mercredi 30 novembre 2022

JUSTICE SOCIETY OF AMERICA #1, de Geoff Johns et Mikel Janin


Quinze ans après son précédent volume (débuté en 2007), Justice Society of America revient. Enfin ! Et on le doit à Geoff Johns, celui qui était déjà à la manoeuvre la dernière fois, véritable amoureux de cette équipe. Il s'associe à Mikel Janin, dont c'est également le grand retour sur une série majeure. Et le résultat est aussi inattendu que classieux.


26 ans dans le futur. Huntress interroge de manière musclée la mafia de Gotham suite à la disparition de Doctor Fate. Elle est secondée par Salomon Grundy mais personne ne sait où est Khalid Nassour.


Au Q.G. de la J.S.A., Power Girl s'énerve après les nouvelles recrues et leur absence de résultat dans cette enquête. Deux jours plus tard, le corps, momifié, dans un sarcophage, de Nassour est retrouvé.


L'équipe se rend sur place quand elle est attaquée par Per Degaton. Il tue en manipulant le temps tous les membres sous le regard impuissant de Huntress.
 

C'est alors que Catwoman surgit et envoie à sa fille la boule à neige que Batman vola à Rip Hunter. Huntress est projetée dans le passé dont elle voit des moments-clés associés à la JSA défiler...

L'histoire éditoriale de Justice Society of America a toujours été compliquée. Au sein de DC Comics, deux clans se sont affrontés, entre ceux qui aimaient ce qui fut la toute première équipe de super-héros et estimaient qu'elle représentait les fondements de DC ; et ceux qui, au contraire, pensaient que ces personnages appartenaient au passé, qu'il fallait mieux les ranger au placard, les effacer de la continuité comme de vieilles reliques démodées.

C'est ainsi que, fort logiquement, quand survinrent les New 52, DC ignora le JSA puisque dans cette continuité réécrite, les premiers super-héros n'étaient là que depuis cinq ans. On aurait alors pu penser qu'avec le nouveau statu quo de Rebirth l'éditeur allait redonner leur place de fondateurs à ces héros, mais non.

Geoff Johns, dont la carrière est attachée à la JSA autant qu'au renouveau de Green Lantern ou Flash depuis qu'il succéda à James Robinson et David Goyer au tout début des années 2000, avait teasé le retour de l'équipe dans un one-shot consacré à Stargirl (à laquelle il consacre également actuellement une nouvelle série), pour lequel Bryan Hitch devait signer les dessins. Mais cela semblait rester sans lendemain.

Et puis, enfin, il y a quelques mois à peine, DC officialisait le retour du titre Justice Society of America pour ce mois de Novembre avec toujours Johns aux manettes mais avec Mikel Janin comme artiste( Hitch étant reparti chez Marvel entre temps). Cette série a été précédée d'un one-shot, The New Golden Age, au début du mois, qui faisait suite aux événements de Flashpoint Beyond.

Faut-il avoir lu The New Golden Age et même Flashpoint Beyond avant de se plonger dans Justice Society of America #1 ? Disons que ça aide à comprendre d'où sortent certains éléments, certains personnages, certains objets, comme les membres de l'équipe au début ou la boule à neige que lance Catwoman à Huntress (cette boule à neige provient même exactement de Doomsday Clock). Toutefois, il me semble juste de dire qu'on saisit tout sans avoir besoin d'être à jour sur toutes ces précédents histoires.

La question qu'on pouvait vraiment se poser, c'est à quand se situait ce nouveau volume de la série. Et sur ce point, on est très vite renseigné, dès la page 2 : l'action a lieu 26 ans dans le futur, 26 ans à partir de maintenant ("26 years from now"). Dans les comics, le temps est fluctuant, on vit dans une sorte de présent éternel, les personnages ne vieillissent pas, du moins pas à vitesse réelle, donc c'est malin de dire qu'une intrigue démarre 26 ans à partir de maintenant car dans un an, ce sera toujours valable.

Dans ce futur, Batman est mort depuis 8 ans. Il a été tué par un gangster sans intérêt mais que quelqu'un avait dôté de capacités spéciales pour accomplir sa mission. Batman (comme on le voyait dans The New Golden Age) avait eu une fille avec Catwoman, prénommée Helena, et celle-ci, après la mort de son père, a décidé de devenir Huntress pour traquer le meurtrier et poursuivre le travail paternel. Catwoman est encore active, mais davantage pour (sur)veiller sa fille que pour jouer les justicières ou les voleuses.

