l'Arctique, là aussi avec un bâtiment aux formes arrondies, aux perspectives acceuillantes et profondes, davantage une ville qu'une simple installation.

La complicité de longue date entre Ferry et le coloriste Matt Hollingsworth aboutit à des iamges composées avec une grâce divine et des ambiances toujours douces. Même quand une explosion survient, les flammes et le souffle de la déflagration ont quelque chose de moins terribles que de poétique, ce qui rend évidemment l'effet encore plus dramatique puisque le lecteur ne se rend compte qu'après des dégâts.

La manière dont Ferry représente la Torche tranche avec les canons établies par Alex Ross (qui pour figurer la chaleur des flammes avait peint Jim Hammond en s'inspirant d'un négatif photo et donc de la signature thermique imprimée sur le film). Hollingsworth et Ferry préfèrent des flammes qui semblent danser autour de la silhouette de Hammond, ce qui le rend moins menaçant mais pas moins intense ni puissant.

Quelle que soit l'issue de cette mini-série, on peut déjà affirmer que Cantwell et Ferry auront réussi à redonner son lustre à Namor, personnage fondateur de la maison des idées au même titre que la Torche Huimaine.

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