mercredi 8 juin 2022

DARK KNIGHTS OF STEEL #7, de Tom Taylor et Nathan Gooden


Une nouvelle fois, Dark Knights of Steel fait un pas de côté pour un épisode centré sur un personnage, et moins sur l'intrigue globale. Tom Taylor réserve les gros morceaux à son artiste Yasmine Putri et pour qu'elle puisse souffler, il préfère proposer un chapitre décalé avec un autre dessinateur, cette fois Nathan Gooden. Le résultat est plaisant, même si graphiquement très inégal.


Le prince Wayne, laissé pour mort par Kal-El après qu'il lui ai révélè être son demi-frère, a été recueilli par les Kent, un couple de paisibles fermiers, anciens sujets des El.


Souffrant d'un empoisonnement par la kryptonite, Wayne est sauvé par Raven, une jeune sorcière abritée par les Kent avec d'autres Titans persécutés. Il la remercie ett cherche au moyen de se racheter.


Mais dehors Ra's Al Ghul et sa fille Talia viennent réclamer la reddition des Titans, dénoncés par Constantine en échange de la résurrection de Jacob Pierce.


Le prince Wayne et les Titans mettent déroute Ra's Al Ghul. Richard, l'écuyer du prince, vient l'avertir que les amazones s'apprêtent à attaquer la maison El avec les filles du défunt roi Pierce...

Comme je l'ai déjà dit, Dark Knights of Steel est une production du Black Label de DC, où des auteurs vedettes de léditeur peuvent raconter les histoires qu'ils veulent, sans se soucier de la continuité et des parutions en cours. Même si ce n'est pas la même chose, c'est ce qui se rapproche le plus de ce que fut le label Vertigo.

DC exploite ce label pour attirer des lecteurs qui n'ont pas/plus le goût pour les séries régulières super-héroïques et cherchent des récits complets sous forme de mini-séries prestigieuses. C'est un peu une marque de prestige où l'éditeur met en avant ses scénaristes et quelquefois des dessinateurs. L'autre modèle évident de cette antenne serait Image Comics, avec ses creator-owned, sauf qu'ici on joue avec les icones maison. Et on laissee le temps aux auteurs de bien faire le boulot (mais j'y reviendrai...).

Dans les projets que je suis, Dark Knights of Steel occupe une place à part puisqu'il renvoie aux "Elseworlds" de naguère, où les héros DC étaient revisités dans des contextes et des genres précis. Tom Taylor, qui s'est fait une sorte de spécialité de de type d'entreprise, imagine ici une version médiévale des super-héros les plus emblématiques, avec une bonne dose de fantasy.

Depuis sept mois, on découvre donc à quoi pourrait ressembler le DCU avec des châteaux forts, des chevaliers, de la magie, et quelque extraterrestres - puisque Superman a survécu avec ses parents qui sont devenus les maîtres d'un royaume et les ennemis désignés d'autres fiefs, parmi lesquels ceux des amazones et de Black Lightning. D'autres figures familières campent des seconds rôles astucieux comme John Constantine, Ra's Al Ghul, Poison Ivy, Harley Quinn, Amanda Waller...

Pour l'accompagner dans cette histoire, Tom Taylor bénéficie du talent de Yasmine Putri, jusqu'alors plus connue pour ses sublimes couvertures que pour ses planches intérieures et qui sera quoi qu'il advienne la grande révélation de la mini-série. Mais Putri, comme beaucoup d'artistes actuels, n'arrive pas à produire vingt pages mensuelles à un rythme régulier et l'éditeur doit recourir à des fill-in artists pour la soulager. Bengal a ainsi dessiné le quatrième numéro, dans son style un peu inconsistant mais agréable tout de même.

Cette fois, c'est au tour de Nathan Gooden de servir de joker. Et c'est lui qui concentre toute l'attention puisque le contenu de l'épisode est, par ailleurs, consacré au prince Wayne. Pour rappel, celui-ci a découvert dès le début de la série qu'il était le bâtard de Jor-El, qui n'avait pas informé son fils biologique avant d'être tué. Lorsque Wayne a voulu le révèler à Kal, celui-ci a gravement blessé le prince et l'a laissé pour mort, sans que personne ne l'ait surpris.

Trouvé agonisant par les Kent, un paisible couple de fermiers, Wayne n'avait plus été vu depuis le #5. On assiste donc à sa remise sur pied par une jeune sorcière, Raven, qui est abritée par les Kent avec ses amis, les Titans. Wayne comprend qu'il s'agit d'adolescents persécutés comme les créatures qui croupissent dans les geôles des El, qu'il a lui-même participé à traquer. Ce qu'il ignore en revanche, c'est que pendant ce temps, dans le royaume du défunt roi Pierce, Constantine a ressucité le fils du monarque, Jacob, avec l'aide de Ra's Al Ghul qui, en échange, a obtenu l'adresse des Titans (pour les tuer ou les capturer, ce n'est pas clair).

Ce pas de côté dans l'intrigue générale de la série pour nous renseigner sur le sort du prince Wayne est bienvenu, mais convenu : en effet on se doutait bien que Tom Taylor n'allait pas délaisser indéfiniment ce personnage et le scénariste avait par ailleurs reconnu garder en réserve les Titans pour sa saga. C'est désormais chose faite et il fait même allusion à la fin de l'épisode à un autre héros connu qui va assurément jouer un rôle majeur dans la dernière partie de l'histoire (mais je tairai son nom pour cette fois).

Revenons au dessin. Je ne connaissais pas le nom de Nathan Gooden avant cela, et j'ai appris qu'il était lui aussi cover-artist (notamment pour l'éditeur indépendant Vault, chez qui est publié The Blue Flame au sujet de laquelle je rédige des critiques depuis le début de cette semaine). Sa prestation est pour le moins inégale. Très inégale.

Son style ressemble beaucoup à celui de Yasmine Putri, ce qui est plutôt une bonne pioche, et l'ensemble de l'épisode est plutôt bien fichu. Le travail (excellent) du coloriste Arif Prianto compte aussi énormément pour conserver la cohérence visuelle de la série. Gooden nous gratifie même d'une planche magnifique, quand Beast Boy se transforme en dragon (ce qui a inspiré la couverture, jubilatoire, de Dan Mora).

Mais par ailleurs, on remarque que sur d'autres planches Gooden semble se précipiter, son trait est moins ferme, les finitions sont bâclées, et le rendu est vraiment laid. De plus, dès qu'il s'agit de composer des images avec un groupe de personnages en mouvement et de donner du souffle, c'est carrément maladroit comme en témoigne la scène d'affrontement entre Ra's Al Ghul (et son avatar) et les Titans. Il ne faut pas se louper dans ces moments-là et malheureusement on voit que Gooden découpe mal la scène dans son entiéreté, c'est raté, c'est dommage.

Ce qui l'est encore plus, c'est que, comme pour The Nice House on the Lake, la série va connaître une interruption et on ignore à quand elle reviendra (pas avant Septembre semble-t-il, puisque le titre ne figure pas dans les sollicitations de DC en Juillet et qu'en Août sera publié le premier recueil compilant les six premiers épisodes). Comme je l'ai déjà dit, ça ne me fait pas grand-chose d'attendre (il y aura toujours autre chose à lire en attendant), par contre j'apprécierai que DC communique sur le retour de ces séries en stand-by (comme il l'a fait pour The Human Target, dont le 7ème épisode est, lui, bien prévu pour Septembre). Patience donc...

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