Helena Wayne/Huntress a donc 28 ans et elle a aussi contribué à refonder la Justice Society of America avec Power Girl. C'est la grosse surprise de cet épisode que de découvrir la nouvelle et très étonnante composition de l'équipe puisque ce sont d'anciens vilains qui siègent autour de la mythique table ronde. On reconnait Salomon Grundy (longtemps adversaire de la JSA mais aussi ami de Starman/Jack Knight) ou Gentleman Ghost (ennemi de Hawkman et Hawkgirl). Mais sinon ce sont des créations originales, comme le fils d'Icicle, le fils d'Harlequin (qui, elle, était une adversaire d'Alan Scott/Green Lantern), Ruby Voskov (fille de Red Lantern, le héros soviétique vu dans The New Golden Age), the Mist (fils de Jack Knight et Nash).

Ensemble et séparément, ils enquêtent sur la disparition de Khalid Nassour/Doctor Fate  qui avait donné rendez-vous à Huntress pour lui confier des infos (sur l'assassin de Batman). Pas de suspense : il sera retrouvé mort, momifié dans un sarcophage. Et la JSA subit alors l'attaque de Per Degaton qui, grâce à ses pouvoirs sur le temps, les abat sans pitié et rapidement. Huntress seule en réchappe grâce à l'intervention de sa mère en étant projeté dans le passé...

Geoff Johns est à son meilleur dans cet épisode. Non seulement parce qu'il ne cherche pas, comme trop souvent dans ses travaux pour DC ces dernières années, à imiter (mal) Alan Moore, mais parce qu'il produit un script à la fois dense et frustrant. C'est en effet un vrai pâge-turner et quand on arrive à la fin, on se dit "déjà ?!", ce qui est bon signe puisque ça signifie qu'on a envie d'en lire plus et vite. En commençant par une histoire dans le futur avec une JSA composée de vilains, il surprend, désarçonne, tout comme il le fait en tuant Doctor Fate (pourtant un des magiciens les plus puissants du DCU). Il s'attache aussi et enfin à suivre non pas une équipe mais un personnage, Hintress, qui, sur la couverture, a à ses pieds le casque de Jay Garrick, celui de Fate, la masse de Hawkman, la lanterne de Alan Scott : une image puissante, dramatique, qui suggère que la série va expliquer ce qui est arrivé à la JSA historique. Ou comment expliquer le futur en explorant le passé.

En étant renvoyé dans le passé, Huntress voit défiler sur une double page (dessinée par Scott Kolins, Brandon Peterson, Steve Lieber - Jerry Ordway signe aussi une page plus tôt sur des actualités du passé) des moments qui vont sans doute être expliqués dans les prochains épisodes et participer à la résolution du mystère. C'est un procédé cher à Johns que de teaser le programme à venir de manière cryptique mais excitante. En tout cas, que les fans de la JSA classique soient rassurés, tout indique qu'on reverra Jay Garrick, Alan Scott, Wildcat, Doctor Fate (Kent Nelson), Hawkman et Hawkgirl, Starman (Ted Knight). Et leurs héritiers - car c'est de tout temps le sujet essentiel de Justice Society of America.

On ne saura jamais à quoi aurait ressemblé la série dessinée par Bryan Hitch, mais on ne perd pas au change avec Mikel Janin. L'artiste espagnol a connu les sommets avec ses runs sur Grayson puis Batman (par Tom King les deux fois). Mais depuis il paraissait avoir du mal à s'imposer. Peut-être aussi que DC estimait qu'il était justement trop associé à Batman. L'ironie du sort, c'est qu'il revient sur une série avec la fille du dark knight en vedette...

Janin, en tout cas, a de quoi briller à nouveau et, même si, donc, il laisse quelques pages à des confrères sur ce premier épisode, il réalise une prestation excellente. Son trait din et élégant fait merveille, son découpage précis et dynamique sied parfaitement à un script nerveux. Il n'est pas du tout à la ramasse et s'est investi jusque dans les characters designs (celui d'Huntress en particulier, très classe). Il nous gratifie de pages intenses, raccord avec ce que raconte Johns (visiblement très heureux de l'avoir comme collaborateur, comme il l'a expliqué en interview).

Pour ne rien gâcher, c'est Jordie Bellaire qui s'occupe des couleurs et elle participe grandement à la réussite de ce premier épisode avec une palette nuancée le plus souvent, mais aussi vive à d'autres moments, qui est dans la ligne de qu'elle a fait sur The Nice House on the Lake (en moins radical cela dit). Johns, Janin, Bellaire : y a pas à dire, ça a de la gueule.

Parce que ces trois-là ont réussi à surprendre tout en donnant des gages pour la suite, ce retour de Justice Society of America promet beaucoup et comble même ceux qui attendaient désespérement le retour de ce titre emblématique.

2 commentaires:

  1. bientôt dans ma pile à lire

    ce n'est pas un bug

    je me suis trompé écrivant ce commentaire sous l' article des gardiens de la galaxie

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