jeudi 8 décembre 2022

FANTASTIC FOUR #2, de Ryan North et Iban Coello


Ce nouveau volume de Fantastic Four n'en est qu'à son deuxième numéro mais il me plait beaucoup ! J'aime la proposition que fait Ryan North au scénario, avec des épisodes auto-contenus (même s'il y a un fil rouge entre eux), et ce que réalise Iban Coello au dessin, d'un trait vif, expressif. 


Après avoir été reconduit hors d'une petite ville où ils s'étaient arrêtés pour se restaurer mais où ils avaient été attaqués par des Fatalibots, Reed et Sue Richards décident d'enquêter.


Invisibles grâce à Sue, ils remarquent que tous les habitants sont des Fatalibots sauf une vieille dame que Reed accoste en ayant changé de visage et en évoquant le nom de Victor Von Doom.


Mary, cette vieille dame a en effet hébergé Victor Von Doom dans sa jeunesse. Mais Sue découvre que Mary a elle-même été remplacée par un Fatalibot afin de le préserver pour la remercier.


Neutralisant la population grâce à une décharge électromagnétique, Reed et Sue reprogramme les Fatalibots pour les rendre inoffensifs et laisser de cla compagnie à l'esprit de Mary...

Comme le mois dernier avec l'aventure vécue par Ben et Alicia Grimm, il y a une référence évidente à La Quatrième Dimension dans ce deuxième épisode de Fantastic Four. On pourrait penser que Ryan North se répéte. Si ce n'était pas voulu et si, nénamoins, l'histoire n'était pas différente.

Mais surtout ce qu'il faut sans doute retenir, c'est qu'on suit les Fantastic Four séparément. On a découvert à la fin du premier épisode qu'un énorme cratère fumant subsistait là où se dressait le Baxter building. Sans plus d'explication, Ryan North nous suggérait que quelque chose de grave s'était passé, obligeant le quatuor à se séparer et New York à les rejeter. Que Ben et Alicia voyagent sans leurs enfants adoptifs (les petits Kree et Skrull qu'ils ont accueuillis durant l'event Empyre) indiquaient en outre qu'ils en avait vraisemblablement perdus la garde.

J'ai aussi lu un article sur Bleeding Cool très instructif et qui lierait la série Amazing Spider-Man à ces événements : dans un épisode récent de Zeb Wells et John Romita Jr., Peter Parker, dans un flash-back, se dispute avec Johnny Storm qui l'accuse d'avoir volé quelque chose au Baxter building, causant de graves ennuis au groupe. Et finalement aussi à Spider-Man, à qui tout le monde a également tourné le dos dans sa série actuelle.

Donc, logiquement, le mois prochain, nous aurons droit à un épisode dévoilant la situation de la Torche Humaine. Mais pour l'instant, où en sont Reed et Sue, Mr. Fantastic et le Femme Invisible ?

L'épisode s'ouvre avec eux dans un restaurant où une serveuse les reconnaît. Aussitôt les clients et la serveuse dévoilent leur véritable apparence : ce sont tous des Fatalibots (ou Doombots si vous préférez en vo). Une bagarre s'ensuit. Vite stoppée par l'apparition du shériff  qui rend à chacun son apprence humaine. Reed et Sue sont conduits hors de la ville avec interdiction d'y rentrer. Evidemment, ils ne vont pas en rester là et mener l'enquête.

C'est là qu'on entre dans La Quatrième Dimension en découvrant le secret de cette petite ville, lié comme le révèle la couverture à Victor Von Doom/Dr. Fatalis. Pourtant l'ennemi juré des Fantastic Four n'est pas présent dans cette histoire qui renvoie à son passé et à une promesse faîte à une des habitantes du coin.

Ryan North réussit, brillamment, à nous intriguer sans faire de moulinets. Comme pour le précédent numéro, c'est plutôt l'ambiance qui nous captive, un endroit tranquille, des choses curieuses qui s'y produisent, une énigme qui est résolue progressivement, une solution pacifique et bienveillante. Et dans le rôle des détectives, Reed et Sue Richards, à la façon de L'Introuvable de Dashiell Hammett, sur le ton de la comédie, du fantastique, du polar, tout ça mixé savamment.

La densité du scénario est accompagnée par un dessin vif, alerte, très expressif. Iban Coello était très convaincant le mois dernier, il est encore meilleur cette fois. Cela met en confiance pour la suite car on sent que l'artiste anime ces personnages de mieux en mieux, qu'il a de la ressource et surtout qu'il est sur la même longueur d'ondes que son scénariste.

North exploite à fond les pouvoirs des deux Fantastiques et Iban Coello illustre magistralement cela. Les couleurs de Jesus Arbutov vont merveille quand il s'agit de représenter l'invisibilité de Sue alors que le lecteur la voit. Mais Coello est aussi inspiré que son scénariste et son coloriste quand il s'agit d'exploiter l'élasticité de Reed avec des astuces vraiment étonnantes (comme quand il fait glisser ses yeux jusqu'au bout de ses doigts - ou qu'il déforme son visage (une idée trop rarement utilisée alors que John Byrne par exemple en avait fait un stratagème quand Sue et Reed quittèrent New York pour s'installer en banlieue incognito).

Les scènes d'action sont plutôt rares mais franchement dynamiques, comme celle à l'intérieur du resto au tout début où lorsque Sue grille tous les Fatalibots à la fin. Sue aussi est impeccablement caractérisée en femme amoureuse et héroïne très active. Coello la dessine avec beaucoup de tempérament et North l'écrit comme une épouse aimante mais indépendante et lucide. Il a pour cela recours à une voix off qui renvoie en fait à une lettre qu'écrit Sue à Jennifer Walters (She-Hulk) pour lui expliquer ce qu'ils traversent.

Honnêtement, ça faisait un moment que je n'avais pas autant aimé lire Fantastic Four (sachant que j'ai très vite décroché avec Slott, et que Hickman m'avait largué). En fait, on n'est pas si loin de la période bénie de Waid/Wieringo, sans toutefois que North/Coello les imite. Ces deux-là ont une voix bien à eux, un projet personnel, une proposition singulière et emballante. C'est un gros coup de coeur en cette fin d'année.

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