jeudi 9 juin 2022

JANE FOSTER & THE MIGHTY THOR #1, de Torunn Gronbekk et Michael Dowling


Cette semaine débute la parution de la mini-série en cinq épisodes Jane Foster & the Mighty Thor. Ecrite par Torunn Gronbekk et dessinée par Michael Dowling, ce projet ne sort pas de nulle part : à l'horizon, il y a le film Thor : Love and Thunder dans lequel Jane Foster fait son retour et brandit le marteau Mjolnir. Toutefois, il ne s'agit pas non plus d'une adaptation du futur long-métrage et si ce n°1 n'est pas parfait, il est prometteur et ambitieux.


Après avoir assisté les Avengers sur une mission, Jane Foster/Valkyrie rentre chez elle. C'est alors que le marteau Mjolnir de Thor brise sa fenêtre et se pose dans sa cuisine, couvert de sang.


Asgard. Sif prévient Beta Ray Bill d'une attaque imminente des elfes noirs conduits par Kurse mais aussi sur un autre front par Ulik le troll.


Jane se saisit de Mjolnir et découvre que le marteau renferme désormais l'esprit de Odin qui la prévient que Thor est en danger et qu'elle doit endosser à nouveau son rôle de déesse du tonnerre.


Ailleurs, l'organisatrice de l'attaque contre Asgard rejoint Amora l'Enchanteresse avec qui elle s'est alliée qui s'est chargée d'envoyer Thor à une mort certaine...

J'avais récemment beaucoup apprécié ce que Torunn Gronbekk avait écrit avec l'Annual 2022 de Captain Marvel avec les Starjammers en guest-stars. J'étais donc curieux de voir ce qu'elle allait proposé avec Jane Foster & the Mighty Thor, sachant que ce n'était pas la première fois qu'elle exploitait les personnages (elle avait co-écrit la série The Mighty Valkyries avec Jason Aaron).

Ce nouveau projet ne doit rien au hasard : c'est une initiative de Marvel Comics pour profiter de la sortie imminente (début Juillet) de Thor : Love and Thunder de Taika Waititi, dans lequel on assistera au retour de Jane Foster et où elle brandira Mjolnir en qualité de Mighty Thor, déesse du tonnerre.. Le cinéaste a promis que son scénario respectait le run de Jason Aaron tout en mixant plusieurs de ses intrigues (Gorr le boucher des dieux sera aussi présent alors qu'il est apparu bien avant Jane Foster en Thor dans les épisodes du scénariste).

A quoi s'attendre dans ces conditions ? Un comic-book opportuniste ? Ou un récit original ? Un peu des deux visiblement... Mais examinons de plus près le contenu de ce premier épisode. Une attaque massive est organisée contre Asgard par un mystérieux conspirateur qui recrute des ennemis puissants (Kurse, Ulik le troll, les elfes noirs). Thor est introuvable, invisible à Sif, 'devenue la remplaçante de Heimdall comme gardienne du Bifrost et premier rempart du royaume des dieux nordiques.

Pendant ce temps, Jane Foster/Valkyrie assiste les Avengers et l'agent du Wakanda Roz Solomon sur une arrestation étrange. Elle en profite pour escorter une femme au paradis, comme son rôle l'exige. Puis elle rentre chez elle où elle est surprise par l'apparition de Mjolnir ensanglantée...

Torunn Gronbekk rédige un épisode assez déséquilibré dans la mesure où il commence par une (trop) longue séquence avec les Avengers et l'agent Solomon, qui semble surtout destinée à montrer les pouvoirs, plutôt sinistres, de la Valkyrie (capable de lire le destin de tout un chacun et donc d'anticiper l'heure de leur mort). On se demande, à part cela, pourquoi elle y consacre autant de pages - peut-être que cette action a priori sans rapport avec la suite s'avérera pertinente plus tard, mais je suis perplexe.

Tout démarre vraiment avec l'apparition de Mjolnir couvert de sang. Pour que le marteau enchanté ne soit pas rappelé par Thor et vienne jusqu'à Jane Foster, qui l'a brandi un temps, il faut que la situation soit gravissime. Mais là encore, Gronbekk déjoue nos attente (nos espoirs ?) car la Puissante Thor ne fait qu'un passage éclair quand Jane se saisit de l'objet... Avant de reprendre son apparence de Valkyrie. L'esprit d'Odin (qui vient de mourir dans les pages de la série Thor de Donny Cates) enfermé dans le marteau râle car Jane résiste à reprendre son ancien rôle dans un moment critique (c'est raccord avec la relation tumultueuse qui a toujours existé, de tout temps, entre la mortelle et l'ex-Père de Tout).

Pendant ce temps, Asgard est effectivement sous le feu des agents embauchés par la mystérieuse conspiratrice vue dans les premières pages. Et on découvre à la toute fin que Amora l'Enchanteresse est aussi de la partie.

Tout ça forme un ensemble un peu bizarre, comme si les éléments se mettaient place de manière anarchique (ce qui contredit ce qu'on lit puisque l'assaut contre Asgard et le sort de Thor ont été planifiés). Mais tout sera oublié et pardonné si Gronbekk rééquilibre son topo au prochain épisode - la mini-série en comptera cinq. Ce qui est certain en revanche, c'est que la scénariste marche dans les pas de Jason Aaron (avec Jane Foster, les elfes noirs, Kurse, l'Enchanteresse, Ulik, tous présents dans son run jusqu'à War of the Realms) et qu'elle a de l'ambition si on en juge par ce départ spectaculaire.

L'autre raison pour laquelle cette mini m'intéressait, c'était pour la présence au dessin de Michael Dowling. Voilà un artiste que je juge intéressant à suivre. Je l'avais remarqué sur la mini SFSX (Safe Sex) écrite par Tina Horn pour Image Comics, puis sur de récents épisodes d'Amazing Spider-Man (période Beyond).

Ici colorisé par l'excellent Jesus Arbutov, il se révèle encore une fois très bon. Son trait est élégant et posséde des textures superbes, presque minérales. Son usage de l'infographie est intelligent, notamment pour les décors (exigeants ici, surtout pour les scène sur Asgard avec des plans d'ensemble généreux). Mais ce sont surtout ses personnages qui séduisent le regard.

Il s'approprie Jane Foster après Russell Dauterman et Mattia de Iulis, sans s'inscrire dans les traces de l'un ou de l'autre. L'héroïne a une sorte de majesté naturelle fascinante, et les gros plans sur son visage sont remarquables. Le degré de détail apporté à des éléments comme Mjolnir est aussi assez bluffants et la dernière page révèle là encore une puissance évocatrice épatante (même si on peut chipoter en notant que le personnage qui s'y trouve manque un peu du muscle qui le caractérise).

L'un dans l'autre, tout n'est donc parfait, mais on peut espérer que les maladresses seront vite gommées et que l'histoire prendra un bel envol. Elle en a le potentiel en tout cas, et avec les dessins de Dowling, ce sera agrèable à lire.

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