2022 restera, quoi qu'on en dise, une année de merde. Et particulièrement pour les comics. En effet, cette semaine, deux grands artistes ont plié bagages. Deux de plus dans une liste qui comptait déjà George Pérez, Neal Adams, Jean-Claude Mézières, Garry Leach, Tim Sale, Jean-Jacques Sempé, Tom Palmer, et Jean Teulé.
Kevin O'Neill nous a quittés le 3 Novembre à l'âge de 69 ans. Je ne vais pas prétendre être un fin connaisseur de son oeuvre puisque j'ai principalement lu La Ligue des Gentlemen Extraordinaires qu'il a dessiné pour Alan Moore. Deux Intégrales sont disponibles en français chez Panini Comics et il vous faut au moins avoir lu la première.
O'Neill s'était fait remarquer dans la revue 2000 A.D. en Angleterre, notamment en illustrant les histoires écrites par Pat Mills, dont le cultissime Marshall Law. Il créa aussi son propre titre, Nemesis le sorcier. Comme beaucoup de ses compatriotes, il s'exila aux Etats-Unis mais sans beaucoup toucher aux super-héros, mis à part une histoire de Green Lantern, restée fameuse car le Comics Code Authority voulut la censurer (et tout le reste de son travail !) car elle leur apparut trop laide - mais DC Comicss tint bon et se passa du sceau de l'organisation pour la publier.
C'est donc grâce à son association avec Alan Moore que je découvris Kevin O'Neill. Beaucoup considèrent d'ailleurs La Ligue des Gentlemen Extraordinaires comme son oeuvre à la fois la plus accessible, la plus classique et la plus belle. Franchement, lisez cette série, au moins ses deux premiers tomes, qui contiennent des planches somptueuses au service de récits magistraux, qui revisitaient de manière unique de grands personnages de la littérature du XiXème siècle.
Pour saluer la mémoire de son ami, le patron s'est fendu sur Facebook d'un poème (ci-dessus) qui vaut tous les hommages.
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Carlos Pacheco est parti le 9 Novembre. Il avait 60 ans. Et là, j'avoue être plus touché encore. Il y a quelques mois, cet artiste né à Cadiz en Espagne révélait être atteint de la maladie de Charcot mais rien ne laissait craindre qu'elle l'emporte aussi vite, même s'il annonçait il y a peu se retirer après avoir signé une dernière couverture (pour la série Damage Control chez Marvel).
Pacheco avait migré aux Etats-Unis dans les années 1990 et s'était rapidement fait un nom en dessinant pour Marvel X-Men. Son style précis, détaillé et son trait merveilleusement souple en fit rapidement un artiste apprécié des fans et sa popularité lui permit de choisir ses projets. Au long d'une carrière dense, il brillera sur Fantastic Four (qu'il co-écrira avec Rafael Marin et Jeph Loeb). Mais la consécration arriva vraiment avec la mini-série en douze épisodes Avengers Forever, co-écrite par Kurt Busiek (et Roger Stern) avec qui Pacheco voulait absolument travailler.
Dès lors, les deux hommes seront associés sur bien des titres : Superman chez DC Comics notamment, et leur creator-owned Arrowsmith auquel ils venaient de donner une suite longtemps attendue. Arrivé à maturité, le dessin de Pacheco gagna en élégance, en fluidité, et son sens de la composition est un modèle du genre : n'importe quel plan chez lui est impeccablement agencé, avec des perspectives extraordinaires, et des personnages à l'anatomie parfaite (Pacheco avait étudié la biologie).
Si je devais citer un autre incontournable dans sa bibilographie, ce serait JLA/JSA : Virtue and Vice, co-écrit par Geoff Johns et David Goyer, un chef d'oeuvre absolu, au graphisme impressionnant. On ne peut parler de Pacheco sans mentionner Jesus Merino qui fut longtemps son encreur qui comprenait mieux que quiconque son trait rond et expressif. Quand Merino s'émancipa pour devenir à son tour dessinateur, Pacheco chercha longtemps un compagnon de sa trempe jusqu'à s'allier avec Rafael Fonteriz - mais des fans jugèrent sévèrement son travail, estimant que Merino finalement faisait plus qu'encrer Pacheco. Injuste.
Là aussi, Bill Sienkiewicz s'est fendu d'un superbe portrait hommage à son confrère. Une image montrant Pacheco plus sombre qu'il ne l'était car ses amis louaient sa bonne humeur. Autant de raisons de le regretter.
avengers forever est le seul comics que j' ai lu 5 ou 6 fois mais j' avais également adoré son JSA JLA VICE AND VERTU
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