samedi 22 octobre 2022

X-MEN #16, de Gerry Duggan et Joshua Cassara


Ce seizième épisode de X-Men version Gerry Duggan est très bon. Ne serait-ce que pour son cliffhanger, vraiment imprévisible, il vaut le coup. Le scénariste mène vraiment bien son affaire, hormis quand il caractérise un des mutants (mais j'y reviendrai). Joshua Cassara est inégal, à cause d'un storytelling trop  frustre.
 

Forge a infiltré la Voûte en compagnie de Caliban, le détecteur de mutants. Ensemble, ils s'enfoncent dans la cité tentaculaire des post-humains et veillent à ne pas éveiller les soupçons.


A l'extérieur de la Voûte, Havok se dispute avec Cyclope lorsque celui-ci lui révèle n'avoir voulu de lui dans l'équipe mais que Forge a insisté pour qu'il y soit.


La dispute dégénère et, privé de sa visière, Cyclope libère accidentellement Perro. Les X-Men doivent s'employer pour le maîtriser et le replonger dans un cocon en stase.


Cependant, toujours sous l'apparence de Perro, Firge et Caliban atteignent la salle où est gardé Darwin. Mais en ouvrant le caisson où il est enfermé, une énorme surprise les attend...

Depuis qu'il a repris la série X-Men, renumérotée à cette occasion, Gerry Duggan semble avoir suivi une consigne précise : refaire du titre un divertissement plus classique, plus tourné vers l'action, avec une formation de héros mutants aux relations électriques.

Après une première saison de rodage en quelque sorte, correcte, le scénariste paraît avoir gagné sa liberté et pouvoir oser plus de choses, avec des personnages qu'il a choisis. Mais Duggan a aussi, visiblement, à coeur de développer des intrigues lancées par Jonathan Hickman, conscient de leur potentiel dramatique. Celle qui ramenait sur le devant de la scène les Enfants de la Voûte en premier.

Wolverine (Laura Kinney), Synch et Darwin ont séjourné pendant une très longue période dans la Voûte où le temps s'écoule différemment que dans notre dimension. Darwin a été fait prisonnier et Wolverine s'est sacrifiée pour que Synch puisse en sortir. Ressucités, Synch a conservé les souvenirs de son temps dans la Voûte mais pas Wolverine, ce qui a pesé sur leur relation car ils avaient développé des sentiments amoureux l'un pour l'autre. Quant à Darwin, nul ne sait ce qui lui est arrivé depuis.

Forge, comme on l'a découvert, a mis au point une opération pour leurrer les Enfants de la Voûte, leur faisant croire qu'ils avaient tué tous les mutants, les héros de la Terre et même les dieux d'Asgard. Cela pour pouvoir pénétrer dans la Voûte à son tour, y retrouver Darwin et l'évacuer. Pendant que Forge, avec Caliban, infiltrait la Voûte, les X-Men veillaient à l'extérieur.

L'épisode de ce mois-ci poursuit donc cette intrigue et se découpe en deux parties distinctes. Forge se déplace dans la Voûte et remonte la piste de Darwin grâce à Caliban, dont le pouvoir consiste précisèment à repérer les mutants. Forge se camoufle sous l'apparence d'un nommé Perro, un colosse qui fait partie des Enfants de la Voûte, mais veille à ne pas attirer l'attention. On remarquera quand même qu'il ne passe pas complètement inaperçu, ce qui compromet sa sortie.

Duggan consacre une plus grande quantité de pages à ce qui passe dehors. Et il le fait efficacement à défaut de le faire adroitement. En effet, il prend un prétexte pour provoquer une bagarre entre les frères Summers qui aboutit à un accident que les X-Men jugulent avec beaucoup de difficulté. Mais le souci est ailleurs.

Depuis le début de "l'âge de Krakoa" (soit depuis la refondation des titres mutants par Hickman), certains personnages s'en sortent mieux que d'autres, suivant la caractérisation choisie par les scénaristes qui en ont la charge. Je ne cache pas que, jusqu'à Kieron Gillen, Diablo m'a paru, apr exemple, particulièrement mal employé et défini. L'autre mutant maltraité selon moi est Havok.

Alex Summers a souvent été malmené durant sa carrière, comme si personne ne parvenait à s'entendre sur sa personnalité et quoi en faire. Jusqu'à Rick Remender qui en fit le leader de Uncanny Avengers et redora singulièrement le blason du cadet de Cyclope, déjà en le détachant de Polaris, puis en en respectant sa puissance, et enfin en synthétisant tous les éléments qui jalonnèrent son parcours chaotique.

Mais Remender, curieusement, ne le conserva pas dans l'effectif du volume 2 de Uncanny Avengers. Et depuis "l'âge de Krakoa", le vent a à nouveau (aml) tourné pour Havok, que Zeb Wells dans Hellions a eu la (mauvaise) idée de rattacher à Madelyne Prior tout en en faisant un parfait abruti. C'est hélas ! aussi la direction qu'a conservé Duggan, comme on peut le voir dans cet épisode, où, certes, il réagit de manière assez légitime à l'arrogance de Cyclope (qui lui avoue ne pas avoir voté pour qu'il intègre l'équipe des X-Men, estimant qu'il n'en était pas digne, mais qu'il devait sa place à l'insistance de Forge - dont on sait qu'il a fait cela précisèment parce que lui-même ne voulait pas faire partie du groupe).

Bref, je n'aime pas cette caractérisation de Havok, pas plus que je n'aime le retour de son costume historique avec cette espèce de casque insensé (alors que John Cassaday l'avait redesigné de façon si classe). Et Joshua Cassara y va franco, dessinant Havok comme un culturiste (qu'il n'a jamais été), avec ce fameux casque ici représenté avec des proportions délirantes.

Cassara est pourtant convaincant sur le reste. Il a un trait assez frustre, qui ne flatte pas particulièrement les personnages, et c'est parfois grossier sur les X-women. Son découpage est sommaire avec des compositions elles aussi très basiques, et parfois maladroites.

Toutefois, quand il suit Forge et Caliban, étonnamment, il réussit des planches superbes, avec une colorisation soignée de Guru-FX. Cassara, on s'en rend alors compte, est plus à l'aise pour dessiner des environnements, qu'ils soient naturels ou technologiques, que des personnages, et c'est encore plus net quand il y a de l'action, où son trait bourrin s'accommode pas de notions comme la valeur des plans, les compositions, les transitions, etc.

Il y a tout de même une efficacité dans ce dessin, mais il faudrait que Cassara pense un peu plus ses images, afin que la lecture de ses planches soit plus fluide. Il a du potentiel, mais c'est certain qu'on est loin de la maestria (même bridée) d'un Pepe Larraz. Et c'est pourquoi je regrette que Javier Pina n'ait pas été conservé comme artiste régulier sur la série.  
 

Reste donc le cliffhanger final et là, par contre, Duggan comme Cassara sortent le grand jeu. Une planche suffit pour vraiment nous cueillir. Ce que découvrent Forge et Caliban remet en question un tas de choses et promet des développements futurs passionnants. Mais avant cela, il faudra d'abord voir ce que vont en faire les deux mutants et comment ils sortiront de la Voûte. Autant dire que le prochain épisode va être palpitant.

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