samedi 3 septembre 2022

THE MAGIC ORDER 3 #2, de Mark Millar et Gigi Cavenago


Eblouissant : c'est le qualificatif qui colle le mieux à ce deuxième épisode du Volume 3 de The Magic Order. Mark Millar revient sur le passé de Leonard Moonstone, de sa femme, de leur premier enfant, et confronte Sammy Liu à Cordelia. Ajoutez à cela des planches époustouflantes de Gigi Cavenago et vous verrez que je ne mens pas en étant si élogieux.


1982. Leonard Moonstone est invité à une orgie organisée par l'Ordre Magique. Il est abordé par Salomé, une puissante médium qui le choisit comme amant et père de ses enfants.


1984. L'Ordre Magique défait l'armée de Kolthur dont le bras-droit exige un sacrifice des magiciens en échange de la détention de leur roi sorcier. Salomé voit une de ses prédictions s'accomplir.


Aujourd'hui. Après être intervenu à Singapour contre des démons, Cordelia rappelle Sammy Liu à ses devoirs et l'interroge sur sa fortune, peut-être acquise grâce à ses dons magiques.


Toujours aujourd'hui. Salome se prépare pour tuer l'assassin de son père. Leonard l'interroge sur le prix qu'ils ont payé pour Kolthur en s'assurant que ce dernier ne comprendrait jamais ce qui lui est arrivé...

Vous voyez, c'est pour ce genre d'épisodes que j'aime toujours Mark Millar. OK, c'est une grande gueule, qui se vante d'attirer dans ses filets les meilleurs artistes avec l'argent de Netflix. Vous n'aimez peut-être pas Millar. Mais il reste quand même un scénariste capable de sortir des putains d'épisodes, en plus d'être un vrai amoureux des comics et un auteur à l'imagination toujours aussi fertile.

Parce qu'il faut quand même avoir un culot certain pour au deuxième épisode d'un nouveau Volume d'une série casser la narration et consacrer les trois quarts d'un numéro au passé d'un personnage qu'on n'avait plus vu depuis la fin du tome 1 de The Magic Order. Et arriver à surprendre avec ça.

J'avais déploré l'absence de Leonard Moonstone dans le Volume 2, alors que l'Ordre Magique était confronté à une menace terrible. Et je crois que Millar a compris qu'il avait oublié le patriarche Moonstone pour aller vers une résolution du conflit plus convenue, reproduisant le schéma du dénouement du Volume 1.

Alors, bien entendu, ça signifie que ce mois-ci, on voit moins Cordelia et les autres membres de l'Ordre, mais quand même, on est bien servi avec une séquence à Singapour de haute volée. Ayant remarqué la réapparition de créatures nécrophages censées être surveillées et repoussées le cas échéanrt par Sammy Liu, Cordelia mène un raid et confronte le magicien milliardaire introduit le mois dernier.

Millar, parce qu'il sait camper rapidement des personnages mémorables, n'a pas besoin de beaucoup de pages pour nous faire comprendre que Sammy Liu est mal vu par ses pairs et qu'en fait l'opération conduite à Singapour est l'occasion de soulever un lièvre. En l'occurrence : a-t-il bâti sa fortune en utilisant sa magie ? Il jure que non. Cordelia et Sacha savent qu'il ment. Et donc facile de deviner que ça va chier des bulles bientôt.

Mais, donc, l'essentiel de l'épisode est consacré au couple Leonard-Salomé. Fidèle à cette outrance qu'il apprécie, Millar situe leur rencontre en 1982 dans une orgie de l'Ordre. Salomé est décrite comme une femme très entreprenante et qui a un donc de voyance phénoménale. Elle a vu que Leonard serait son mari et le père de ses enfants. Mais aussi, surtout, que leur vie de famille serait émaillé de drames, de malédictions.

Effectivement, deux ans après, on assiste sur une double page (et ça suffit pour qu'on saisisse la tragédie en marche) à la réalisation d'une prédiction sinistre de Salomé. Les Moonstone sont une fratrie de quatre et non pas trois enfants, le premier enfant de Leonard et Slaomé s'appelait Perditus et a été échangé avec un roi sorcier, Kolthur, qui avait déclaré la guerre à la Terre et a perdu.

Que sont devenus Perditus et Kolthur ? On n'a droit qu'à une réponse et elle aboutit à un twist à la fin de l'épisode qui est proprement renversant pour ceux qui lisent la série depuis le début. Là aussi, ça promet un rebondissement à venir spectaculaire (peut-être pas forcément pour ce Volume d'ailleurs). Mais Millar a le don pour nous surprendre avec une révélation impossible à voir venir.

Cette intense jubilation à la lecture est appuyée par des dessins somptueux, et je pése mes mots, de Gigi Cavenago. Déjà avoir eu le plaisir de contempler les illustrations de Stuart Immonen après celles de Olivier Coipel était un cadeau. Mais l'italien impressionne et égale, voire surpasse parfois, ses prédécesseurs.

Qu'il représente une orgie sans sombrer dans la vulgarité, ou montre l'issue d'une guerre sur une double page prouve le talent hors norme de Cavenago. Mais que dire alors quand il met en scène le raide à Singapour, avec les couleurs flamboyantes de Valentina Napolitano ? Là, c'est la grande classe, et la manière dont sont représentées les manifestations magiques subjugue.

Cavenago enchaîne avec une discussions à bâtons rompus entre Cordelia et Sammy qui s'achève sur un gros plan expressif et électrique. Il y a une telle variété d'images, une telle palette, qu'on ne peut qu'être comblé. C'est un comic-book qui vous rappelle pourquoi on aime les comics.

En vérité, oubliez un moment vos préjugés ou vos reproches à l'encontre de Millar et savourez : il en a encore sous le capot et avec Cavenago, résister est inutile.

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